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Manifestation monstre contre le président burkinabè

Des centaines de milliers de Burkinabè sont descendus dans la rue ce mardi 28 octobre pour dénoncer un projet de révision constitutionnelle permettant le maintien au pouvoir du président Blaise Compaoré. La manifestation est d’une ampleur historique sur le continent. Des violences ont eu lieu entre protestataires et forces de l’ordre.

 BURKINA-POLITICS-OPPOSITION-DEMO

Une marche organisée dans la capitale Ouagadougou a rassemblé «un million» de personnes, selon l’opposition. Le cortège, massif, s’était ébranlé vers 11h30 suisses, alors que la place de la Nation, point central de la capitale, débordait de monde.

Selon le correspondant de l’AFP, la fréquentation est bien supérieure à celle de la marche du 23 août, qui s’étendait sur plusieurs kilomètres. L’opposition avait alors revendiqué plus de 100’000 participants. Sifflets et vuvuzelas constamment à l’œuvre, les protestataires arboraient des milliers de pancartes hostiles au régime, parmi lesquelles: «Judas, libérez les lieux», «Blaise dégage» ou encore «Article 37 intouchable».

Une telle mobilisation populaire pour une manifestation politique est rare en Afrique sub-saharienne.

Pierres et gaz lacrymogènes

Des affrontements ont éclaté en début d’après-midi, avec plusieurs centaines de manifestants qui lançaient des pierres sur les forces de l’ordre, celles-ci ripostant avec des gaz lacrymogènes. Des opposants ont tenté de marcher en direction de l’Assemblée nationale, mais en ont été empêchés par la police. Les manifestants ont aussi incendié des pneus au cours de cette confrontation survenue sur le rond-point des Nations unies.

Ces heurts ont pris fin en cours d’après-midi. Un premier constat faisait état de plusieurs blessés côté manifestants, selon l’AFP. Le trafic a progressivement repris dans l’après-midi sur l’avenue de la Nation, l’une des principales artères du centre de la capitale. Mais la police cherchait toutefois à déloger encore plusieurs centaines de protestataires qui entendaient occuper la place de la Nation.

L’opposition avait appelé à manifester dans tout le pays contre ce qu’elle appelle un «coup d’Etat constitutionnel» du président Compaoré, au pouvoir depuis 27 ans.

Examen du projet jeudi

L’Assemblée nationale doit examiner jeudi un projet de loi gouvernemental très controversé, visant à réviser l’article 37 de la loi fondamentale pour faire passer de deux à trois le nombre maximum de quinquennats présidentiels. Ce changement permettrait à Blaise Compaoré, qui devait achever en 2015 son dernier mandat, de concourir à nouveau à l’élection présidentielle.

Arrivé au pouvoir en 1987 par un putsch, il terminera l’an prochain son deuxième quinquennat (2005-2015) après avoir effectué deux septennats (1992-2005).

L’opposition craint que ce changement constitutionnel, qui ne devrait pas être rétroactif, conduise le chef de l’Etat, déjà élu quatre fois avec des scores soviétiques, à accomplir non pas un mais trois mandats supplémentaires. Un tour de force lui garantissant quinze années de plus au pouvoir et 43 ans de règne au total.

Hormis l’opposition, une grande partie de la société civile et de nombreux jeunes sont hostiles au projet. Plus de 60% des 17 millions d’habitants du Burkina Faso ont moins de 25 ans et n’ont jamais connu d’autres dirigeants.

Solide image à l’étranger

Blaise Compaoré reste toutefois un partenaire majeur de la communauté internationale en Afrique, avec un rôle-clé de médiateur dans plusieurs crises, notamment dans la bande sahélienne.

Malgré des trafics d’armes et de diamants avec les insurrections angolaise et sierra-léonaise épinglés par l’ONU, sa proximité avec les ex-dictateurs libyen Mouammar Kadhafi et libérien Charles Taylor, son soutien aux rebelles ivoiriens désormais au pouvoir, le président burkinabè jouit d’une solide image à l’étranger.

Son putsch en 1987 avait été marqué par l’assassinat – jamais élucidé – du président Thomas Sankara, icône du panafricanisme. Après une politique marquée par l’élimination d’opposants, Blaise Compaoré a rétabli le multipartisme en 1991. Il a déjà modifié à deux reprises l’article 37 de la Constitution, en 1997 puis en 2000, pour pouvoir participer aux élections.

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