Les habitants de Ménaka mobilisés contre l’insécurité qui sévit dans leur ville. Ils ont organisé une marche couplée à un sit-in, le mardi 12 juillet 2022. La mobilisation, avec la société civile à sa tête, est partie de la Place de l’indépendance jusqu’au siège du gouvernorat. L’objectif de la manifestation était : « Dire non à l’insécurité, au délestage incessant d’électricité et au manque d’eau ».
Colère à Ménaka. La population de la ville, maintes fois victime de braquages, d’enlèvements ciblés, de viols, d’assassinats auxquels s’ajoutent le manque d’eau et d’électricité, s’est mobilisée, à travers la société civile, pour fustiger cette situation qui est un calvaire quotidien.
A l’unisson, et pancartes brandies, les habitants de Ménaka ont exprimé comme doléances les points suivants : la sécurisation de la ville, le départ du commandant des FAMAs de la ville de Ménaka, le départ des directeurs de l’EDM et de SOMAGEP locales, le changement de l’entreprise fournisseur de l’EDM en carburant. Toutes ses doléances ont été remises au chef de l’exécutif régional, Mohamed Maïga. Mais, en recevant les griefs des manifestants, le gouverneur Maïga, a tenu des propos qui ont eu le don d’irriter la foule. En effet, le gouverneur a répondu à ses interlocuteurs ceci : « La société civile de Ménaka s’est trompée sciemment ou de façon inconsciente de cibles ». Ajoutant que, selon lui, les personnes dont le départ est réclamé par les marcheurs, ne constituent pas le vrai problème. « Le gouverneur dont vous voulez le départ, n’a pas demandé à venir à Ménaka, mais c’est l’Etat qui l’a envoyé, lui et les autres », a-t-il lancé. N’ayant visiblement rien à se reprocher, le gouverneur a dit être en phase avec sa conscience car il s’est dit sûr d’assumer fidèlement et rigoureusement les responsabilités qui lui ont été assignées. Expliquant être resté à Ménaka alors que d’autres représentants de l’Etat (préfets et sous-préfets) avaient fait le choix d’aller passer la fête de Tabaski hors de de la ville, le gouverneur Maïga a réfuté toute critique qui mettrait en cause son professionnalisme et sa volonté de bien servir les Ménakois.
Et Maïga d’en appeler à une prise de conscience collective en invitant chaque habitant à faire son autocritique.
Un discours qui a suscité la colère des manifestants. Lesquels ont jugé les mots du gouverneur « déplacés et irrespectueux ».
Malgré quelques réactions peu courtoises qui se sont fait entendre au sein de la masse, la manifestation s’est terminée sans incidents majeurs. Les gens ont fini par se disperser pour vaquer à leurs activités quotidiennes. Il faut rappeler que le gouverneur Maïga, dont le départ est demandé, doit officiellement quitter son poste à Ménaka au mois de septembre prochain. Mais la population, dévastée et épuisée par les épisodes interminables d’insécurité, s’impatiente et exige des mesures immédiates pour améliorer le sort de la ville.
Mamadou Komina
Source: Les Échos- Mali