Dans le cadre de la commémoration de la journée internationale des droits de la femme, le 8 mars, placée sous le thème «leadership féminin : pour un futur égalitaire dans le monde de la Covid-19 », la Coordination des Associations et Organisations Féminines (CAFO) est une actrice principale de l’évènement. Pour cela, nous avons approché la présidente de la CAFO, Mme Dembélé OulmatouSow pour nous parler du sens donné à cette date historique et les perspectives qui s’offrent aux femmes du Mali en cette période de crise multidimensionnelle. Lisez plutôt.
Le Sursaut : La justice malienne vient de vous confirmer comme présidente de la CAFO, quelles sont vos impressions après ce verdict ?
Mme Dembélé OulématouSow : La justice est bonne. Elle a dit le droit et à démontrer que le Mali est un pays de justice ! Bravo à tous ces magistrats loyaux qui ont mis le droit au-dessus de tout. Cependant ce n’était pas notre vœu d’aller devant les juridictions mais tout est bien qui finit bien et c’est toutes les femmes du Mali qui ont gagné par la voie légale et on est fier. Les femmes ont été résilientes tout au long de cette crise et sont restées derrière la loi. Ainsi de 2017 au 28 février 2021, nous avons galéré et travaillé dans des pires conditions de travail sous le soleil, le vent, la poussière. Mais rien n’est de trop pour le Mali. A la suite de ce harassant parcours du combattant, j’exhorte les femmes à plus d’abnégation ,de courage et de solidarité pour ne plus permettre à aucun corps étranger de nous détruire afin de faire reluire le label Mali pour le bonheur du peuple malien.
En tant que présidente de la plus grande des faitières des femmes du Mali, quel sens donnez-vous à la célébration du 8 mars ?
Mme Dembélé OulématouSow:Le 8 mars c’est une histoire qui fait le bonheur de toutes les femmes du monde et particulièrement celles du Mali. Le 8 marsrevêt une double signification, celle de faire le bilan sur la situation de la femme en mettant en exergue le travail, aussi combien difficile que les femmes endurent et celle de sensibiliser l’opinion nationale et internationale sur la condition de la femme, en vue de son amélioration. C’est aussi l’occasion de dresser le bilan sur les progrès réalisés en termes d’égalité dans tous les domaines. Le 8 mars est aussi mis à profit pour engager des plaidoyers auprès des décideurs afin d’améliorer la condition de vie des femmes. Il magnifie et encourage les femmes qui ont posé des actes mémorables, ayant marqué leur environnement, à travers leur potentiel en termes de bravoure, de courage, d’engagement et de résilience pour obtenir des changements positifs.
Bravo aux Nations unies pour avoir institutionnalisé le 8 mars depuis 1997 et instruire aux Etats parties de magnifier les droits des femmes à travers sa célébration partout dans le monde entier afin d’éterniser la lutte des femmes. Les femmes engagées depuis 1857 avec la révolte des ouvrières des usines de textile de Chicago aux Etats-Unis, le 8 mars a gagné aujourd’hui l’esprit des femmes au Mali, qui y croient désormais et y fondent beaucoup d’espoir pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Nous demandons donc le soutien politique des autorités et l’accompagnement des hommes, nos partenaires pour des résultats d’impact.
Cette célébration se passe dans un contexte particulier cette année au Mali, avec la crise sanitaire (covid-19) et les crises politiques et sécuritaires, que peut être le rôle de la femme dans la gestion de toutes ces crises ?
Mme Dembélé OulematouSow : Le rôle des femmes dans la gestion de ces crises est multiple et multiforme. C’est pourquoi, le thème est placé sous le leadership des femmes pour plus d’égalité dans la lutte contre la covid-19, à cause de l’immense rôle joué par les femmes tout au long de cette pandémie. Elles sont les piliers des ménages. À ce titre, elles ont joué un rôle prépondérant dans la gestion des prises en charge, des périodes de confinement et le respect des gestes barrières. Elles ont par ailleurs effectué des sensibilisations, informations- formations ainsi que des plaidoyers pour l’application des mesures barrières de protection contre la pandémie.
Pour la gestion de la sécurité, nul n’ignore la résilience dont les femmes ont fait montre. Elles ont fait de la mobilisation, la sensibilisation, la formation, l’information ainsi que le plaidoyer pour la paix, participer explicitement à la gestion de la paix et de la réconciliation.Elles sont présentes dans les organes de paix, même si ce n’est pas en nombre suffisant. Elles ont fait des contributions et formulé des stratégies de taille qui ont pesé dans la balance. Elles ont pris part à toutes les rencontres sur la gestion de la crise et ont été entendues à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.
Concernant la crise politique, les femmes ont été l’épicentre, que cela soit entre elles où en commissions. Enfin, la femme malienne a mille bras. Elle a été à l’avant-garde de tous les combats.
Durant cette transition politique, de nombreuses voix ont décrié le non-respect de la loi sur le quota femme dans la représentativité au niveau des instances de décision ? Quelles actions, comptez-vous entreprendre par rapport à cette situation ?
Mme Dembélé OulématouSow : Quelles autres actions ? Vous savez la revendication est un processus.
Nous avons fait des sensibilisations, puis des plaidoyers, des marches, des conferences-debats. Apres cela, d’autres actions peuvent être organisées comme le sit-in, la pression, les blocages d’évènements publics par les femmes. Mais les femmes maliennes sont impactées par leur éducation et tardent à poser d’autres jalons plus porteurs. Nous espérons de tout notre cœur que nos autorités ne vont pas nous laisser à arriver à ce niveau. Elles nous ferons ce cadeau bientôt, parce que je reconnais en toute honnêteté que les hommes maliens donnent leçon sur certains plans et n’aiment pas voir les femmes, leurs sœurs et épouses souffrir pour longtemps, car la représentativité des femmes est aussi une question de développement pour booster le progrès de nos Etats.
Grâce à la justice malienne, vous êtes désormais la seule et unique présidente de la CAFO, comment allez-vous faire maintenant pour redonner à cette structure ses lettres de noblesse ? Allez-vous entreprendre des actions dans le cadre de l’unité et la cohésion entre toutes les femmes du Mali ?
Mme Dembélé OulematouSow : Je suis une spécialiste du développement et en plus une réconciliatrice de profession. Je fais le counseling et la médiation.
Comment ne pas pouvoir rassembler toutes les femmes du Mali parce qu’elles sont immensément sympathiques et ont souci de la situation dans laquelle vit le Mali. Quant à moi, le lourd sacrifice me revient et j’en fais un point d’honneur pour juguler ce défi majeur en misant sur mon cœur qui compatit, qui aime mon pays et mon travail. Je saisis l’occasion pour donner ma parole d’honneur de restaurer la CAFO, ce joyau démocratique, qui fait notre fierté nationale et ce, dans le respect strict des principes et normes démocratiques pour assurer une relève de fierté qui honorera tout le Mali. J’implore les mains invisibles à avoir pitié du Mali et arrêter avec l’instrumentalisation des femmes. Car le Mali a assez souffert de la division et les femmes doivent être épargnées parce qu’elles sont le socle, le piédestal du Mali. Que Dieu sauve notre beau pays où il fait bon vivre !
Propos recueillis par Fatoumata Coulibaly
Source: Le Sursaut