Il nous est revenu qu’une importante délégation, constituée de membres de la CMA, de la Plateforme et des autres mouvements des régions du nord, sont partis en République populaire de Chine pour s’imprégner de la façon dont certaines régions de ce vaste territoire ont pu se développer. Cette délégation est conduite par le Ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation. Ce dernier après avoir dépecé les zones du nord entre les différentes ethnies, afin de donner à chacune d’elles un député, et un sénateur à l’Assemblée Nationale et au futur sénat rejeté jusque-là, mais refusé par le peuple, veut aller à l’étape suivante du partage du Mali prétextant la mise en œuvre de l’accord d’Alger.
L’objectif de ce dépeçage territorial est de permettre à une minorité démographique de dominer une majorité démographique. Jusque-là, le gouvernement n’a pas reconnu officiellement le projet de nouveau redécoupage mis sur internet. Et pourtant c’est ce document qui a été utilisé partout dans les concertations régionales comme base de travail sans être rejeté formellement par le gouvernement. Pourquoi, n’a-t-il pas félicité, celui ou le groupe d’experts qui a fait ce travail préliminaire ? Chose curieuse, c’est que jusque-là, l’auteur de ce projet n’a jamais été connu. Le Ministre Mohamed Ag Erlaf doit-il voyager avec les groupes armés pour une mission de prospection ? En de pareilles situations, ce sont les techniciens qui doivent faire le voyage avec les différents ministres concernés s’il s’agit spécifiquement des questions de développement des régions du nord. Ces ministres peuvent être ceux en charge du plan, de l’énergie, de la défense, des industries etc…, mais pas le ministre de l’administration territoriale. En Chine, il n’y a pas de régions autonomes, à l’image de ce que Kidal souhaite. Pourquoi alors, le Ministre Mohamed Ag Erlaf conduit une telle délégation en drainant les rebelles avec lui, et gaspiller ainsi les maigres ressources de l’Etat ? Par cette façon de faire, alors on peut penser que la CMA constitue un gouvernement bis au Mali. La dernière sortie de la CMA aux USA s’était au mois de septembre 2018, accompagnant IBK à l’Assemblée Générale des Nations-Unies pour rencontrer le secrétaire général des Nations-Unies. Mais avant cela, la CMA s’est rendue à New-York sur invitation d’une ONG, défendant les droits des minorités pour s’assurer que l’autonomie de Kidal ne sera pas une chimère. C’est cette même ONG qui a initié le partage du Soudan, il y a environ huit ans. Quelle est donc la responsabilité du gouvernement s’il ne peut prendre de décisions ou conduire des missions sans associer la CMA ? La CMA est-elle un gouvernement bis dans notre République ? Pourquoi le nord seulement, et pas le sud qui n’est guère développé également ? Faire des régions du nord, des victimes de la gouvernance est une fausse conception. Il y a plus d’argent au nord qu’au sud à cause du trafic de drogues et d’armes. Toutes les belles maisons à Gao et dans le périmètre de l’aéroport de Bamako appartiennent aux rebelles. De 1968 à nos jours, le nord a reçu plus de financement que n’importe quelle autre région. Ces fonds destinés au développement du nord ont pris d’autres destinations, sans que les gouvernements successifs ne daignent empêcher de telles pratiques. Signalons que la CMA a tout le temps empêché la mise en œuvre de l’accord d’Alger. Tout dernièrement, lors de la mise en œuvre de la première étape du processus DDR dans le cadre de l’intégration accélérée la CMA a refusé que des combattants pénètrent à Kidal. Sur 2 300 à 2 400 combattants déclarés, seuls 1 334 ex-combattants ont pu être incorporés, le reste est porté disparu. Pour combien de temps ce jeu de cache-cache va-t-il duré ? Avec sa ruse et son soutien aux rebelles de la CMA, Mohamed Ag Erlaf finira d’enterrer le régime d’IBK.
Seydou Diarra
Source:Le Carréfour