Suite à la diffusion d’une vidéo tournée par la chaîne américaine CNN, il y a quelques jours de cela, montrant des migrants vendus aux enchères en Libye, la jeunesse malienne appuyée par certains camarades de la communauté africaine vivant au Mali, a organisé, hier lundi, une manifestation de protestation contre cette pratique moyenâgeuse devant la représentation diplomatique de la Libye à Bamako.
À l’appel des organisations de la société civile, des Associations de migrants, de jeunesse et des partis politiques, ils étaient, hier lundi, une centaine de manifestants à se rassembler devant l’Ambassade fantomatique de Libye à l’ACI 2000.
Cette manifestation rentre dans la même logique de mobilisation des organisations, associations et hommes politiques du monde entier contre une pratique renaissante en Libye considérée comme révolue. La mobilisation d’hier lundi était l’initiative du Mouvement « Trop c’est Trop », de l’Association malienne des expulsés (AME). La centaine de manifestants, banderoles en main, a dénoncé de vive voix le marchandage et l’esclavage des migrants en Libye.
Sur les différentes banderoles, on pouvait lire : « Non à l’esclavage, l’homme noir n’est une valeur marchande » ; « En Libye, nous ne sommes que des esclaves » ; « L’homme n’est pas une valeur marchande ».
Sur les lieux, on notait la présence de certains leaders politiques et d’organisations de la société civile venues prêter mains- fortes à la jeunesse en colère contre les responsables de cette barbarie inhumaine pratiquée en Libye.
Il s’agit entre autres de : Tiébilé DRAME, président du PARENA ; les anciens ministres Dramane DEMBELE et Djiguiba KEITA dit PPR ; du Dr Adama TRAORE, responsable de la société civile, du Dr Étienne Fakaba SISSOKO, leader de jeune, etc.
Rappelons que le président de la République, Ibrahim Boubacar KEITA, dans un communiqué diffusé dimanche dernier, s’est dit « profondément préoccupé et indigné » par le traitement « inhumain et dégradant » réservé aux migrants africains en Libye. Dans ce pays, de nombreux Maliens seraient parmi les migrants détenus dans les prisons.
De son côté, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a procédé au rappel du Chargé d’affaires du Mali en poste à Tripoli pour consultation.
Une décision qui a été saluée, hier lundi, par les manifestants en sit-in devant l’Ambassade de la Libye au Mali.
Tour à tour, les différents responsables ont pris la parole pour dénoncer ce qu’il qualifie d’inadmissible.
Dans son intervention le président Tiébilé DRAME, a salué l’initiative des jeunes d’organiser cette manifestation.
De son avis, ce rassemblement aurait dû lieu ailleurs que devant, dit-il, « l’Ambassade fantôme » de la Libye pour interpellé la conscience africaine. Notamment, devant le bureau de l’Union africaine, du gouvernement malien qui, de son avis, ont tardé à réagir, à alerter, à prendre les mesures qu’il faut pour arrêter l’ignominie.
M. DRAME, regrette que cette pratique n’ait pas commencé aujourd’hui. Selon lui, toute la communauté internationale est au courant de ce qui se passe en depuis longtemps en Libye avec les migrants.
De son côté, le Dr Adama TRAORE a souligné qu’il ne s’agit pas d’une question de migration, mais de traite des Nègres. Une pratique insultante pour le noir qui, de son avis, est à l’origine de l’humanité.
Il s’est indigné de constater que le noir est vendu comme une bête de foire en Libye et maintenu en esclavage en Mauritanie, persécuté en Algérie, des pays du continent. Il a mis en garde tous les dirigeants qui se rendront complices de cette pratique. C’est pourquoi, il a tenu à saluer cette mobilisation qui doit être cette de l’Afrique.
Dans une déclaration distribuée à la presse sur place par les organisateurs, il est notamment rappelé les dispositions de l’article 4 de la Déclaration universelle des droits de l’homme du 10 décembre 1943 et du Pacte international relatif aux droits civils et politiques en vertu desquels « Nul ne sera tenu en esclavage ; l’esclavage et la traite des esclaves, sous toutes leurs formes, sont interdits.
Réitérant notre foi à la charte africaine des droits de l’homme et des peuples qui souligne que “Toutes formes d’exploitation et d’avilissement de l’homme, notamment l’esclavage, la traite des personnes, la torture physique ou morale, et les peines ou les traitements cruels, inhumains ou dégradants sont interdits…
Par conséquent, ils ont interpelé les Nations unies et toute la communauté internationale sur tragédie en cours en Libye :
‘Nous interpellons les Nations unies et toute la communauté internationale prendre des mesures nécessaires pour le respect des instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l’homme notamment : le Protocole amendant la Convention relative à l’esclavage signée à Genève le 25 septembre 1926, la Convention supplémentaire relative à l’abolition de l’esclavage, de la traite des esclaves et des institutions et pratiques analogues à l’esclavage, la Convention sur le travail force et plus précisément ; la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants les membres de leur famille. Exigions les mesures concrètes et immédiates de la part de l’Union africaine pour faire cesser ces pratiques non seulement en Libye, mais aussi sur tout le continent ; saluons la décision combien courageuse du gouvernement du Mali de rappeler le chargé d’Affaires pour consultation en signe de protestation contre les exactions inhumaines contre nos frères en Libye ».
Par Abdoulaye OUATTARA
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