Le président de la Chambre des mines du Mali, Abdoulaye PONA, accompagné des présidents régionaux et responsables de groupements des trois régions minières du Mali étaient, le vendredi dernier, face à la presse. Il s’agissait de faire le point de la situation délicate de leur organisation qu’ils imputent à une mauvaise foi des autorités et dénoncer une immixtion du ministre de tutelle dans leurs affaires intérieures.
Autour du président PONA, on notait la présence des présidents des chambres des régions de Kayes, Mamadou TOURE ; Amadou SY de Sikasso et Mamadou Lamine DIARRA de Ségou, représentant également des présidents des autres régions n’ayant pu faire le déplacement.
Le conférencier a expliqué qu’il se brouillait fréquemment avec les autorités, notamment les ministres de tutelle, depuis 2013, au sujet des rapports entre les deux parties. Loin d’une ‘’quelconque indiscipline de M. PONA’’, il s’agit, selon lui, de sa volonté de défendre de façon impartiale le secteur et ses membres.
« J’ai plus de trente années d’expérience dans ce secteur. Je n’avais jamais rencontré autant de difficultés avec les autorités que ces dernières années. La Chambre est un outil, une volonté de l’État du Mali bâtie autour des lois et des principes que nous défendons à tout prix. Toute chose qui nous oppose très souvent aux ministres de la tutelle qui ambitionnent souvent de tordre le cou à la loi », a expliqué le président de la Chambre des mines. C’est d’ailleurs l’un des motifs principaux qui opposent ces derniers temps la chambre au ministre des Mines, le Pr Tiémoko SANGARE, a-t-il indiqué.
Selon le conférencier, le ministre SANGARE et ses services ont outrepassé leurs prérogatives en mettant la Chambre entre parenthèses, pour aller vendre directement des cartes professionnelles aux miniers sur le terrain. Cette carte, au-delà de son prix exorbitant (10 000 francs CFA), est considérée par les orpailleurs comme une camisole de force, à travers son imposition à tous (même ceux qui ne sont pas des orpailleurs), a regretté le conférencier. Ce comportement qui viole toutes les lois et les règles du secteur est à l’origine d’un scandale aujourd’hui, nous a-t-il expliqué. Si l’État ne prend pas rapidement des mesures pour mettre fin à cette pratique, les zones d’orpaillage de notre pays ne seront pas à l’abri d’un soulèvement aux conséquences désastreuses, a-t-il prévenu.
Selon le président PONA, le Gouvernement, à travers le ministère des Mines, a confectionné pas moins de 70 000 cartes dites professionnelles, dont il a engagé le processus de distribution et de vente sur le terrain alors que cette prérogative relève de la Chambre des Mines uniquement. Il s’agit, selon lui, d’une violation du Code minier dans notre pays et une volonté du ministre des Mines de mettre les miniers davantage dos à dos.
Face à la situation inacceptable, le président de la Chambre des mines a appelé ses collaborateurs et l’ensemble des acteurs à l’union pour parler d’une seule voix.
« Nous avons élaboré notre feuille de route que le Gouvernement a rejetée ; nous disons à notre tour niet à cette politique du ministre », a martelé le conférencier.
Les présidents des régions et les responsables de groupements d’orpailleurs venus de nombreuses localités du pays ont témoigné de la présence de ces cartes sur le terrain. Ils ont exprimé leur soutien indéfectible au président Abdoulaye PONA dans sa démarche avant de lui donner l’assurance qu’ils ne « mettront jamais ces cartes sur le marché ».
« Nous avons enfin tout compris, nous nous associons pleinement à votre démarche Monsieur le président, pour barrer la route aux fossoyeurs de notre secteur. Nous ne reconnaissons désormais de carte que celle mise à notre disposition par notre chambre », a indiqué un responsable de la région de Sikasso.
Beaucoup d’invités ont reconnu que le problème de ces cartes se pose uniquement dans la localité de Kokoyo où un certain Seydou KEITA, en complicité avec les autorités du département des Mines, au nom d’une fédération de miniers qui n’existe que de nom, harcèle les paisibles populations.
« On ne peut pas interdire à nos enfants de vivre dans leur espace villageois au motif qu’ils n’ont pas de carte professionnelle d’orpailleur, alors que tous ne pratiquent pas l’activité », a ajouté un autre participant.
Face à la situation, ils ont invité la Chambre à être plus présente sur le terrain pour déjouer les campagnes d’intoxication menées par des personnes de mauvaise foi.
« Il s’agit d’un secteur composé en majorité d’analphabètes, même s’ils sont de bonne foi, ils ont du mal à faire la part des choses entre le vrai et l’ivraie », a-t-on fait comprendre.
Le second volet de cette conférence a porté sur la thèse du financement du terrorisme dans notre pays par le secteur minier, distillé, ces derniers temps par certains milieux politiques et de renseignement. Vrai ou faux, les miniers se disent offusqués par ces propos qui font de leur secteur, un soutien indéfectible à l’économie nationale, la risée du monde entier.
Par Sidi DAO
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