Chefs coutumiers, traditionnels et leaders communautaires du nord, se sont engagés à aller à la rencontre de leurs « frères égarés » de la CMA
Une semaine après sa signature et en perspective de son application, l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, a fait l’objet d’échanges entre les populations du Nord (élus locaux, nationaux, chefferies traditionnelles, leaders communautaires …). C’était au cours d’une assemblée générale initiée par les Mouvements républicains de la plateforme d’Alger du 14 juin 2014. La rencontre était présidée par le porte-parole de la plateforme, Me Harouna Mamadou Toureh, et s’est déroulée en présence des secrétaires généraux du Mouvement arabe de l’Azaouad (MAA), Ahmed Ould Sidi Mohamed, et du Groupe d’autodéfense touareg imgad et alliés (GATIA), Fahad Ag Almahamoud.
A cours des débats qui ont vu les représentants de toutes les communautés et associations du Nord se succéder au pupitre, les intervenants ont planché sur les questions politiques et institutionnelles ; défense et sécurité ; développement économique social et culturel ; réconciliation, justice et humanitaires. Ils ont rendu hommage aux notabilités, chefs coutumiers, élus, associations, leaders communautaires… qui ont bravé l’insécurité pour assister à la cérémonie de signature de l’accord.
Les populations des régions du Nord du Mali ont réaffirmé leur entière adhésion au pacte signé le 15 mai. Ils s’appuient sur le fait que la décentralisation est un gage de développement harmonieux et inclusif, pourvu que les populations s’en approprient et œuvrent pour le progrès social, économique et culturel. « Personne ne construira nos villages, communes, régions notre place », ont insisté les intervenants.
Au plan de la défense et de la sécurité, la Plateforme a réitéré son soutien aux groupes d’autodéfense, en attendant le redéploiement et le décantonnement des Forces de défense et de sécurité du Mali (FAMAs). « L’assemblée lance un appel aux hommes en arme quel que soit leur bord d’appartenance de protéger les populations civiles et leur porter assistance », lit-on dans la résolution finale. Et Me Harouna Toureh d’assurer : « Tant que l’armée malienne ne sera pas à Ménaka, nous ne bougerons pas. C’est la condition que nous avons posée et continuerons à poser ».
Toutefois les mouvements républicains ont appelé leurs frères de la CMA à cesser les hostilités et à signer sans délai le document. « L’accord est signé, l’armée doit se redéployer sur tout le territoire. C’est cela le plus urgent », a plaidé Harouna Toureh. Pour soutenir la paix et la réconciliation nationale, chefs coutumiers, traditionnels et leaders communautaires se sont engagés, au nom de la complémentarité, de la solidarité et de l’humanité malienne légendaire, à aller à la rencontre de leurs frères égarés. « Vous devez tous vous considérer en mission commandée pour véhiculer le message de la paix et de l’entente nationale », a rappelé Me Harouna Toureh, après plusieurs heures de débats.
L’assemblée a aussi « félicité le gouvernement du Mali, la communauté internationale à travers la médiation internationale conduite par la République algérienne démocratique et populaire pour les efforts consentis pour l’aboutissement de l’accord à travers sa signature le 15 mai 2015 ».
Une motion spéciale a été adressée au président de la République Ibrahim Boubacar Keïta « pour son courage, sa constance et sa clairvoyance dans la conduite de la crise malienne ». Les populations se sont également engagées à signer avec le président de la République un contrat de confiance à durée indéterminée.
La plate-forme a par ailleurs désapprouvé la position de la Minusma qui « semble soutenir la minorité de la CMA, au détriment de l’écrasante majorité des populations du Nord qui adhèrent à la paix, soutiennent la République du Mali ».
De tous les intervenants, le représentant de la communauté arabe de Tombouctou, Hameïda Ould Oumar, a été le plus ovationné. Après son intervention en arabe et comme pour attester que le Mali est une nation plurielle, cet Arabe bon teint a repris son propos dans un bambara impeccable.
Harouna Toureh, a invité tous les Maliens à mettre la main à la poche pour bâtir une armée forte, bien équipée, républicaine, puissante, dissuasive… Puisque que la force de toute nation forte est son armée, a-t-il conclu.
Avant de réciter une prière pour la paix et la réconciliation, les participants ont déploré les pertes en vies humaines et se sont inclinés sur la mémoire des disparus.
C. M. TRAORÉ