La salle de conférence du Mémorial Modibo Kéïta a abrité, le jeudi 18 avril dernier, la cérémonie de proclamation des Trésors Humains Vivants du Mali. Ils sont au total 5 lauréats. Il s’agit d’Adama dit Gossi Niakaté (Maître-chasseur) Asmane Traoré à Djenné (Brodeur traditionnel à la main) Bocar Alpha Cissé à Tombouctou (Brodeur traditionnel à la main) Cheickh Sidaty Kanté dit Alzadar à Bamako (Maître-Géomancien, Guérisseur) et Mme Aminata Koumaré à Ségou (Présidente de la Coopérative “Kotognontala” des femmes de Kalabougou Commune rurale de Farako).
Adama dit Gossi Niakaté (Maitre chasseur)
Le Maître chasseur (le Donsoba) Adama dit Gossi Niakaté est de ceux-là et mérite la proclamation comme Trésors Humains Vivants dans le domaine des sciences cynégétiques.
Né en 1928 à Fanga, Cercle de Yélimané, Adama dit Gossi Niakaté est, en raison de sa célébrité pour ses connaissances de l’univers de la chasse et ses pouvoirs mystiques, adulé, respecté et craint. Il est chanté par les aèdes de la chasse au Mali et dans la sous-région. Géomancien, thérapeute-herboriste, il sait prévoir, prévenir et chasser les mauvais sorts, répandant ainsi l’espoir et prodiguer la joie aux nombreux nécessiteux qui viennent le consulter. Il s’est illustré dans la chasse, en abattant les animaux les plus féroces comme les lions et les panthères.
Président de la Fédération nationale des chasseurs du Mali, dépositaire de nombreuses traditions ésotériques du monde de la chasse, ce Donsoba, tient à transmettre ses savoirs et pouvoirs aux jeunes générations.
Asmane Traoré (Brodeur traditionnel à la main à Djenné)
Né en 1947 à Djenné, Asmane Traoré est issu d’une famille de broderie traditionnelle dans laquelle il excelle avec une renommée qui a franchi les frontières du Mali. À son actif plusieurs œuvres remarquables en cotonnade. Ses styles favoris sont le “Wakiaten et le Tionkinyé”. Ces styles permettent de remplir les dessins, d’obtenir des reliefs à l’aide de supports tels que le cuir, le crayon, le carton, sur lesquels il brode avec le fil choisi et exécute les motifs comme les triangles et des cercles les plus délicats et complexes avec une grande finesse. Rien n’est oublié jusqu’au moindre détail.
Bocar Alpha Cissé (Brodeur traditionnel à la main à Tombouctou)
Né vers 1953 dans le quartier de Djingareyberre, est célèbre pour sa dextérité dans le domaine de la broderie à la main. Même si le travail à la main est une vieille tradition à Tombouctou, car “la fortune et l’instruction peuvent s’envoler, mais la main du métier reste”, Bocar Alpha Cissé s’est révélé par sa créativité dans la broderie à la main. Il est l’auteur de plusieurs tenues traditionnelles à Tombouctou réservées aux cérémonies de mariage, de baptêmes et aux fêtes religieuses ; symboles de la bourgeoisie et de l’intelligentsia.
Cheickh Sidaty Kanté dit Alzadar (Maître-Géomancien guérisseur)
Né vers 1978 à Djidiéni, dans le Cercle de Kolokani, Alzadar est le fils de feu Cheick Oumar Kanté, marabout et de feue Fatoumata Sakiliba ménagère, Cheick Sidaty Kanté dit Alzadar est marié. Il a été initié à la géomancie par Diara Coulibaly, un maître géomancien originaire de Djidiéni. Dans ce domaine, son sort prendra très vite une autre tournure, quand il hérita d’un “djin” (diable) du nom de Alzadar la table divinatoire de seize (16) trous.
Trempé de cette nouvelle force, il excelle également dans les connaissances coraniques, héritées de son feu père Cheick Oumar Kanté, un érudit, et dans la phytothérapie. Son père était un des grands marabouts de Djidiéni, voire du Bélédougou. La première mosquée de Djidiéni est l’œuvre de son père.
Mme Aminata Koumaré (Présidente de la Coopérative “Kotognontala” des femmes de Kalabougou)
De nos jours encore, plusieurs femmes dont celles de Kalabougou (Commune rurale de Farako, Cercle de Ségou), excellent dans la poterie. Imbues de savoirs et savoir-faire dans la transformation de l’argile, elles produisent des œuvres identifiables par la richesse et la diversité de leurs formes, décors et couleurs, ou par un simple petit détail. Regroupées en une Coopérative dénommée “Kotognontala”, comptant environ 300 potières, ces femmes forment un groupe pluri ethnique composé de bambaras et de bozos de la caste des forgerons.
Elles méritent une reconnaissance nationale par leur proclamation en Trésors Humains Vivants pour leurs efforts dans la préservation et la perpétuation d’une pratique aujourd’hui assiégée par les techniques modernes avec l’espoir de sa transmission aux générations futures.
Source: Aujourdui Mali