L’attentat de Bamako siffle dans les airs et produit des échos à travers le monde. Un tapage médiatique remarquable autour de l’évènement, qui fait les choux gras des commanditaires, puisque l’objectif visé était de faire admettre par l’opinion mondiale qu’au Mali, il y a un terrorisme qui ne sévit pas qu’au Nord. J’avais prévenu.
Ce sont ce qui vivent de l’insécurité dans le monde et comptent l’exploiter à fond au Mali pour couvrir leurs affaires louches qui se cachent derrière ces groupuscules bidon d’un terrorisme cinglé. Qui ne le sait ? El Mourabitoun, ou Moktar Ben Moktar, ne sont que des pions du jeu d’échecs des puissances qui veulent légitimer l’occupation des zones convoitées, prêtes, sinon entrain de voler nos richesses, en nous prenant pour des dupes.
Au moment où la signature d’un accord de paix semble probable, qui a intérêt à faire peur aux Maliens, en amenant ses protégés à faire durer le suspense… à Kidal ?
Avec un accord, normalement, l’Armée malienne devrait être déployée, et aidée à assurer le contrôle de tout le territoire ; ce qui suppose un changement de dispositif qui pourrait abréger le séjour des forces étrangères (Minusma, Barkhane). Pour qui sait les investissements, connus et dissimulés, entrepris par ces missions, il n’est pas facile d’imaginer qu’elles ne sont pas prêtes de plier bagages, et qu’elles ne se laisseront pas faire. Donc, qui cherche à répandre le sentiment d’insécurité générale au Mali ? Bien évidemment ceux qui ont des intérêts à rester sur place.
La probabilité d’un attentat à Bamako est annoncé par les mêmes, depuis près de 3 ans, et chaque Noël, la rumeur était balancée. On fait un montage grotesque, et on laisse des feuilles de chou et des journalistes « carpettes » s’échiner à commenter le forfait, en relayant les âneries apprises, incapables qu’ils sont de la moindre analyse et investigation sérieuse pour relever les contradictions entre le scénario, les acteurs et les indices. Ça ne paraît même pas curieux que puisse se déclencher à des heures d’intervalle une vague de violence qui déferle à la fois sur Bamako, Gao et Kidal. Personne ne se trouve pour dire « Je suis la Terrasse » et marcher en Charlots, coude à coude, malgré la similitude frappante du mode opératoire avec les attentats de Paris. Ils sont tous atterrés et …sans doute, terrassés.
C’est aberrant que nos djihadistes de vendredi ne trouvent nul autre moyen de s’attaquer à la France pour se venger que de venir à Bamako monter une opérette tragique, qui ne fait une victime française que par « pur hasard », quand ce ne sont pas des objectifs évidents qui manquent pour un réseau capable d’une action professionnelle… planifiée.
On a tendance à traiter tout ce qui est malien de nul : l’armée, la police, les renseignements. Mais que dire de l’expertise des puissances qui les encadrent ? Qui peut croire que les Nations Unies, l’Union Européenne, les Etats-Unis, la France, avec leurs niveaux de présence au Mali, leurs équipements technologiques de recherche, de surveillance, de poursuite, de localisation, et les milliers d’agents, hommes et femmes, que nous voyons circuler tous les jours à Bamako, dans des voitures officielles, de l’Armée, banalisée, non immatriculée, etc… que ce dispositif soit aussi nul et poreux pour laisser évoluer incognito de tels criminels ?
La sagesse bambara prévient par cette interrogation : « Peut-on jamais retrouver la broche cachée sous le pied de celui qui feint de la chercher » ?
Les Maliens feraient mieux de se fouetter, vaincre leur lâcheté collective, devant de faux-amis venus nous créer des problèmes, en nous embarquant dans leur jeu de cache-cache pour, soi-disant, nous aider à nous en sortir, tandis qu’ils sont là pour se servir.
Nos gouvernants par le passé sont à l’origine du mal dont nous souffrons. Cela est indéniable. Et, c’est clair, que nos bons amis n’ont aucun devoir moral à nous tirer de la galère où des nôtres nous ont plongés, souverainement. C’est à nous de tirer les leçons et de nous assumer dans la prétendue dignité que nous claironnons. Eux, ils ont tous des problèmes auxquels ils cherchent des solutions… chez nous ; et nous, nous accumulons des problèmes par notre goût de la facilité, cultivé par eux, avec notre refus de la souffrance et de la privation pour aboutir, dans le respect des autres.
Pauvres Nègres, continuez donc à jouir, insouciants. Ça se paie.
Plus vite et plutôt nous mettrons fin à cette tragicomédie, où nous sommes les dindons de la farce, mieux nous avons des chances de ne pas finir comme en Somalie, en Irak ou en Afghanistan, si ce n’est comme en Libye. On nous « aime bien », mais nous ne serons pas épargnés. En quelle langue faut-il l’expliquer aux colonisés mentaux ?
Il est difficile de faire comprendre cette réalité crue aux collectifs insurgés, aux jeunes qui prennent les armes dans le Nord, si on est incapable à la capitale, malgré l’abîme, de s’amender, de stopper la prédation instituée, de remettre de l’ordre, de sortir du mensonge « endocolonial », de l’arrogance des impérities et de l’infatuation, d’abandonner la politique d’ego des complexés et profiteurs, encensés par des parasites, des sots et des gueux.
Nous devons tout simplement accepter au Mali de venir servir le pays, sans chercher à se servir insolemment. Que cela soit la règle générale, et non la condamnation de quelques patriotes à la malédiction des ignorants. Nous ne retrouverons jamais plus la quiétude d’avant, et sommes exposés à toutes les aventures, tant que continuent le déni du mérite et le règne du clientélisme des parvenus.
Pourquoi, pour commencer, semble-t-on incapable de simplement faire respecter leur serment aux assermentés ? C’est par là que commence une lutte réelle contre la gangrène de la corruption et de l’injustice, qu’elle génère. L’inculture politique crasse s’ajoute au tsunami de l’ignorance populaire pour nous faire plus de mal que n’en font nos pauvres bourreaux avec ces types d’attentat.
Dieu préserve le Mali des Maliens, d’abord.
Mohamed Coulibaly, Ingénieur
SOURCE : Option