Pour ce faire, nous devons avant tout avoir l’honnêteté et le courage de mettre à l’écart nos egos et nos querelles passées pour former un front patriotique capable de porter la charge d’avènement de ce «Mali Kura» dont il est tant question depuis les événements du 18 août 2023. A défaut de cela, nous n’aurons que nos yeux pour pleurer, quelle que soit l’issue de la transition.
Malheureusement, le comportement de ceux qui ont choisi la soumission à l’impérialisme est plus cohérent que celui de nous autres patriotes qui sommes incapables de conformer notre pratique à une analyse concrète de la situation concrète, à chaque étape déterminée de l’évolution des rapports de forces. Chacun (jeune et vieux, hommes et femmes) veut réaliser Mali Kura, mais surtout autour de sa personne, de ses propres intérêts. Nous devons savoir et pouvoir unir toutes les forces susceptibles de contribuer à l’avènement de Mali Kura en ayant toujours à l’esprit que pour «être libre» il faut aussi «savoir s’enchaîner», autrement se faire violence.
Jadis, à la sortie des vestibules bambaras, on voyait 100 bâtonnets attachés pour rappeler aux membres de la famille qu’unis, ils sont invincibles. C’est ce symbole que j’ai baptisé le «Bouquet synergique». L’union permet de résister à de puissants adversaires, mais aussi de donner un impact multiplicateur aux actions collectives convergentes. L’effet synergique se caractérise par la formule : 1+1 = 3 au lieu de 2 ! Pour inverser le rapport des forces défavorables qui poussent notre pays vers le chaos, chacun de nous doit avoir un comportement stratégique prospectif.
Nous devons refuser la rétroactivité qui est actuellement le comportement de ceux qui attendent qu’on fasse la révolution avant de s’impliquer dans la lutte. Nous ne devons pas attendre, mais agir pour changer le cours de l’histoire. En refusant la rétroactivité, nous ne pouvons qu’agir en dépassant les stades de révolution de Palais (contre un individu) et de révolution politique (contre un système politique) en créant avec l’équipe du Colonel Assimi Goïta, les conditions et les moyens d’une révolution sociale au profit du peuple. Là se pose la capacité intergénérationnelle de créativité et d’organisation de la classe politique malienne à sortir des sentiers battus de la colonisation.
L’indépendance des colonies devait être une rupture avec les conceptions et pratiques de l’administration coloniale d’une part, mais aussi avec certaines idéologies et pratiques précoloniales, d’autre part. Face à la nécessité de transcender ces deux gouvernances, il faut sortir des sentiers battus pour répondre aux questions de développement pour lesquelles il n’y a pas de réponse à priori. Le «Bouquet synergique» ne peut être efficient que s‘il est sous-tendu par la volonté de soumettre nos rapports avec l’extérieur aux exigences de notre développement interne. Se soustraire des contraintes et exigences des puissances extérieures n’est qu’un aspect de la problématique de la «déconnexion».
L’environnement de la dynamique du développement de l’Afrique et du Mali est constitué de toutes les parties prenantes (externes et internes) pouvant influencer notre développement. Si nous n’avons pas le courage de nous remettre en cause, nous ne pourrons pas changer la direction du train de développement du Mali, encore moins porter la charge du triple réarmement culturel, politique et économique qui est la condition sine qua non de notre développement en ce 21e siècle.
Diatrou Diakité
Coordinateur Intérimaire d’Espoir Mali Koura