Après utilisation, ils sont jetés dans la nature, dans les poubelles et même dans les toilettes. Ces objets contribuent à la pollution
«Faut-il les brûler ou les jeter à la poubelle ou dans les toilettes ? », s’interroge Aminata Ballo, après avoir enlevé son masque chirurgical à usage unique. Ne sachant pas quoi faire, elle se dit qu’il faudrait avant tout le désinfecter avant de le jeter à la poubelle ou dans la nature. Car, déduit-elle, ces masques déjà utilisés peuvent être des vecteurs de transmission de la maladie à coronavirus. Dramane Touré, lui, les balance directement dans la rue ou dans les ordures ménagères, ignorant leur impact sur l’environnement.
En effet, l’utilisation des masques à usage unique a explosé au Mali depuis l’apparition de la pandémie de Covid-19.
Leurs utilisateurs ne savent pas quel comportement adopter. La plupart les jettent dans la nature sans savoir la conséquence sur l’environnement. Comme il est loisible de le constater dans nos rues à longueur de journée. Des masques à usage unique déjà utilisés jonchent les trottoirs, se retrouvent dans les rues, sur les voies publiques, dans les poubelles et même dans les toilettes.
Notre interlocuteur d’ajouter que même s’ils se dégradaient en quelques années, ils auraient largement eu le temps de dégrader l’environnement. C’est en cela qu’ils représenteront un problème écologique, selon lui. «Ces masques au sol et dans les égoûts vont se dégrader en microparticules, imprégner le sol et créer une pollution à long terme. Ce qui est dangereux pour la biodiversité ainsi que pour notre santé», déplore le chef de département développement durable de l’AEDD.Des pratiques innocentes jugées néfastes pour l’homme et son environnement. à l’international, des voix s’élèvent de plus en plus pour dénoncer ces agressions faites à la nature. En la matière, certains scientifiques conviennent que ces masques chirurgicaux à usage unique sont conçus en polypropylène (un matériau plastique non biodégradable). Leur présence dans la nature relève d’une pollution, corrobore le chef de département développement durable à l’Agence de l’environnement et du développement durable (AEDD). Environnementaliste, Moussa Diarra précise qu’il n’existe, pour l’instant, aucune étude scientifique spécifique déterminant le temps que dure un masque dans la nature avant sa détérioration.
«Ces masques peuvent aussi être confondus avec d’autres objets pour devenir des proies pour les animaux. Les poissons contaminés peuvent en mourir. Consommés par les humains, cela peut créer un problème de santé pour eux», explique l’expert. Pour lui, les masques déjà utilisés sont considérés comme des déchets infectieux qui nécessitent des traitements particuliers. Ils ne doivent pas traîner au vu et au su des humains et des animaux au risque d’être contagieux.
Dans le cas où ils sont directement jetés dans la nature, ils deviennent des éléments à risque exposant notamment les agents de collecte d’ordures et de nettoyage de la voirie. Les enfants peuvent les ramasser et jouer avec, prévient-il. à ce titre, ils constituent un vecteur de pollution à long terme, donc dangereux pour notre écosystème et pour la santé humaine. Aussi, ces masques déjà utilisés peuvent s’ajouter aux déchets qui bouchent les caniveaux et peuvent perturber le traitement des eaux usées.
Concernant la pollution des eaux du fleuve par ces masques souillés, Moussa Diarra explique qu’une partie est lessivée par les eaux de ruissellement. Ceux qui sont jetés dans les toilettes peuvent se retrouver dans les cours d’eau durant l’épuration.
Pour y faire face, l’environnementaliste recommande les masques réutilisables. Ils sont plus économiques et impactent moins l’environnement. «Il est vrai qu’il avait été dit initialement que les masques en tissu n’étaient pas très efficaces. En termes de prévention, ils peuvent être une alternative acceptable, non pas pour les professionnels de santé mais pour le citoyen lambda», insiste le spécialiste. Moussa Diarra attire aussi l’attention sur la nécessité d’une bonne utilisation des masques en tissu.
Anne-Marie KEÏTA
Source : L’ESSOR