Opportunistes ou patriotes, plusieurs centaines de manifestants ont pris d’assaut la Place de l’indépendance le 28 mai 2021. Avec à leur tête Adama Diarra dit Ben le Cerveau, membre du CNT, ils voulaient envoyer un message fort à la communauté internationale qu’ils accusent d’ingérence dans la crise malienne et apporter du même coup leur soutien à Assimi Goita et ses frères d’armes qui se retrouvent sous la menace d’une sanction en même temps que le pays tout entier, après leur deuxième coup d’Etat en espace de 9 mois. Venus majoritairement de Kati, la ville de fabrique de putschistes, ils portaient des banderoles et pancartes sur lesquelles on pouvait lire « soutenons les Famas », « pouvoirs aux militaires », «vive la coopérations Mali-Russie », etc.
Devant une foule qui scandait «A bas la France, Vive l’armée malienne», Adama Diarra dit Ben le cerveau, membre CNT, a invité les manifestants à transmettre à la France, à la Cedeao ainsi qu’à la communauté internationale que «Nous allons plus nous asseoir jusqu’à la libération de notre patrie ». Et de lancer dans la foulée que les Maliens (les manifestants) sont derrière leurs militaires et qu’en tant que peuple insoumis, ils disent non au diktat de la France. Comme à l’accoutumée, il a réclamé une coopération militaire Mali-Russe, condition sine qua non, à ses yeux, pour équiper et former les militaires maliens. Ben le Cerveau ne s’est pas arrêté là. Il a invité les putschistes du 25 mai à s’assumer en les rassurant du soutien de l’ensemble du peuple malien, avant de réclamer Assimi Goita au poste de président de la transition.
Et Seydou Sidibé, un des manifestants, d’enchaîner en déclarant ceci : « Premièrement, je suis venu soutenir mon armée. Deuxièmement, je suis venu dire à la communauté internationale que le problème qui se trouve aujourd’hui au Mali est un problème maliano-malien. Un problème maliano-malien se règle entre les Maliens. Donc la solution se trouve entre les Maliens et non ailleurs. Donc nous demandons à la communauté internationale de laisser les Maliens gérer ce problème entre eux».
Mme Keita, l’une de l’organisatrice de la manifestation et femme de militaire, sans formellement remettre en cause la démocratie, exige quant à elle que le pouvoir soit définitivement remis aux militaires. Selon elle, seuls les militaires peuvent ramener le Mali à la gloire et lutter contre la corruption qui gangrène le pays.
La question est de savoir si cette manifestation sera suffisante pour épargner le Mali de sanctions que l’hexagone projette de lui infliger.
Rien n’est moins sûr, pour qui se rappelle des épisodes de 2020.
Amidou KEITA
Source: Journal Le Témoin- Mali