C’est en toute responsabilité et avec un sens élevé de la démocratie que le Gouverneur du District de Bamako et la hiérarchie militaire ont édicté des mesures préventives pour le bon déroulement des manifestations politiques de ce vendredi. Une attitude à saluer et à servir d’exemple pour le futur.
Les citoyens, sauf provocation inattendue, vont pouvoir se mobiliser librement ce vendredi à partir de 14 heures afin de demander la démission du Président Ibrahim Boubacar Keïta coupable aux yeux du plus grand nombre, d’incapacité à gérer sainement l’État. L’appel qui a été lancé le 30 mai par trois forces vives de la nation (la C.M.A.S., ESPOIR MALI KOURA et le groupement politique FSD) a été efficacement relayé aux quatre coins du pays. Il a en plus enregistré plusieurs adhésions des partis politiques comme des organisations de la société civile. À ce bon point s’est ajouté l’accord des pouvoirs publics qui, par leurs réactions, ont reconnu le caractère pacifique de la manifestation qui mérite d’être encadrée pour éviter tous débordements fâcheux.
Le Gouverneur du District de Bamako, autorités de tutelle de la capitale où se déroulera la manifestation, a, dans un flegme salutaire, souhaité un rassemblement pacifique. Il instruira au Directeur régional de la Police de Bamako de bien sécuriser le rassemblement, les personnes et leurs biens. Quant aux organisateurs de la manifestation, ils sont priés de prendre contact avec la Police nationale pour une bonne coordination. Une précaution pour que les forces de l’ordre ne fassent autre chose que leur mission de protection des citoyens. C’est une évolution positive qui, au regard du passé récent, mérite d’être perpétuée. En effet, le pouvoir en place avait pris la malheureuse habitude d’envoyer les forces de l’ordre mater les citoyens avec une rare férocité. Ce fut le cas contre la marche des enseignants; ce fut plus tristement le cas quand les plus hautes autorités ont dépêché à Sikasso les Forces Spéciales Anti-Terroristes (Forsat) pour violenter les manifestants lors des protestations post-électorales après les législatives contestées.
Dans une réaction toute républicaine, l’Armée nationale a, quant à elle, pris des mesures avant-gardistes pour éviter toute implication des militaires dans l’affaire. Dans un communiqué en date du 2 juin 2020, le chef d’état-major général des Armés, Général Abdoulaye Coulibaly, a instruit à la hiérarchie militaire à tous les échelons des dispositions efficientes concernant la manifestation du 5 juin. « Une manifestation est prévue à Bamako le vendredi 5 juin 2020 à 14h00, écrit-il. À cet effet, il convient de sensibiliser les hommes placés sous vos ordres afin qu’ils se tiennent en marge d’un tel évènement et qu’ils adoptent les mesures suivantes… » Parmi ces mesures, il faut citer l’impératif pour les soldats de rester dans les casernes et de n’en sortir que par nécessité, et cela avec permission et en tenue civile. Toutefois, des équipes d’intervention doivent se tenir prêtes pour parer à tout développement fâcheux de l’évènement. Précaution hautement militaire, dit-on, puisque la vigilance pour la défense de la patrie ne doit être relâchée en aucun cas.
Comme on voit, la manifestation du vendredi prochain n’est pas jugée hostile à la République par l’autorité administrative et la hiérarchie militaire. Seule la sacrée Cour constitutionnelle de Manassa Dagnoko a ameuté plus que de raison l’opinion publique nationale et internationale. Avec elle, il faut indexer quelques activistes en mal de notoriété qui s’agitent frénétiquement sur les réseaux sociaux en criant à des mercenaires infiltrés là où il n’y a que des démocrates en mouvement. Ils sont bien identifiés d’ailleurs et les forces de l’ordre doivent parer à leurs provocations pour éviter des incidents dont nul n’a besoin.
Moussa Ly
LE COMBAT