Depuis les combats du 21 mai dernier à Kidal, les éléments des forces armées et de sécurité (militaires et gendarmes) présents à Ménaka, se trouvent cantonnés dans leur camp, sous la protection et la surveillance des soldats de la Minusma. Aucun militaire malien ne peut franchir la porte du camp. Impossible pour eux de circuler en ville ni de rendre visite à leurs familles pour ceux qui en ont à Ménaka.Même les visites au camp sont formellement interdites aux civils. Les femmes des militaires sont donc obligées de leur téléphoner pour pouvoir leur parler. C’est aussi par téléphone que les soldats expriment leurs besoins en thé, sucre, cigarette, boîtes de conserve et autres denrées de première nécessité. Ces interdits ont été imposés par les groupes armés, présents à Ménaka depuis lendemain des affrontements de Kidal.
Pour faire parvenir les repas à leurs époux, les dames ont recours aux véhicules de la Minusma. C’est pourquoi aux heures de repas, elles se bousculent pour confier aux Casques bleus les plats soigneusement emballés dans des sachets plastiques.
Lors des examens du baccalauréat, l’intransigeance des groupes armés a créé une situation absurde. Un des soldats cantonnés, était candidat libre au baccalauréat et aurait dû se rendre au centre d’examen pour les épreuves. Les hommes armés contrôlant la ville ont refusé net.
L’intervention des Casques bleus et de certaines notabilités n’a pas permis de les faire plier. Le soldat candidat a dû traiter les épreuves dans le camp sous l’œil vigilant d’un surveillant dédié à cette tâche.
Les militaires reclus dans leur camp, vivent sous des tentes où il fait une chaleur étouffante. Mais les Casques bleus se plient en quatre pour leur rendre la vie moins pénible. De bon cœur, ceux-ci assurent la corvée d’eau pour approvisionner nos soldats en liquide précieux. Sans compter qu’ils leur apportent les repas et tous les produits dont ils ont besoin. Le travail des Casques bleus permet d’assurer la sécurité et d’éviter les accrochages entre nos militaires et les groupes armés qui se sont rendus maîtres de la ville de Ménaka.
Ces hommes armés patrouillent régulièrement dans les rues et occupent actuellement tous les bâtiments publics et les différents point stratégiques de la cité. Ils prélèvent des taxes sur les véhicules de transport. Ainsi, les véhicules circulant à l’intérieur du pays, doivent payer 5.000 Fcfa au poste de contrôle. Les véhicules qui se rendent au Niger s’acquittent d’une taxe de 6.000 à 20.000 Fcfa, selon leur taille. Quant aux véhicules algériens, ils déboursent jusqu’à 40.000 Fcfa.
Récemment pour un accident de la circulation provoqué par un camion algérien, il a fallu que le propriétaire débourse la bagatelle de 950.000 Fcfa. Le propriétaire de la voiture légèrement endommagée par le camion a empoché 750.000 Fcfa. Le reliquat est revenu aux groupes armés.
Les voyageurs sont soumis aux tracasseries de postes anarchiques, sans compter les coupeurs de route et les braqueurs qui les dépouillent de leurs biens quand ils ne les tuent pas. Il arrive souvent que des bandits se faufilent dans la ville et dans les foires hebdomadaires pour s’emparer des biens de populations sans défense.
Même au cours des pourparlers à Alger, les exactions sur les populations civiles par des hommes en armes n’ont pas diminué. N’en pouvant plus des humiliations quotidiennes, certains réfugiés, fraîchement revenus au bercail, sont retournés au Niger, en attendant des lendemains meilleurs.
Malgré la situation particulièrement difficile du fait des agissements des individus qui ont fait des armes leur gagne-pain, les populations gardent espoir et cherchent à s’accommoder de cette nouvelle vie. Elles continuent de scruter l’avenir avec l’espoir d’un retour de l’État dans toute sa plénitude dans le cercle de Ménaka.
Source: Amap