L’union pour la république et la démocratie (URD) a tenu sa 9ème conférence nationale, le weekend dernier à Bamako dans un contexte de crise. Me Demba Traoré, secrétaire à la communication du parti de la poignée de main nous retrace les grandes lignes de cette rencontre. Entretien.
Au sortir de cette 9ème conférence, quel est l’état de santé de votre formation politique ?
Me Demba : Notre parti se porte à merveille. Cette bonne santé a été illustrée par l’annonce de l’adhésion de trois honorables députés : Ousmane Kouyaté de Kolokani, Niamé Kéita de Nara et Mody Fofana de Diema. C’est une conférence nationale, une instance du parti qui regroupe uniquement les premiers responsables de nos sections. Au sein de l’urd, à l’image des cercles du Mali, nous avons une section par cercle. Les premiers responsables des cercles étaient conviés, les membres du bureau national, plus cinq réprésentants du mouvement des jeunes, cinq du mouvement des femmes, les membres de la commission nationale d’arbitrage ainsi que les membres de la commission finances. En tout 400 personnes étaient attendues. Tous ont fait le déplacement à l’exception de la section de Chine. Ce qui signifie que le parti se porte à merveille.
Depuis des mois, le climat politique est délétère. Quelles ont été les pistes de solutions pour sortir de cette crise ?
Notre parti est un parti républicain. Depuis l’élection présidentielle (juillet-août 2018), nous avons contesté les résultats proclamés par la cour constitutionnelle. Résultats, entachés de beaucoup d’irrégularités. D’ailleurs pour ceux qui ont suivi cette conférence nationale, nous avons fait une projection d’un film court métrage pour résumer la période de campagne, la ferveur que les gens ont démontré pendant cette campagne sur toute l’étendue du territoire national. Cela a permis à beaucoup d’acteurs politiques qui n’ont pas fait le déplacement avec le candidat Soumaila Cissé de se rendre compte de cette mobilisation grandiose, populaire, chaque fois qu’il passait dans une localité. Par fois nous avons vu, sous la pluie, à 1h, 4h du matin par endroit, des gens se sont mobilisés. Et puis les chiffres dont nous disposons nous ont permis de constater que le scrutin a été falsifié.
Cette réalité, malheureusement n’est pas reconnue par le camp d’en face. Ça veut dire qu’on continue à fermer les yeux sur la réalité, à nier l’évidence si bien que nous avons toujours manifesté. Vous avez suivi les manifestations populaires aussi à Bamako, à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur. Depuis l’avènement de Modibo Kéita au pouvoir, en République du Mali, on n’a jamais vu des manifestations du genre sur l’étendue du territoire.
Donc, nous avons dit que pour sortir de cette situation de crise qui s’ajoute à d’autres crises : la crise économique et financière, la crise sociale avec ses nombreuses grèves et préavis déposés, la crise sécuritaire…il faut un dialogue. Il faut obligatoirement un dialogue de haut niveau. Dans ce sens nous avons souscris à la démarche de la CEDEAO, quand le président en exercice de l’organisation, le nigérian Muhamadu Buhari, a envoyé une délégation conduite par son ministre des affaires étrangères nous rencontrer et nous suggérer de travailler en sorte que le climat politique puisse se décrisper.
Nous avons accepté et dit que nous étions favorables à la mise en place d’un comité de médiation à l’échelle internationale pour que le dialogue de haut niveau que nous souhaitons puisse s’instaurer. Et depuis nous attendons. Seul un dialogue constructif peut nous faire sortir de cette situation. Les initiatives qui ont été prises par certains leaders religieux se sont malheureusement heurtées au refus catégorique du président de la République qui a été élu par la cour constitutionnelle.
Nous sommes dans une situation aujourd’hui où c’est le dialogue de sourd qui prévaut. Nous sommes de bonne foi. De l’autre côté on dit qu’on tend la main ; on tend une main invisible dont le contenu n’est pas connu. On tend la main en français, on insulte les gens en bambara. Nous sommes dans unesituation qui ne peut pas continuer et notre parti, républicain est favorable au dialogue. Il faut que les maliens se retrouvent, nous l’avons dit plusieurs fois, depuis cinq ans nous demandons ce dialogue de haut niveau, mais malheureusement !
Aujourd’hui force est de constater qu’en plus de notre parti d’autres forces politiques, d’autres personnalités, d’autres associations ont reconnu cette exigence-là. C’est pourquoi vous avez vu que la lutte a été renforcée par plusieurs partis politiques, plusieurs personnalités et plusieurs associations.
On s’achemine vers les élections de 2019. Quelles sont les perspectives ? L’Urd prendra –t-elle part à ces échéances ?
Je ne sais pas si on s’achemine vers des élections parce que je ne vois aucune perspective d’aller aux élections aujourd’hui pour notre pays. On va aux élections sur la base de quoi ? Il a été annoncé le toilettage de certains textes fondamentaux, pour le moment aucune action n’est entreprise dans ce sens. Nous allons aux élections sur la base de quoi aujourd’hui ? Il n’y a n’a pas. Des calendriers ont été unilatéralement annoncés…Vous savez que notre pays est passé champion dans l’art de fixer des dates et les reporter. Cela fait combien d’années qu’on reporte les élections régionales ? On est arrivé quelquefois même à déposer les dossiers de candidature, à épuiser le contentieux électoral et enfin de compte, on a reporté les élections. Pour les législatives également, ça été le cas. La seule élection qui a échappé à cette exception, c’est l’élection présidentielle, lors de laquelle, il a fallu que tout le monde s’implique, que la communauté internationale s’implique sinon cette élection serait aussi reportée et plongerait le pays dans l’impasse.
Donc, aujourd’hui nous ne voyons pas de perspective d’organiser des élections à court et moyen termes. Il faut nécessairement ce dialogue, d’ailleurs la délégation de la CEDEAO l’a dit , il ne faudrait pas que le pays s’engage dans un autre processus électoral sans avoir réglé définitivement tous les problèmes qui ont émaillé l’ élection présidentielle passée et surtout sans la prise en compte des réformes qui doivent être opérées au niveau de la loi électorale, au niveau même de l’architecture de gestion des élections.
A notre avis, il y a des préalables pour éviter des élections bâclées, au cours desquelles la fraude à ciel ouvert, tel qu’on l’a constaté lors de l’élection présidentielle puisse s’opérer encore une fois de plus pour participer à l’élection des députés. Ce qui n’est pas acceptable dans une démocratie. Notre pays ne peut pas se permettre ce luxe. Ce n’est pas possible, pas normal, et ça ne participe pas au renforcement de notre démocratie.
Propos recueillis par Aly Bocoum
Source: Le Flambeau