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Menace sur les législatives dans les régions du Nord : Bill désavoué par la CMA

Décidément, l’ancienne rébellion ne manque pas d’imagination pour rendre la vie infernale au gouvernement et même à la communauté internationale. En effet, depuis la visite musclée de Moussa Mara, alors Premier ministre, à Kidal en 2014, le président Keïta et son gouvernement se plient toujours aux caprices de la  Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).

 

Au moment où tout le Mali se mobilise pour l’organisation des législatives, la CMA pond un communiqué en date du 16 février 2020 et met sur la table du gouvernement des conditions pour la tenue du scrutin dans les régions du Nord.

Cette décision est la principale information issue de la première session ordinaire  du comité directeur  de la CMA, tenue les 13, 14, 15 et 16 février, à Kidal sous la présidence de Bilal Ag Achérif.

Après analyse de la situation générale du mouvement politico-militaire, l’ordre du jour de cette première session  portait sur 7 points. Il s’agissait pour les responsables de la CMA d’examiner   le projet de la fusion des mouvements de la CMA ; la question de l’armée reconstituée ; le parachèvement du processus DDR accéléré et la prise en charge de l’intégration des cadres de la CMA dans la fonction publique ainsi que la réinsertion socio-économique des jeunes et des femmes. Il faut ajouter également la gouvernance de l’Accord ;  la mise en marche effective des services sociaux de base et l’organisation des élections législatives.

Pour la CMA, déclencher le processus électoral sans  la prise en compte des préoccupations majeures  relatives aux élections législatives, exprimées lors du CSA de haut niveau du 19 janvier 2020 est une volonté manifeste du gouvernement de mettre en mal l’Accord pour la paix et une violation  de la feuille de route signée  le 22 mars 2018  entre le gouvernement et les mouvements signataires de l’Accord.

Les exigences  de la CMA

La CMA exige du gouvernement de revoir sa copie pour éviter de bloquer la mise en œuvre de l’Accord pour la paix.  Ainsi, l’ex-rébellion   demande à l’Etat et la communauté internationale la diligence d’engager le processus de la réorganisation territoriale et du nouveau découpage administratif ; la prise en compte et en charge dans le prochain processus électoral des régions de Taoudéni et de Ménaka en plus des cercles d’El-Moustarat et d’Achibogho.  Selon la CMA, Taoudéni, Ménaka et les cercles d’El-Moustarat et d’Achibogho ne doivent pas être en marge de ce processus électoral puisqu’ils bénéficient de l’organisation territoriale adoptée par le gouvernement en conseil des ministres du 28 février 2018. «La CMA ne peut indéfiniment cautionner qu’une importante frange de la population puisse encore être privée pendant un autre quinquennat de ses droits civiques et de ses chances à participer à la construction législative de la nation», indique le communiqué.

En plus de la prise en compte des nouvelles régions, la CMA  de Bilal Ag Achérif interpelle le gouvernement  sur la participation  des réfugiés et des déplacés  internes ; le recensement administratif à vocation électorale et la mise à jour du fichier électoral.

la CMA, tout en dénonçant le caractère unilatéral de l’établissement du calendrier électoral, s’oppose à la tenue des élections dans ce format et dans ces conditions qu’elle qualifie de violation grave de l’Accord pour la paix issu du processus d’Alger.

Selon les maîtres de Kidal, cette démarche qui n’augure pas un lendemain meilleur est une exclusion flagrante d’une frange importante des populations de l’Azawad à exercer leurs droits civiques.

Contre-pied

Cette décision de s’opposer à la tenue du scrutin dans les régions du Nord prend en contre-pied les assurances du ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Boubacar Alpha Bah alias Bill. En effet, le vendredi 14 février 2020, faisant le point  des préparatifs des législatives de mars prochain, le ministre avait indiqué aux journalistes  que toutes les conditions étaient réunies pour tenir les élections sur toute l’étendue du territoire national. «Tous ceux qui comptent dans la République ont décidé de participer à ces élections. Il s’agit, entre autres, de la classe politique, la société civile, les groupements de partis politiques, l’opposition et la majorité… », a déclaré le ministre.

C’était sans tenir compte d’une éventuelle prise de position de l’ancienne rébellion après une rencontre avec les responsables des mouvements signataires de l’Accord le 12 février 2020. Selon le ministre, lors de cette rencontre, le seul point de blocage était la situation des refugiés. Sur ce point, selon lui, un terrain d’entente a été trouvé avec les groupes signataires de l’Accord.

Malheureusement pour le ministre, il risque d’essuyer un véritable camouflet. Car, à un mois de la tenue du scrutin, la surprise est au rendez-vous.  La CMA s’oppose à la tenue des élections législatives dans son Azawad.

Chantage

Le contenu de ce communiqué ne surprend guère pour qui connait la méthode  de ce mouvement et ses animateurs. Ce n’est ni plus ni moins  que  de la supercherie  des  enfants gâtés de la République pour se faire une santé financière sur le dos du contribuable.  Sinon comment comprendre qu’au moment où la CMA pose des conditions, certains leaders dudit mouvement politico-militaire déposent leur candidature à la députation ?

Faire du chantage auprès du pouvoir central pour  parvenir à ses fins est devenu le sport favori des maîtres de Kidal. Les exemples ne manquent pas pour montrer combien de fois le gouvernement  s’est plié aux exigences des responsables de la CMA pour exécuter leur décision.

Ces élections sont la réponse à la résolution N°1 du dialogue national inclusif, portant sur la nécessité d’organiser dans les meilleurs délais les élections législatives sur la base des circonscriptions électorales actuelles afin que la nouvelle législature commence au plus tard le 2 mai 2020.

Cette décision de s’opposer à la tenue du scrutin dans les régions du Nord intervient  à un moment décisif dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Il s’agit notamment du déploiement de l’armée reconstituée.

Lors cette première session ordinaire, la CMA a exprimé sa ferme volonté de veiller au respect des engagements pris dans le cadre de l’armée reconstituée lors de la réunion du CSA du 19 avril 2019. Les engagements portent sur la composition, la hiérarchie et la chaine de commandement au sein des forces armées et de sécurité. Elle exige également le respect du chronogramme du déploiement des unités de l’armée reconstituée dans les régions de Tombouctou, Gao et Ménaka conformément au calendrier établi par la CTS lors de sa 46ème session ordinaire du 6 février 2020.

Si l’Etat se plie aux exigences des ex-rebelles, les autres régions non opérationnelles comme Koutiala, Dioïla, Kita, Bougouni pourraient aussi réclamer la régularisation de leur situation.

N.D

 Le Prétoire

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