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Mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation: non le gouvernement Malien ne traîne pas les pas !

Un an après la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale des interrogations fusent sur le rythme de sa mise en œuvre. La légitimité de ces supputations ne saurait remettre en cause le niveau d’engagement et de bonne foi de toutes les parties : le Gouvernement, les Groupes armés et la Communauté Internationale.

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Ces derniers jours, nous avons assistés un peu médusés à une nouvelle série de rencontres, à Alger, entre les représentants de la Coordination des Mouvements Armés, de la Plate-forme, et l’Algérie, chef de file de la médiation internationale pour la paix au Mali.
Cette situation n’est pas sans soulever certaines controverses. En effet, elle peut se révéler comme une étape supplémentaire d’une entreprise médiatique visant le conditionnement de l’opinion nationale et internationale contre les Autorités maliennes, accusées de lenteurs dans la mise en œuvre dudit accord signé le 15 mai et parachevé le 20 juin 2016 à Bamako.
Mieux elle est dramatiquement confortée par la recrudescence de l’insécurité exploitée très malencontreusement par l’opposition et les ennemis du Mali. Enfin elle peut globalement être source de profondes préoccupations et inspire au moins deux réflexions, dont l’une de forme et l’autre de fond.

Dans la forme
Primo, il y a lieu de se demander pourquoi le choix d’Alger, pour débattre de questions relatives à un accord définitivement scellé à Bamako, et pour lequel des instruments et cadres de suivi de la mise en œuvre ont été consacrés par toutes les parties.
Secundo et jusqu’à preuve du contraire, aucun signataire n’a dénoncé les termes de l’Accord qui engage toutes les parties. Dès lors, le Comité de Suivi de la mise en œuvre de l’Accord, qui siège régulièrement, n’est-il pas le lieu indiqué pour l’examen de toute difficulté relative à son application graduelle et harmonieuse ?
Tercio, le Mali a toujours affirmé, par les voies les plus autorisées, sa gratitude pour le travail immense abattu par ce pays frère, l’Algérie, qui n’a ménagé aucun effort, de longs mois durant, pour que se retrouvent les Maliens pour une paix sincère et une réconciliation nationale réellement durable.
Depuis et conformément à la volonté du Président de la République, avec l’adhésion de la communauté internationale massivement présente à Bamako à la signature de l’Accord, tout le reste des sujets de préoccupations factuelles devaient se résoudre à l’interne, dans un dialogue franc et sincère si cher aux Maliens.
Dorénavant, le Comité de suivi de la mise en œuvre, composé de tous les acteurs et de la médiation, et non de la seule Algérie ne constitue-t-elle pas l’instance appropriée pour résoudre tout différent ! Alors pourquoi ce nouveau cycle à Alger et pour quelles fins ?

Au fond
Si force est de reconnaitre que le rythme de la mise en œuvre de l’Accord peut être diversement apprécié, notamment dans certaines de ses dispositions, à qui peut-on imputer le retard ?
Une analyse des engagements des partenaires permet de répondre objectivement à cette question fondamentale.
L’Accord consacre quatre partenaires principaux : le Gouvernement, le CMA, la Plateforme et la Communauté Internationale.

Qui a fait quoi ?
Le Gouvernement peut faire prévaloir de plusieurs mesures et actes concrets, souvent impopulaires, mais déroulés avec détermination et responsabilité parce que profondément engagés dans une dynamique de paix, et de développement.
Citons, entre autres :
– la mise en place du Comité de suivi de l’Accord et la tenue de huit réunions mensuelles ;
– l’adoption le 31 mars 2016 de la loi modificative du Code des Collectivités Territoriales portant mise en place des Autorités Intérimaires et dont la mise en place tant réclamée dépend uniquement des parties maliennes signataires de l’accord ;
– l’adoption du décret portant modalités de mise en place des autorités intérimaires dans les collectivités territoriales ;
– la création et la dotation en Ressources des Agences de Développement Régional ;
– la création en janvier 2016 des nouvelles régions de Taoudeni et de Ménaka et la nomination des deux Gouverneurs ;
– l’exécution de campagnes de mobilisation, de sensibilisation et d’apaisement sur tout le territoire, pour une appropriation et implication de tous les maliens de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation ;
– l’organisation régulière des forums et rencontres intercommunautaires ;
– la création de la Commission Justice Vérité et Réconciliation et la nomination des Commissaires ;
– l’implication et la mise en branle de toute la diplomatie malienne en vue de la mobilisation internationale des partenaires pour le financement des programmes prioritaires de l’Accord, à travers la Conférence pour le Développement du Mali, le 22 octobre 2015 au siège de l’OCDE à Paris ;
– la création des Commissions en charge de l’intégration et du désarmement, de la démobilisation et de la rédintégration (DDR) ;
– la mise en place d’une allocation gouvernementale pour le pré-cantonnement des combattants des groupes armés signataires ;
– la construction des trois premiers sites de cantonnement et le démarrage des travaux pour cinq autres sites ;
– la mise en place du Comité national de coordination de la mise en œuvre de l’accord ;
– la mise en place et la nomination des membres de la Commission d’experts pour la Révision Constitutionnelle afin de prendre en compte les dispositions de l’accord.

