“Nous devons être la roue qui va tirer les autres, car cette refondation repose essentiellement à plus de 70 % sur la femme”
La Journée internationale de la femme est célébrée le 8 mars de chaque année. Elle met en avant la lutte pour les droits des femmes pour la réduction des inégalités. Compte tenu de la situation sécuritaire du pays et étant dans le processus de refondation du Mali Kura (Mali Nouveau), le gouvernement, à travers le ministère de la Promotion de la femme, de l’Enfant et de la Famille, en collaboration avec la société civile et les partenaires au développement se propose de commémorer le 8 mars 2022, sous le thème national : “Rôle et place de la femme dans la refondation du Mali”. Mme Diarra Raky Talla, 5e vice-présidente du Conseil national de la transition (CNT) se prononce sur le sujet.
La Journée internationale de la femme donne l’opportunité de faire le plaidoyer, de sensibiliser l’opinion nationale et internationale sur la condition de la femme et aussi d’établir un bilan sur les progrès réalisés en termes d’égalité homme/femme dans tous les domaines prioritaires du développement économique, politique, social et culturel.
Parlant du thème national du 8 mars 2022 qui s’intitule : “Rôle et place de la femme dans la refondation du Mali”, Mme Diarra Raky Talla, 5e vice-présidente du Conseil national de la transition (CNT) trouve qu’il est d’une évidence. “Quand on veut refonder une société, le premier rôle a joué est celui de la femme. S’il s’agit de refonder le Mali, je me réfère à la vision et au discours du président de la Transition lors de sa prestation de serment. Il disait qu’il s’agit de refonder le Mali sur la base de nos différences, de notre histoire et de l’existence, c’est-à-dire de l’époque contemporaine, sur la base aussi des valeurs religieuses, coutumières et intrinsèques. Ce message fort veut dire tout simplement que tout part du niveau éducation et du système éducatif”, explique l’ancienne ministre du Travail, de la Fonction publique, de la Réforme de l’Etat, chargée des Relations avec les institutions.
Au regard de la Charte de la transition, aux dires de Raky Talla, on se rend compte que parmi les reformes, le système politique et l’éducation arrivent en bonne place parce que c’est l’éducation qui va être le fondement du renouveau.
“Quand on parle d’éducation, c’est d’abord auprès de la femme parce que c’est elle qui met au monde, suit l’enfant, lui inculque les valeurs avant qu’il n’aille à l’école (moderne, coranique) et avant qu’il ne soit versé dans la vie culturelle et religieuse. Je rappelle qu’il y avait la case culturelle appelé ‘le Blon’ chez certains. Avant que ces valeurs ne nous soient inculquées, c’est la femme qui les inculque au niveau de son foyer, dans l’environnement social, à ses enfants et ceux d’autrui, car ce sont les voisins ou les autres membres de la famille qui gardent les enfants et les corrigent au besoin quand les parents ne sont pas présents. Il va falloir qu’on revienne à ces valeurs”, tranche-t-elle.
Concernant toujours le rôle de la femme dans notre société, Raky Talla indique qu’il est de premier ordre. “La refondation commence par le rôle que la femme va jouer dans le volet éducation. C’est un rôle prépondérant que nous devons assumer en toute responsabilité : en nous impliquant dans la prise de décisions et au niveau des politiques nationales en termes d’élaboration et de conception, mais aussi en participant activement et de façon citoyenne à l’ensemble des activités de la refondation. Nous devons être la roue qui va tirer les autres, car cette refondation repose essentiellement à plus de 70 % sur la femme”, rappelle-t-elle.
La démission des femmes dans l’éducation
S’agissant de la démission des femmes dans l’éducation des enfants, la femme au foyer et mère de quatre enfants signale que certaines tiennent encore. “Je pense que c’est la société elle-même qui a démissionné. Au niveau familial, ce sont des générations qui y vivaient. C’était toute une chaine et les arrières grands-pères et les grands-pères avaient un rôle prépondérant à jouer dans l’éducation de leurs petits-enfants et de leurs enfants. C’est cette chaine qui est complètement rompue et effacée en termes de valeurs”, diagnostique Mme Diarra Raky Talla.
Sur la conception de la politique générale qui concerne les femmes, la 5e vice-présidente du Conseil national de la transition (CNT) pense qu’il faut revoir cela. “Il s’agit des visions et les concepts sur lesquels reposent la promotion de la femme. Il est temps de changer de fusil d’épaule et qu’on revoie les textes et les façons de faire en termes d’exécution.
