Avril 2013 – mai 2023, soit plus de 10 ans de présence de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). À l’heure du bilan décennal le constat ne permet aucune illusion de satisfecit pour une mission d’étant fixé les missions prioritaires ci-après : l’appui à la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali ainsi qu’au gouvernement dans ses projets de développement socio-économiques, la contribution à la paix et à la sécurisation du pays ainsi qu’à la préservation des droits de l’homme mais aussi l’assurance de meilleures conditions de vie aux populations.
La MINUSMA est manifestement loin du compte en termes d’atteinte de ses objectifs et cela pour des raisons évidentes. Avec un effectif qui s’accroit d’années en années, soit de 6 000 soldats en 2013 à 9 300 en 2014 jusqu’à 15 743 en 2021, la Mission a de la peine à satisfaire l’attente des populations dans son combat du terrorisme à mesure que ce phénomène prend de l’ampleur et se métastase. Si cet insuccès explique en partie le désarroi de Maliens à l’endroit de la mission onusienne, il n’en demeure pas moins que le rôle d’interposition de la MINUSMA entre l’Etat Malien et les groupes armés indépendantistes du septentrion n’est pas également du gout de l’opinion publique surtout avec les participations malséantes de la MINUSMA à la fête d’indépendance des mouvements séparatistes à Kidal chaque année, auxquelles s’ajoute ses rapports alambiqués sur le Mali en matière de droit de l’homme.
Par ailleurs, si les incertitudes battent leur plein en ce mois de juin 2023 où s’ouvrent les discussions sur le renouvellement du mandat de la MINUSMA au Conseil de sécurité de l’ONU, tout laisse croire qu’elle résistera difficilement à la vindicte populaire parallèlement en dépit des voix discordantes favorables à son maintien.
En tout cas, les attaques terroristes ayant récemment visé des installations militaires, l’aéroport de Sevaré et le cortège du cabinet présidentiel sur la route de Nara, seront certainement susceptibles de sonner le clap de fin de ce partenariat qui, il faut le rappeler, suscitait beaucoup d’espoirs.
Somme toute, au regard de la situation inconfortable qui découle de cette coopération bilatérale qui est passée de l’acclamation à un désarroi partagé, il devient de plus en plus évident qu’en Afrique des solutions militaires endogènes aux problèmes sécuritaires doivent plutôt prévaloir sur des partenariats militaires avec l’occident qui ne connaissent qu’un seul épilogue se traduisant par du «je t’aime moi non plus ».
Seydou Diakité