Dans une lettre adressée au Secrétariat Général de la Présidence de la République, au Ministère des Collectivités Territoriales, à celui des Affaires Etrangères et plusieurs chancelleries, le Collectif pour la Défense de la République (CDR) attire l’attention des autorités et la Communauté internationale sur les dangers qui planent sur la Présidentielle de juillet 2018 pouvant conduire à une crise postélectorale.
En principe, la Présidentielle aura lieu le 29 juillet prochain. C’est le moment choisi par le Collectif pour la Défense de la République (CDR) d’attirer l’attention des autorités maliennes et de la Communauté malienne sur des aspects qui peuvent conduire à une crise postélectorale. Il s’agit surtout du faible taux d’enrôlement des Maliens afin qu’ils bénéficient des cartes « NINA » pour participer au vote. Ce constat a été établi à la suite de la campagne du CDR qui a conduit son porte-parole, Youssouf Aly Bathily dit Rast Bath à l’intérieur et à l’extérieur du Mali. Au cours de cette campagne dénommée « Ma carte Nina, mon arme », il ressort que: «près de 2/3 des jeunes entre 18 et 24 ans n’ont pas pu être enrôlés, plus de la moitié des Maliens qui ont été enrôlés n’ont pas obtenu leurs cartes NINA», peut-on lire dans la lettre. La lettre révèle le témoigne du Consul du Mali au Gabon et du Premier Vice-président du Conseil de Base des Maliens du Gabon, M. Diawara. «Il y a plus de 50.000 Maliens résidant au Gabon. Mais le Consulat n’a reçu que 2000 cartes NINA et 1000 cartes consulaires».
En ce qui concerne la Côte-d’Ivoire où vivent plus de 3 millions de Maliens, l’État n’a envoyé que 58.000 cartes NINA, sans le Budget de distribution de ces cartes aux Maliens qui, révèle la lettre, sont en grande majorité dans les Régions ; notamment dans les zones agricoles. Une situation qui, selon le Ministre Conseiller et 1er Vice-président du Conseil de Base des Maliens de Côte-d’Ivoire, met en grandes difficultés les Maliens vivants en Côte-d’Ivoire. Car, depuis l’attaque terroriste de Grand-Bassam, les autorités ivoiriennes exigent des pièces biométriques. «Même les opérations bancaires sans les cartes biométriques NINA sont devenues des casse-tête pour les Maliens de Côte-d’Ivoire», affirme le CDR dans sa missive. Ces difficultés, rencontrées dans ces deux pays, ont amené nos concitoyens à proposer à l’État de payer de leurs poches les machines d’enrôlement et le salaire du personnel. Une proposition qui, aux dires du CDR, a été «refusée» par l’État malien.
En Espagne, la situation n’est pas plus reluisante. «En Espagne, l’Ambassadeur nous a dit qu’il ne dispose que de deux machines de RAVEC à Madrid et une faible dotation en cartes et passeports, insuffisante par rapport à la demande».
Le Togo et le Sénégal, même galère
Selon le CDR, au Togo où il y a plus de 5000 Ressortissants maliens, il n’y a ni Ambassadeur ni Consul.
« Au Sénégal, l’Ambassade couvre la Gambie, la Guinée-Bissau et le Cap Vert. Les cartes Nina qui ont été envoyées pour les Maliens de ces trois pays sont stockées à Dakar pour faute de Budget de distribution».
Si les conditions dans les autres pays peuvent trouver des explications quelconques, il ne peut en être ainsi pour le cas de Bamako où le centre de Korofina a fini par convaincre que le système est en panne. La Délégation Générale aux élections a fait le même constat que le CDR au lendemain des Communales de 2016.
Faute de carte «NINA», beaucoup ne pourront pas participer à l’élection du futur Président de la République. Un sentiment d’exclusion qui peut conduire à des crises postélectorales. Les exemples sont à foison dans la Sous-région. Il devient dès lors impérieux que le Gouvernement mette vite en œuvre son projet de confection de cartes d’électeurs pour prévenir toute crise postélectorale. Le temps est à l’action. Et ils doivent bouger pour une élection plus inclusive et transparente. Il y va de la stabilité du Mali.
Mohamed Sangoulé DAGNOKO
LE COMBAT