En visite en Israël ce 24 octobre, Emmanuel Macron a exprimé sa solidarité après l’attaque sanglante du Hamas, et proposé une « coalition » internationale pour « lutter » contre le mouvement islamiste palestinien. À Jérusalem, le président français a présenté les « condoléances » d’un « pays ami, éploré devant l’acte terroriste le plus terrible de votre Histoire ».
« C’est une page noire de notre propre histoire », « nos deux pays sont liés par le même deuil », a-t-il dit, le ton grave, au côté du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, qui a évoqué « une guerre entre la barbarie et la civilisation », promettant une fois de plus de « détruire » le Hamas. Plus tard, de Ramallah en Cisjordanie, Emmanuel Macron a aussi rappelé que « rien ne saurait justifier » les « souffrances » des civils à Gaza.
Cette visite intervient après l’émotion suscitée en France par l’attaque sans précédent du mouvement palestinien sur le sol israélien le 7 octobre. Elle a fait plus de 1 400 morts, en très grande majorité des civils, parmi lesquels trente Français ou Franco-Israéliens. Au dix-huitième jour de guerre, les frappes de représailles menées par l’armée israélienne sur la bande de Gaza ont fait près de 5 800 morts, également civils pour la plupart, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Coalition étendue
Alors que la France affirme le droit d’Israël à se défendre dans le respect du droit international, Emmanuel Macron a formulé une proposition, celle de « bâtir une coalition régionale et internationale » pour « lutter » contre le Hamas. Selon son entourage, il s’agirait de créer une nouvelle coalition, ou d’étendre au combat contre le Hamas celle qui existe depuis 2014 pour lutter le groupe État islamique en Syrie et en Irak, à laquelle participent Paris mais aussi des pays arabes.
Cela dépendra « de ce qu’Israël demandera », plaide-t-on côté français, tout en estimant qu’une offensive terrestre à Gaza, envisagée par l’armée israélienne, « serait très difficile à mener dans le respect » du « droit international ».
« Ne pas ouvrir de nouveaux fronts »
Dès son arrivée à l’aéroport de Tel-Aviv, le président français avait rencontré des familles de Français ou Franco-Israéliens tués, disparus ou retenus otages dans la bande de Gaza, dont celle de Mia Shem dont une vidéo a été diffusée la semaine dernière par le Hamas. Il a revu à la hausse le bilan en affirmant que neuf Français ou Franco-Israéliens étaient otages ou portés disparus.
« Le premier objectif que nous devrions avoir aujourd’hui est la libération de tous les otages, sans aucune distinction », a déclaré Emmanuel Macron lors d’un tête-à-tête avec son homologue israélien, Isaac Herzog. Après la libération de quatre femmes par le Hamas, environ 220 otages sont encore retenus dans la bande de Gaza, selon les autorités israéliennes.
Le président français a également prévenu toutes les parties qu’il ne fallait pas « élargir le conflit ». Mettant en garde contre « une conflagration régionale dont chacun sortirait perdant », il a appelé nommément « le régime iranien » et ses alliés régionaux, « le Hezbollah » libanais et « les Houthis au Yémen », à « ne pas prendre le risque inconsidéré d’ouvrir de nouveaux fronts ».
Reconnaissance mutuelle
À Jérusalem puis à Ramallah, en Cisjordanie occupée, où il a rencontré le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, Emmanuel Macron a aussi insisté sur la nécessité d’une « relance décisive du processus politique avec les Palestiniens », avec la solution à deux États se reconnaissant mutuellement en ligne de mire. « Nous vous exhortons, président Macron, à faire cesser cette agression », lui a lancé Mahmoud Abbas, faisant porter à Israël « et les pays qui le soutiennent la responsabilité du conflit ». Sans citer le Hamas, il a condamné les bombardements israéliens « qui tuent des civils innocents d’une manière barbare ».
« Je vois, j’entends les souffrances des populations civiles à Gaza », « rien ne saurait les justifier », a répondu le président français. Mais s’il a appelé à une « protection humanitaire », il n’est pas allé jusqu’à évoquer publiquement la « trêve humanitaire » pouvant ouvrir la voie à un futur « cessez-le-feu », comme l’avait fait son gouvernement.
La mine fermée, il a en revanche insisté sur le fait que le président palestinien avait eu à huis clos « des propos très clairs pour condamner cette attaque terroriste et pour condamner le Hamas ». « L’avenir » des Palestiniens « passe par une lutte sans merci et sans ambiguïté contre le terrorisme », a-t-il prévenu.
Les Qataris optimistes
Emmanuel Macron devait ensuite s’envoler pour Amman où, selon l’Élysée, il rencontrera « probablement » le roi Abdallah II et « peut-être d’autres dirigeants de la région ». La visite du président français intervient après celles du président américain, Joe Biden, ou du Premier ministre britannique, Rishi Sunak. Il avait dit ces derniers jours vouloir se rendre en Israël lorsque sa venue serait « utile ».
Parallèlement, le ministère qatari de Affaires étrangères, impliqué dans les efforts visant à libérer les otages du Hamas, a déclaré hier avoir « bon espoir » de parvenir à d’autres libérations. Le Qatar mène une intense activité diplomatique depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas. Doha a pour l’instant obtenu la libération de quatre otages : deux Américaines le 20 octobre et deux Israéliennes le 23.
Le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, Majed Al-Ansari, a néanmoins mis en garde contre l’escalade de la violence dans la bande de Gaza et les difficultés logistiques pour faire sortir les otages.
Le Qatar accueille le bureau politique du Hamas depuis 2012. Le porte-parole du ministère a assuré que le bureau du mouvement palestinien communiquait « efficacement » avec ses membres dans la bande de Gaza en vue de la libération des otages. L’émirat fournit depuis des années une aide financière à la bande de Gaza coordonnée, selon lui, avec Israël, les Nations unies et les États-Unis.
jeuneafrique (Avec AFP)