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Médiation dans la crise malienne / La CEDEAO victime de l’absence de vision du pouvoir d’IBK

La crise malienne avec ses facettes politico-sécuritaires n’offrait aucun choix à l’organisation sous-régionale, la CEDEAO. Elle a accouru au chevet de notre pays, quand il n’y avait pas de pouvoir à Bamako et que l’Etat était à terre. Pour le relever la CEDEAO s’est battue sur deux fronts : le front de la médiation entre le gouvernement et les groupes armés d’une part, et le front militaire en tandem avec les troupes françaises et du Tchad, d’autre part. Mais, aujourd’hui que le Mali émerge, avec un pouvoir élu, quel est le sort réservé à ces acteurs sous-régionaux pour la paix et la stabilité au Mali ?

 

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Il serait hasardeux de penser aujourd’hui qu’au Mali, la crise est derrière nous. Car nous ne sommes qu’à l’amorce de la phase décisive des pourparlers avec les groupes armés du nord. Ce rôle a été celui de la CEDEAO jusqu’à l’élection du président Ibrahim Boubacar Kéita, qui a fait volte-face à la médiation sous-régionale de la CEDEAO qu’il désapprouve. Mais faute de vision et de stratégie, le nouveau pouvoir est encore dans l’errance, ne sachant pas choisir entre la sous-région ouest africaine et le nord ; entre l’Algérie et le Maroc. A vouloir poursuivre deux lièvres à la fois, on risque de les perdre tous les deux, et on aura que ses yeux pour pleurer, car nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes.

Cette absence de vision du président apparait clairement à travers son indécision. Elu sur la base d’un accord qui prévoit les pourparlers avec les groupes rebelles, IBK s’est rétracté en soutenant qu’il ne négocierait jamais avec les groupes armés. Après sept mois d’errance, nous voici revenir à la voie raisonnable tracée par la communauté internationale : les pourparlers.

L’architecture de paix et de sécurité de la CEDEAO, qui est l’outil principal de gestion des crises de notre région, appelé aussi mécanisme de paix et de sécurité de la CEDEAO, était au centre d’un atelier, organisé à la maison de la presse, par l’Assep, le Groupement patronal de la presse écrite et l’Urtel, le 6 mai 2014. A cette occasion, le Représentant spécial de la CEDEAO au Mali, Aboudou Cheaka Touré, a répondu à des questions relatives à certains reproches faits au médiateur de l’organisation, le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré. Il s’agit entre autres de porter secours et assistance aux rebelles maliens et de les héberger dans son pays, nourris et blanchis. Le conférencier Aboudou Cheaka Touré a indiqué toute la complexité de la médiation. Le médiateur, pour pouvoir continuer le dialogue avec une partie en conflit, doit maintenir le contact avec lui pendant les moments difficiles et le Droit international humanitaire lui oblige de porter assistance lorsque la vie de son interlocuteur est en danger. « Mais si vous dites, je ne dialogue pas avec ceux qui ont coupé les mains et les pieds, vous faites quoi ? Les éradiquer, les exterminer ? Allez-y et vous aurez sur le dos le droit international humanitaire et la Cour pénal internationale (CPI), encore que vous puissiez vous expliquer », a avisé le Représentant spécial de la CEDEAO au Mali, pour mettre en évidence l’obligation de respecter le DIH, même dans la belligérance. Et s’agissant de la résidence de certains chefs rebelles dans la capitale burkinabé, selon Aboudou Cheaka Touré, il est plus facile pour le médiateur de maintenir le contact avec eux lorsqu’ils sont au Burkina Faso qu’ailleurs. Il a expliqué les sanctions qui ont été prises contre le Mali après le coup d’Etat de mars 2012, par la belligérance et les actes de banditisme de certains qui ont mis en danger la vie des chefs d’Etat africains, quand ceux-ci venaient pour chercher une solution à la crise du Mali. L’opposition à l’atterrissement de l’avion des chefs d’Etat africains, traduisait le refus des putschistes à renoncer et à rétablir l’ordre constitutionnel. Selon lui, sans les sanctions sur le Mali, la junte n’allait jamais lâcher prise. La CEDEAO est-elle en train de payer aujourd’hui, son attachement à l’ordre constitutionnel et sa politique de zéro tolérance au coup d’Etat ? Les pays de la CEDEAO et la communauté internationale doivent encore rester vigilants sur le Mali, car la junte et les putschistes ont largement contribué l’élection du président Ibrahim Boubacar Kéita.                                                                 B. Daou

Source: Lerepublicainmali

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