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Marche des leaders religieux : Pour la défense de l’intégrité territoriale ou pour un positionnement politique ?

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Il convient de rappeler qu’a eu lieu à Bamako jeudi dernier une marche, dit-on de la société civile pour dire à l’opinion nationale et internationale que le peuple malien s’oppose fermement à une quelconque partition du territoire national, à la moindre idée d’autonomie des régions du Nord ou de fédéralisme quel que soit le contenu qu’on pourrait lui donner. Il faut commencer par dire que cette marche qui s’est déroulée de la place de la Liberté au monument de l’Indépendance a été une réussite totale en terme de mobilisation des femmes et des hommes.

Sur les nombreuses pancartes, on pouvait lire entre autres : «Abas l’Azawad» ; «Non à l’indépendance» ; «Non à l’autonomie» ; «Non au fédéralisme» ; «Vive l’armée malienne». Il faut donc dire que cette marche s’est déroulée pendant que les pourparlers étaient en cours dans la capitale algérienne. Il y a donc, de prime abord un message adressé aux autorités françaises pour leur dire que la partition de notre territoire est tout simplement inacceptable.

 

Aux autorités du Mali, la marche recommande de refuser catégoriquement toute compromission avec la France et de ne point faire langue à propos d’une quelconque question d’autonomie, de fédéralisme, encore moins d’indépendance de ce que l’on appelle à tort l’Azawad.

 

A la fin de cette grande marche tenue le jeudi 25 septembre, la foule a eu droit à des interventions entre autres de Mahmoud Dicko, président du Haut Conseil islamique du Mali (HCIM) et de Chérif Madani Haïdara d’Ansardine. Au-delà du message à l’adresse de la «communauté internationale», les deux leaders religieux musulmans ont profité du micro de l’ORTM pour nier (verbalement s’entend) tout différend entre eux. Main dans la main, Dicko et Haïdara ont appelé les Maliens à l’union des cœurs et des esprits face à la problématique de la paix au Nord-Mali. Etaient de la marche des maires et des députés, les mains dans les mains comme si leurs étaient vraiment unis pour la cause du Mali.

Cependant, il importe de rappeler cette célèbre réflexion de Lénine selon laquelle il faut apprendre à voir derrière les déclarations juridiques, politiques, religieuses et esthétiques, qui dit quoi, qui est qui et qui fait quoi. A l’absence de cet impérieux discernement dans les discours au regard des actes, Lénine avertit qu’il y a fort à parier que l’on devienne la dupe naïve desdites déclarations.

 

Ce discernement s’impose aujourd’hui à toute la jeunesse malienne sans distinction aucune (religieuse ou non) car l’histoire très récente du Mali enseigne que lorsque Dioncounda Traoré a fait appel à l’armée française pour qu’elle intervienne dans le nord du Mali, non seulement il s’est passé de l’avis de l’Assemblée nationale d’alors, mais aussi, personne n’a levé le simple doigt pour dire «attention à la tentative de partition du Mali dont la France pouvait se rendre coupable».

 

En tout cas, il n’y a pas eu de critique de la part des leaders religieux ; à notre connaissance, c’est le MP 22 qui a marché pour demander que l’on donne des armes à notre armée nationale pour la reconquête du Nord. Aucun de ces leaders n’a marché à Bamako pour dire à la «communauté internationale» de remettre à notre armée les armes que les contribuables maliens ont payées de leur sueur et l’on a, hélas, bloquées dans le port de Conakry et cela au nom de la CEDEAO. Aucune marche de cette «société civile» n’a eu lieu contre le drame d’Aguelhok en 2012 et de Kidal en mai 2014.

 

Les pourparlers de Ouagadougou à propos de la «transition» ont eu l’allure des grandes valses politiciennes. Mais cette première montagne a accouché d’une souris, hélas ! Dans la capitale du Burkina Faso, bien de Maliens, y compris les religieux, se sont livrés à des bagarres politiciennes sans queue ni tête, en tout cas ce n’est pas le Mali qui avait préoccupé ceux qui ont effectué le déplacement sur Ouagadougou.

 

Pour tenir la présidentielle, l’envoyé de Dioncounda Traoré, Tiébilé Dramé, a concocté des accords appelés «accords préliminaires de Ouaga». Mais les choses n’ont pas pris la direction que certains voulaient à tout prix : IBK élu a préféré Alger à Ouaga. Comme de ce côté rien ne semble clair depuis que les pourparlers ont débuté dans la capitale algérienne, l’occasion semble trouvée pour lever le doigt pour se positionner dans la grande tourmente. C’est là qu’il est aisé de dire que le Mali reste un et indivisible.

Pendant que la préférence des autorités françaises penchent de plus en plus clairement pour la partition du Mali (en tout cas le soutien de la France au MNLA ne fait plus de doute), des informations filtrent peu à peu sur l’implication de hauts placés du régime IBK dans la surfacturation, les malversations financières et cela dans les milliards promis au Mali et décaissés par le Fonds monétaire international (FMI). A ce niveau, la visite de travail des émissaires de cette institution financière n’a échappé à personne.

Ce n’est pas tout : la rentrée parlementaire qui est prévue pour octobre peut conduire à des soubresauts politiques aux lendemains imprévisibles. A ce stade, il serait question du départ de Moussa Mara de la primature. On ne saurait prédire à cet instant la tournure que prendraient les événements. Mais une seule certitude, c’est que les déchus du pouvoir restent à l’affût de même que certains ténors du RPM. C’est dire qu’IBK se trouve sur une pente glissante.

 

Ne sachant pas dans quelle direction le vent va souffler, les leaders religieux ne peuvent déjà tenter de se positionner sur l’échiquier politique national. En tout cas, Marx a toujours soutenu que «le prêtre (le religieux) est soit du côté du roi contre le peuple, ou du côté du peuple contre le roi».

 

Comme le dirait cet adage anglais : «wait and see».

 

Fodé KEITA

SOURCE: Inter De Bamako
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