Il est temps aussi que les autorités politiques prennent leur responsabilité en ce qui concerne l’application de la loi 052 qui fait la promotion de la femme dans le domaine électif et nominatif. Il est temps pour les femmes de sortir du carcan de revendications de leur statut et de prouver au monde qu’elles ont des valeurs réelles et qu’elles peuvent s’impliquer dans la mise en œuvre de toutes les actions de l’Etat, de s’impliquer dans la participation citoyenne en nous imposant en termes d’occupation de notre place. C’est cette phase que nous devons transcender, il y a les supports institutionnels et juridiques”, exhorte la militante de l’Union malienne du Rassemblement démocratique africain (UM-RDA/Faso jigi).
Bilan de la loi 052
Pour parler de l’application de cette loi, Raky Talla pense qu’il est positif. “Le gouvernement d’IBK était déjà dans cette dynamique même si les 30 % n’étaient souvent pas atteints, mais en 2020, le quota y était et il tournait toujours entre 20 et 28 %. C’est déjà une avancé, il faut continuer à persévérer dans ce sens.
Au niveau du CNT, les 30 % sont assurés. Sur six vice-présidents, il y a deux femmes. Concernant la composition même du CNT, il y a 31 femmes sur 121, donc l’effort est fait. Concernant la composition du gouvernement, le cap des 20 % est dépassé, ce qui n’était pas le cas avant. C’est petit-à petit qu’on se forge et qu’on s’impose en parlant et en nous affirmant de par nos propres qualités intrinsèques dans tous les domaines. Le leadership est tenu par les femmes et il est grand temps que les Etats reconnaissent cela au Mali et en Afrique”, consent-elle.
Après la loi 052, la chargée des lois au CNT fait savoir qu’il y a la budgétisation de la promotion du genre qui arrive. Et sur la loi 052, elle souligne que celle-ci ne fait pas que la promotion de la femme au niveau nominatif et électif, mais qu’il y a beaucoup d’autres contenus.
“Il y a des notions de dividendes démographiques qui consistent à tirer le maximum de profit de la majeure partie de la population, c’est-à-dire les femmes et les jeunes. Il faut que les activités économiques, culturelles, sociales soient centrées sur la pleine participation des femmes et des jeunes. Il y a aussi les recommandations du CNT sur l’adoption de la modification de la Charte de transition concernant la loi 052 de 2015 promouvant les femmes dans les domaines nominatifs et électifs”, dit-elle.
Sur le plan électif, il y a les retombées parce qu’au niveau politique, désormais pour les élections locales, communales et législatives, le quota est respecté sinon les listes tombent. “C’est une femme sur trois ou un homme sur trois. La plupart du temps, quand il y a 4 candidats, les gens vont jusqu’à deux femmes deux hommes, donc la notion de parité est en train de venir. Nous sommes chargées de continuer le combat que nos prédécesseures ont commencé. Je salue la mémoire de l’honorable Aoua Kéïta, première députée du Mali et Mme Traoré Sira Diop qui sont nos modèles. Mme Diarra Afoussatou Thiéro a été la première ministre en charge de la Promotion de la femme. Il y en a d’autres dans les associations féminines telles que la Cafo, etc.”, rappelle la militante l’UM-RDA/Faso jigi).
La femme dans le processus de la refondation
Selon l’ancienne ministre du Travail, de la Fonction publique, de la Réforme de l’Etat, chargée des Relations avec les institutions, la refondation est tout une vision. C’est revenir à nos valeurs pour asseoir le vivre ensemble, la tolérance, la paix et la cohésion nationale. Il s’agit des valeurs de solidarité, d’entraide, le patriotisme et la citoyenneté.
Une femme Présidente de la République du Mali dans l’avenir
A l’en croire, une femme peut devenir présidente de la République du Mali parce que les femmes sont dotées aujourd’hui de qualités intellectuelles et de capacités de gestion autant que les hommes et que si on arrive à prospérer et à évoluer sur ce concept, il y aura une présidente de la République du Mali. Elle ajoute que si ça ne marche pas avec les hommes, qu’il faut essayer avec les femmes.Pour terminer, Mme Raky Talla rend un vibrant hommage à toutes les femmes du Mali et celles du monde pour leur engagement au quotidien dans les Etats auprès des hommes, de leurs enfants et au niveau de la société pour sa construction.
Marie Dembélé
Source: Aujourd’hui-Mali