L’Administrateur Directeur Général de la Banque Sahélo-saharienne pour l’investissement et le commerce (BSIC-Mali Sa) Mamadou Diouf, est un habitué de la rencontre Banques-Presse privée. C’était donc sa deuxième participation depuis qu’il est à la tête de la BSIC-Mali Sa. Cette année, il a apprécié le choix du thème sur la menace des banques à travers ce nouveau phénomène, qu’est la cybercriminalité.
“C’est la deuxième fois que je participe à cette rencontre entre Banques et presse privée. Je pense que cette rencontre annuelle est une idée très originale qu’on ne trouve pas dans les autres pays de l’UEMOA. C’est un cadre d’échange qui permet aux établissements bancaires du pays de se mettre à côté de la presse privée pour échanger sur les thèmes d’actualité. Cette année, les deux thèmes qui ont été présentés portent sur la cybercriminalité comme un défi mondial auquel on n’échappe pas aujourd’hui. C’est une vraie menace pour les banques et pour l’économie. Le 2e thème portait sur l’impératif de relever le niveau de bancarisation. Quelque part, les deux thèmes ont d’ailleurs un lien. Et cela est apparu au niveau des débats parce que sur la bancarisation, le niveau est encore faible en dépit de tous les efforts qui ont été faits par les autorités politiques et monétaires, au travers des directives communautaires pour favoriser la promotion de la bancarisation et des instruments de paiement pour domicilier par exemple tous les paiements supérieurs à un certain montant dans les comptes bancaires, pour favoriser la circulation scripturale par rapport à la circulation de la monnaie fiduciaire, pour faciliter l’accès du public aux banques avec une quinzaine de services gratuits, le développement du réseau bancaire ( le Mali a le 3ème réseau bancaire de l’UEMOA). Malgré toutes ces mesures qui ont été prises, on nous dit aujourd’hui qu’il y a 14 à 15 % de taux de bancarisation au Mali.
Le taux de bancarisation étant mesuré par le nombre de personnes qui, ayant plus de 15 ans, ont un compte bancaire. Ailleurs, on vous dit que c’est plus de 100 % dans les économies développées.
Pour relever le niveau de l’inclusion financière aujourd’hui, la digitalisation est un moyen, l’accès mobile aux services financiers. Il y a des sociétés de téléphonie qui développent ce service. Il y a également des banques qui développent des supports propres de digitalisation. Je pense que ce serait ça l’avenir. Aujourd’hui, le partenariat entre les banques et les compagnies de téléphonie ou les initiatives directes des banques pour aller sur des schémas de digitalisation, vont permettre de renforcer, de développer plus rapidement le niveau d’accès des services financiers en connectant la banque avec le grand public. Parce qu’au même moment où on nous dit que c’est 14 %, 15 % de taux de bancarisation, ceux qui ont des téléphones portables aujourd’hui, c’est les 2/3 de la population soit 4 fois plus. Donc, si on arrive à connecter le public à partir du téléphone avec la banque, je pense qu’on développera beaucoup la bancarisation et l’inclusion financière. Mais, c’est là le lien avec le thème sur la Cybercriminalité. Parce que si ces moyens d’accès, ces moyens de connexion avec la banque, il va s’en dire que le niveau d’exposition aussi va être élevé avec la cybercriminalité qui se développe à l’échelle mondiale.
Le chiffre qui a été donné est éloquent. Le Nigéria, première économie africaine avec 500 milliards de dollars de PIB enregistre annuellement, 500 millions de dollars de pertes suite à des attaques cybercriminelles. C’est 1 pour 1000 de la richesse nationale qui est ainsi soustraite frauduleusement. Or le Nigéria, c’est la porte d’à côté. Si les délinquants financiers sont traqués au Nigéria, leur espace d’accès immédiat, c’est la CEDEAO. Ils vont se déployer dans notre zone.
Au final donc, je pense que les banques font beaucoup d’efforts pour investir au niveau des communications, investir dans la protection de leurs systèmes d’informations. Mais la veille doit être permanente tant au niveau des banques qu’au niveau du public. Et c’est à cet effet que la relique de la presse pourrait faire de ces échanges là un relai extrêmement important pour sensibiliser les populations pour qu’elles puissent faire encore attention à leurs téléphones. Parce que c’est souvent par ce biais là que les cybercriminels s’organisent pour avoir accès aux systèmes d’information des banques pour commettre leur forfait. Au total, ça été une belle journée. Il y a eu des échanges fructueux sur deux thèmes d’actualité, deux thèmes de préoccupation de la profession bancaire, mais également du grand public intéressé par les services bancaires et financiers “.
A..B. HAÏDARA
Source: Aujourd’hui-Mali