Les mouvements armés
On ne saurait retenir les différentes rencontres dans le cadre du processus d’Anefiss, dans la mesure où le Gouvernement malien n’a pas été convié à la Rencontre de Kidal, quand bien même il l’aurait financé…
Par contre, quelle évaluation faire du préambule de l’Accord de Paix et la Réconciliation qui dispose en son, premier titre le « Respect de l’unité nationale, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Etat du Mali, ainsi que de sa forme républicaine et son caractère laïc.» ?
Ce préambule qui a valeur juridique, est-il appliqué par les mouvements armés signataires ? Les zones sous leur contrôle sont-elles administrées par l’Etat ?
Les mouvements armés signataires ont- ils honoré cet engagement préalable à la mise en œuvre de l’Accord ?
Quel appui ont apporté les groupes armés signataires aux autorités maliennes pour lutter contre l’insécurité grandissante souvent reprochée à tort au seul gouvernement du Mali ?

La communauté internationale
Le Mali apprécie à sa juste valeur l’accompagnement de la Communauté internationale qui joue un rôle indéniable dans la stabilisation du Mali depuis plus de trois ans.
Cependant les autorités maliennes ont de façon constante sollicité une amélioration de cet accompagnement, notamment par un mandat plus efficient de la MINUSMA c’est-à-dire adapté aux réalités du terrain, l’accélération des engagements financiers de la Conférence de Paris pour la mise en œuvre des programmes de développement du Nord et plus de soutien dans la restructuration et l’équipement des Forces Armées et de Sécurité du Mali.
En définitive et au regard de tout ce qui précède, qui bloque réellement la mise en œuvre de l’Accord de Paix ? Toute l’opinion publique malienne du nord comme du sud, à l’intérieur comme à l’étranger mérite d’être édifiée en toute transparence.
Entre une partie qui s’engage de manière volontariste dans la mise en œuvre de l’Accord et qui ne ménage aucun effort à cet effet et celui qui ne respecte même pas ses dispositions les plus élémentaires bref dans une autre mesure, celui qui traine les pas à mettre à mobiliser les ressources indispensables à la mise en œuvre de l’Accord, qui est le plus coupable ?
Objectivement, cela ne saurait être le Gouvernement du Mali qui, de manière progressive réunit toutes les conditions et travaille sur les mesures d’ordre législatif et réglementaire à une rythme convenable.
C’est dire donc que les accusations et la cabale médiatique contre le Gouvernement du Mali sont injustes et profondément injustifiées.
La paix ne se décrète pas seulement, elle se construit surtout. Et cela, le Gouvernement s’y attelle quotidiennement.
Le paradoxe de la mise en œuvre de l’Accord devient alors patent. Comme largement démontré lors des pertinentes Assises de la Société Civile en mai 2016 soutenues par ces partenaires fiables que sont le PNUD et le NDI, contrairement au bon sens, l’Accord de paix au Mali a été entamé par son pied, en place et lieu de sa tête.
La logique recommande plutôt les parties en face collaborent au redéploiement de l’Administration à Kidal et ailleurs comme un acte de reconnaissance de l’intégrité territoriale du Mali. Les régions libérées bénéficieront alors de la tutelle de l’Etat qui y assurera ses mission régaliennes en garantissant et accélérant le retour des populations, en relançant les projets de développement et en organisant les élections avec un accompagnement efficient de la communauté internationale.
Avant que l’adversaire commun à toutes les parties signataires de l’Accord, à savoir le terrorisme, ne prenne définitivement le dessus, il est grand temps de faire preuve de bonne foi, revenir chercher la solution aux écueils inhérents à tout Accord de paix au sein des Instances institutionnelles et appropriées dans l’Accord.
Il est à espérer que c’est ce langage de réalisme et de vérité que tiendra le Chef de file de la médiation, l’Algérie. Il y va de l’intérêt de tous, y compris la communauté internationale.
Jules Romains témoigne dans «Problèmes d’aujourd’hui» que les uns pèchent par paresse, d’autres par suffisance et d’autres par mauvaise foi.

Ambodejo Barry

 

Source: info-matin

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