Le scandale des marchés des matériels médicaux est en passe d’éclater au grand jour. L’audit en vue sera suivi de la saisine du procureur en charge du Pôle économique et financier. Les faits concernent tous les marchés des Csréf et Cscom de 2013 à 2019.
Chaque année, l’Etat et certains partenaires techniques et financiers interviennent financièrement dans le fonctionnement des Centres de santé communautaires (Cscom) et les Centres de santé de Références (Csréf), à coup de milliards de F CFA. Ces aides qui ne faiblissent pas au fil des ans, sont faites en nature, à travers l’achat de matériels et équipements médicaux. Les intervenants sont pourtant loin de douter que ce créneau est une mafia et une voie ouverte à la corruption et à l’enrichissement illicite. Plus qu’une boite à pandore.
Il y a un véritable scandale des marchés des matériels et équipements médicaux qui a atteint des proportions inquiétantes. Des surfacturations, marchés fictifs ou non livrés ont été détectés dans la plupart des Cscom et Csréf. Des fournisseurs soupçonnés dans ces pratiques sont déjà étiquetés avec des preuves à l’appui. Il nous revient que la pratique qui a cours depuis plusieurs années, est prise très au sérieux comme étant la cause essentielle du dysfonctionnement et du manque de performance de ces structures sanitaires.
Selon une source proche de ce dossier, l’enquête va concerner les marchés d’appel d’offre des Cscom et Csréf des 6 dernières années (de 2013 à 2019). A ses dires, beaucoup de têtes risquent de tomber au sein du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique et surtout des opérateurs économiques fautifs. Il s’agit là d’une démarche de moralisation des dépenses publiques qui s’inscrit dans le cadre de la lutte contre la corruption et la délinquance financière prônée par le Président de la Transition, le colonel Assimi Goïta. Celui-ci promet d’ouvrir tous des dossiers pendants au Pôle économique et financier surtout ceux relatifs aux équipements militaires qui connaissent les mêmes méthodes de marchés octroyés non-livrés et de surfacturations. De l’argent pompé des fonds affectés à la Loi de programmation militaire (Lopmi).
Les Cscom et Csréf occupent une place de choix dans la pyramide sanitaire malienne. Situés au bas de l’échelle, de par leur proximité aux populations, ils accueillent des dizaines de milliers de patients par an. L’aide de l’Etat et des partenaires bilatéraux et même multilatéraux en leur faveur est un bol d’oxygène. Toutes les structures sanitaires de Bamako et même de l’intérieur du pays, y compris les grands hôpitaux comme le CHU Gabriel Touré, connaissent une sarabande dans leur gestion. Pis, des hémorragies financières sur la base de marchés douteux, conséquence de la contre-performance financière y sont légion.
Abdrahamane Dicko