Le samedi dernier, une frange importante de la société civile malienne s’était donnée rendez-vous au pied du monument de l’indépendance pour une marche pacifique contre la situation qui prévaut depuis quelques temps à Anéfis et à Kidal. Au cours de cette marche, ils ont dénoncé la politique de deux poids deux mesures des partenaires du Mali et invité par ailleurs l’Organisation des Nations Unies à revoir sa copie afin de rétablir l’autorité de l’Etat du Mali sur l’ensemble de son territoire.
A l’appel du président de la coordination des organisations démocratique, Ali Nouhom Diallo, pour une marche pacifique contre la situation qui prévaut actuellement à Anefis et à Kidal, seuls quelques compagnons de lutte de l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adema Association) et certaines figures de l’opposition ont répondu présents. La marche a pris son envol au pied du monument de l’indépendance et s’est achevée au monument des martyrs. On pouvait lire entre autres slogans sur les pancartes et les banderoles des manifestants « Non à la politique de deux poids deux mesures. Kidal et Anefis font partie intégrante du Mali. Non à l’obligation faite aux forces de résistance patriotique de quitter Anefis. Non à la réoccupation d’Anefis par la CMA. Non à une médiation partisane. Vive le retour de l’armée », tels étaient les messages forts de cette marche. Prenant la parole, l’ex président de l’Assemblée Nationale du Mali a estimé que notre pays, fidèle à ses tradition ne se laissera pas dicter sa conduite par une puissance étrangère. Selon lui, notre peuple vient d’être une fois de plus inspiré par nos voisins Burkinabé. « le peuple du pays des hommes intègres s’est opposé à ce qu’on leur dicte, ce qu’ils ont à faire pour construire le Burkina Faso. On ne nous dictera pas non plus ce que nous devons faire pour reconstruire la nation malienne, pour recouvrer l’intégralité de notre territoire nationale, pour que le gouvernement du Mali exerce sa souveraineté sur toute l’étendue du territoire. Nous sommes venus dire que Kidal, Anefis font partie intégrante de la République du Mali » a-t-il déclaré .Et d’ajouter qu’il est inconcevable que les fils du Mali ne puisse pas circuler librement sur toute l’étendue du territoire. « Les Maliens doivent être libres de se mouvoir sur toute l’étendue du territoire national », a t-il précisé. Partant, il a estimé que le rôle dévolu à la Minusma est d’appuyer les autorités maliennes pour qu’elles puissent recouvrer l’intégralité du territoire. A l’en croire, la Minusma qui devrait épauler les autorités maliennes s’érige en une force d’interposition entre les groupes armés .Par ailleurs, il a invité les Maliens à se tenir debout comme le peuple du Burkina Faso. « Tous les Maliens doivent être debout, civiles et militaires, main dans la main pour recouvrer l’intégralité de notre territoire. Seuls les Maliens, autour de la table de la conférence d’entente nationale, peuvent définir les nouveaux rapports, le nouveau contrat social .Je suis convaincu que seul le peuple debout remportera la victoire, réunifiera le Mali» a-t-il souligné. Toutefois, il a rappelé que le Mali est un peuple souverain et qui n’a pas à se rabaisser pour qu’on puisse le remettre dans sa souveraineté. Notre pays, explique t-il, est un Etat membre des Nations Unies et l’Onu à l’obligation de le protéger. Il n’a pas passé sous silence les mauvaises résolutions des Nations Unies qui ont conduit à la division du Soudan, de la Yougoslavie, la Serbie , à l’assassinat du guide libyen Mouammar Kadhafi, de Saddam Hussein.
Amadou Koïta du parti Socialiste Yelen Koura pour sa part, a ajouté qu’il est venu répondre à l’appel à la souveraineté du Mali. Selon lui, s’il y a un bien commun que les fils du Mali partagent, c’est le Mali. « Nous sommes venus dire à la communauté internationale que si son aide ne nous aide pas à de passer de l’aide, nous n’avons plus besoin d’elle. Autant nous avons applaudi la France quand elle nous a aidé à libérer Gao, Tombouctou autant nous sommes restés sur notre faim quand elle nous a empêché d’entrer à Kidal. Le peuple Malien est patient mais il sait se révolter. Nous sommes prêts à rééditer la révolution de 1991 », a t-il déclaré.
Mme Sy Kadiatou Sow, présidente de l’Alliance pour la démocratie au Mali, a ajouté que la politique de deux poids deux mesures ne saurait perdurer. Selon elle, lorsque les groupes séparatistes violent le cessez-le feu, c’est à peine qu’ils sont dénoncés, mais quand les groupes d’auto-défense se mettent à défendre les populations, en ce moment on crie qu’il y a violation du cessez-le feu. « L’armée du Mali est là pour tout le monde. Ce n’est pas une marche contre les Nations Unies mais les Maliens en ont gros sur le cœur .Le Mali n’est pas un pays divisé en deux, il faut que l’armée soit redéployée sur l’ensemble du territoire », a-t-elle déclarée.
Boubacar SIDIBE
source : Le Prétoire