Après les deux grèves observées du 21 au 22 décembre 2015 et du 27 au 29 janvier 2016, le Comité syndical de l’Ortm veut passer à la vitesse supérieure dans la défense de ses revendications. En effet, son secrétaire général brandit la menace d’un écran noir, suite au déclenchement d’une grève illimitée.
Que sera le Mali sans la télévision nationale avec son journal télévisé kilométrique où s’affichent IBK, la Première dame et les membres du gouvernement en train de débiter des discours à longueur de journées ? Les téléspectateurs habitués à zapper pour profiter du boom de la télévision numérique ne semblent pas concernés par cette question, eux qui ne se câblent que parfois sur la télé nationale. Mais pour les autorités qui ont transformé les médias publics en vrais instruments de propagande, ce serait un coup dur.
Mais pour être plus sérieux, disons qu’un écran noir volontaire porterait un coup dur à l’image et à la notoriété du pays, surtout peu de temps seulement après la suspension temporaire du droit de vote du Mali à l’Onu pour cause d’arriérés de paiement de cotisations.
Pourtant, dans les allées du pouvoir, on prend la menace très au sérieux, tout en rappelant qu’un écran noir volontaire peut être interprété comme une tentative de déstabilisation d’un Etat et par conséquent entrainer des poursuites judiciaires. Pour les tenants de cette thèse, des cas de jurisprudence existent et aussi, rappellent-ils, on peut user de son droit de grève sans en arriver à des excès qui porteraient atteinte à l’outil de travail.
Mais nous pensons bien que, compte tenu du sérieux de la menace d’une part et de la prise de conscience de ses conséquences par les autorités d’autre part, une médiation sérieuse sera mise en branle pour trouver un terrain d’entente afin d’éviter des dérapages et autres mesures radicales.
Selon une source proche du ministère de la Communication, le cahier de doléances a été discuté en réunion au niveau du Département. Selon notre source, la lettre de préavis de grève déposée le 5 janvier dernier par le comité syndical de l’Ortm auprès du ministre chargé de la Fonction publique comporte huit (8) points de revendication.
Notre source de préciser qu’il y a donc un point supplémentaire à la liste des doléances du préavis précédent qui en comptait effectivement sept (7).
Les points de revendication sont : 1) l’abrogation des lois portant sur la restructuration de l’Ortm ; 2) la ratification d’une loi portant sur la redevance audiovisuelle ; 3) Le retour de la régie publicitaire à l’Ortm ; 4) L’harmonisation du statut des entités à créer dans le cadre de la restructuration de l’Ortm ; 5) La relecture de la loi 82-102 et son adoption ; 6) le démarrage des travaux des grands projets, tels que la tour de l’Ortm ; 7) L’indemnisation des agents de l’Ortm pour le préjudice subi lors du coup d’état du 22 mars 2012 ; 8) Mettre la Communication parmi ls priorités de l’Etat comme la Défense, l’Education, la Santé, l’Agriculture et la Sécurité.
Il nous revient qu’au terme des négociations menées du 21 au 26 janvier 2016, sous la conduite de la commission de conciliation composée de six (6) membres et présidée par Bouneye Traoré, un accord a été trouvé sur quatre points (1,4,5 et 6) sur trois autres (2,3 et 7) le désaccord porte essentiellement sur la date de mise en œuvre de l’exécution des revendications. Le point 8, quant à lui reste non négociable parce que relevant du domaine de la politique générale du gouvernement conçue en fonction de l’appréciation de la situation du pays dans le cadre de l’appréciation des priorités. « Tout est prioritaire au Mali, seulement il faut procéder à un choix stratégique en fonction des moyens disponibles », laisse entendre une autre source proche du ministère de la Communication.
On nous signale que certains points qui relèvent de la loi, feront l’objet de propositions que le Département de la Communication entend soumettre au Premier ministre au plus tard le 31 juillet 2016. Suivra ensuite la procédure d’adoption par le Conseil des ministres, la saisine de l’Assemblée nationale et le vote par les députés avant d’en arriver à la promulgation. Tout un processus pour lequel le ministère de la Communication, lors des négociations, aurait demandé un délai de deux ans pour le boucler. Il faut remarquer, à ce niveau, que le pouvoir Exécutif n’a pas aucun pouvoir sur l’Assemblée nationale pour bousculer le calendrier parlementaire, estime un de nos interlocuteurs.
En ce qui concerne le point 6 concernant « le démarrage des travaux des grands projets tels que la tour de l’Ortm » dont la pose de la première pierre a été effectuée le 21 septembre 2011, il faut se demander pourquoi, depuis tout ce temps, le dossier n’a pas bougé. Selon nos investigations, le patron de l’Ortm, à l’époque, Sidiki Konaté, avait bousculé les choses pour obtenir du Président ATT cette cérémonie de pose de la première pierre, alors que le financement n’était pa encore bouclé. En d’autres termes, selon notre interlocuteur, il n’y avait pas d’argent pour réaliser les travaux, mais on espérait qu’après la pose de la première pierre, les partenaires pressentis allaient se rendre compte de l’importance du projet et finalement se décider. Cela n’a pas été le cas, surtout avec la survenue de la crise multidimensionnelle qui a secoué le pays et refroidi les Ptf.
A y voir de très près, les deux parties se rapprochent et il suffit d’un peu pour qu’elles se retrouvent complètement afin d’épargner au Mali une situation de bras de fer inutile et improductive. Pour cela, le ministre Choguel Kokkala Maïga aurait même proposé la mise en place d’une commission paritaire pour arrondir les angles. Que chacun y mette du sien.
La rédaction