Le Conseil national de transition (CNT) a voté le vendredi 17 juin dernier la nouvelle loi électorale qui régira désormais toutes les élections au Mali. L’adoption de cette loi suscite de nombreux débats qui amènent des désaccords entre la partie gouvernementale appuyée par ses défenseurs et le CNT.
Le désaccord n’est pas seulement entre le Gouvernement et le Conseil national de transition, il est aussi visible dans plusieurs secteurs socioprofessionnels. Ils sont nombreux à ne pas approuver cette nouvelle formule pour élire les élus de la nation malienne. C’est le cas de Me Cheick Oumar Konaré qui a rappelé ceci sur Africable Télévision dans l’émission-débat du dimanche : « Nous ne sommes pas en démocratie, nous sommes sous un régime d’exception dirigé par des militaires. Par conséquent, les membres du CNT ne sont pas là comme des élus du peuple, ce sont des gens qui ont été nommés par décret présidentiel. Quand on nomme des gens par décret présidentiel, il parait plutôt étrange que dans les deux tiers, ils désavouent un projet de loi venu de l’exécutif. Il faut aller au-delà de l’événementiel pour comprendre. Cela traduit un message politique », a-t-il souligné.
Me Konaré explique les conséquences qui peuvent résulter de l’adoption de cette nouvelle loi électorale. Lisons ce qu’il avance comme argument : « J’ai parlé des désaveux de Gouvernement ; il pourrait aussi s’agir d’un désaveu du président de la transition au cas où il ne serait pas avec ceux qui ont voté ces amendements. S’il n’est pas avec eux, la conséquence ne peut être que la dissolution du CNT. S’il est avec le CNT, la conséquence ne peut être que la démission du Gouvernement parce que le Gouvernement aura été privé de tous les moyens de changement et de réformes» dit-il.
Il n’écarte pas une ingérence de la Cedeao dans l’affaire. « Pourquoi serait-il possible de provoquer la démission du Gouvernement ? », s’interroge-t-il. Selon ses dires, cela le renvoie à ce qu’il a dit il y a 15 jours. « La Cedeao a pris des sanctions contre le Mali à la demande de la France. Et je vous ai dit que les sanctions ne seraient pas levées tant qu’il n’y aurait pas de concessions publiques ou secrètes à la France. Peut-être la tête du Premier ministre sera sacrifiée sur l’autel de la levée des sanctions de la Cedeao », soupçonne Me Konaré.
Sur la question d’une concertation, il a expliqué qu’un projet de loi a été déposé depuis décembre 2021 et que tout le monde a été entendu. Selon lui, il y a bel et bien eu des concertations. À l’entendre, le problème, c’est que le CNT a initié 92 amendements, cela ressemble à du sabotage en règle. La loi ne reflète plus ce que le Gouvernement a voulu. Ce n’est plus l’AIGE qui va organiser les élections, mais le ministère de l’Administration territoriale », a regretté Me Konaré.
Moriba DIAWARA
Source : LE COMBAT