Le Maroc serait-il le superman de la sécurité alimentaire mondiale ? C’est bien possible étant donné le contexte actuel : les réserves mondiales de phosphate, un minerai essentiel à la production d’ADN, à la formation des os et des dents, ainsi qu’à la création d’engrais alimentaires, suscitent des préoccupations. Les dernières rencontres annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, qui se sont tenues à Marrakech du 9 au 15 octobre, ont mis en lumière l’importance cruciale de la chaîne d’approvisionnement en phosphate pour la sécurité alimentaire, rapporte BFM TV, le 24 octobre 2023.
Les phosphates, ressources essentielles pour la production d’engrais alimentaires, ne peuvent pas être synthétisés artificiellement, et leur extraction est limitée. Chakib Jenane de la Banque mondiale souligne auprès de BFM TV que “les engrais sont responsables d’environ 50 % de notre production alimentaire mondiale”. Pour maintenir la production alimentaire en adéquation avec la croissance démographique en Afrique, il est impératif d’augmenter l’approvisionnement en engrais, qu’ils soient organiques ou chimiques.
1 000 dollars la tonne de phosphate diammonique
Le coût des engrais alimentaires a récemment explosé, atteignant près de 1 000 dollars la tonne pour le phosphate diammonique en 2022. Cette augmentation des prix est attribuable aux sanctions imposées à la Russie et à la Biélorussie en réponse à l’invasion de l’Ukraine, ainsi qu’aux restrictions commerciales mises en place par la Chine dans le cadre de sa politique “zéro Covid”. Bien que les prix aient connu une baisse cette année, celle-ci ne s’explique pas par un regain de développement. Chakib Jenane rappelle que le marché des minerais est intrinsèquement volatile, mais la récente crise des coûts de l’énergie a eu un impact direct sur les prix des engrais. Les agriculteurs pourraient être tentés de réduire l’utilisation d’engrais en raison de leur coût élevé, mais cela entraînerait une diminution de la production et de la qualité des récoltes, augmentant ainsi les prix alimentaires.
Le Maroc joue un rôle central dans cette question, car il abrite le plus grand producteur mondial d’engrais, le groupe marocain OCP. Selon Ilias El Fali, directeur des opérations d’OCP, l’Afrique détient la clé pour garantir la sécurité alimentaire mondiale. Actuellement, l’Afrique n’utilise qu’un dixième des engrais mondiaux, avec des rendements agricoles moyens représentant un quart de la moyenne mondiale. De plus, 60 % des terres arables du monde se trouvent en Afrique, donnant ainsi au continent un potentiel considérable pour non seulement assurer sa propre sécurité alimentaire mais aussi nourrir le reste du monde.
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