La démission du Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maiga, 1er vice-président du RPM, et la nomination de Soumeylou Boubeye Maiga, président de l’ASMA, ont suscité beaucoup de commentaires. Nous avons approché un cadre du RPM, le député Mamadou Diarrassouba, afin d’avoir la position du RPM sur cette nomination mais aussi sur d’autres sujets d’intérêt national. L’élu de Dioïla a non seulement apporté son soutien au nouveau premier ministre et à son gouvernement mais aussi évoqué les défis qu’ils doivent relever pendant le reste des huit mois du quinquennat.
Le pays : Que pensez-vous de la démission du premier ministre Abdoulaye Idrissa Maiga ?
Honorable Mamadou Diarrassouba : Je félicite beaucoup le premier ministre sortant Abdoulaye Idrissa Maiga, un homme honnête, patient, simple, et loyal. En huit mois, il a donné tout ce qu’il pouvait à ce pays dans un contexte de crise. Les changements de premiers ministres ne sont pas dus à leur inefficacité mais à la gestion du moment. A un moment donné, il y’a la raison d’Etat. Donc à cause de cette raison d’Etat, le président de la république est le mieux placé pour savoir ce qui est bon et ce qui ne l’est pas pour le pays. Le mérite du premier ministre sortant doit être reconnu.
Par rapport à la nomination de Soumeylou Boubeye Maiga premier ministre, qu’en pensez-vous ?
Nous félicitation le nouveau Premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga qui a beaucoup d’atouts au regard du contexte dans lequel on l’a nommé. Devant lui, il y’a beaucoup de défis et je sais qu’il est un homme de défis. Il sait relever les défis au moment de la crise. On l’avait suivi en 1991 lorsqu’il était un grand animateur du parti malien pour le travail. Il a montré ses capacités pendant cette période. Au moment démocratique aussi, tout le monde l’a connu. Je peux vous dire que Soumeylou Boubeye Maiga est quelqu’un qui s’illustre dans les moments les plus difficiles. Donc, je ne pense vraiment pas que sa nomination entrainerait de difficultés au niveau national.
Avec 36 membres, ne pensez-vous pas que le gouvernement est pléthorique ?
De 34 ministres, nous sommes à 36. L’opposition, dans son rôle, dira que c’est un gouvernement pléthorique surtout dans un contexte de crise. Mais c’est dans ce contexte de crise que nous devons adapter les structures de l’Etat en fonction de la situation. Par exemple, si on était en temps de paix, on n’avait pas besoin d’un ministère de la réconciliation nationale. Si le Mali était comme avant, on n’avait pas besoin d’un ministère de l’investissement.
Ce département, le ministère de l’investissement, est créé pour convaincre les uns et les autres à venir investir au Mali. Dans le contexte actuel du pays, on ne peut pas rassembler les départements comme pensent les gens. L’augmentation du nombre des ministres dans la situation actuelle dépend réellement du contexte. Chaque ministère va pleinement jouer son rôle.
Au sein de votre parti, RPM, que pensez de la composition de ce nouveau gouvernement ?
C’est vrai, la nomination de Soumeylou Boubeye Maiga pouvait créer une crise au sein du RPM parce les gens penseront que le RPM, avec 74 députés, a droit à la primature. OUI ! Nous avons bien le droit et nous avons aussi les compétences de ce poste, mais je vous dis que le président de la république a pris le pouvoir dans un contexte difficile. Pour sortir de cette crise, quand on nous pointe du doigt quelqu’un qui peut relever les défis et avoir la solution aux problèmes, on le choisit même s’il n’est pas du RPM.
Cela est le souhait de tout le monde. Les cadres du RPM n’en veulent pas à IBK pour avoir nommé un premier ministre en dehors du parti. A huit mois des élections, nommer quelqu’un en dehors du parti est dur pour nous mais nous avons compris. Nous nous engageons derrière lui pour relever les défis qui sont devant nous. Le parti a félicité le premier ministre entrant ; pas pour prendre acte mais pour lui féliciter pour la confiance du président de la république. Nous sommes derrière le président de la république et soutiendrons quiconque qui sera derrière lui. Nous avons accompagné tous les premiers ministres (Oumar Tatam Ly, Moussa Mara, Modibo Keita, Abdoulaye Idrissa Maiga) et nous allons accompagner celui-là.
Le RPM comprend le président de la république car il est le fondateur et premier responsable du parti. Il ne posera aucun acte qui va à l’encontre du Mali. Le peuple RPM doit le comprendre dans ce sens. IBK aime le Mali. Nous devons accompagner le gouvernement pour que les défis auxquels nous faisons face soient relevés.
Il y a des rumeurs sur une probable motion de censure émanant du RPM dans les jours à venir contre le gouvernement SBM.
Les confirmez-vous ?
Je vous rassure, que cela n’est pas à l’ordre du jour. Treta, président du parti RPM, s’est entretenu avec IBK. Il a fait le compte rendu au Bureau Politique National et tout le parti adhère à la décision du Président de la République.
Le RPM est-il représenté à hauteur de souhait dans ce gouvernement ?
Dans ce gouvernement, nous avons été renforcés car neuf membres du bureau politique national y sont. En plus de ceux-ci, trois autres (le ministre des collectivités territoriales, le ministre de l’Energie et le ministre de la communication) sont aussi membres du RPM. Ils sont dans les structures du parti. Avec ces 12 ministres RPM et les sympathisants, ceux qui soutiennent le président IBK, je pense qu’on peut relever les défis.
Pour vous, quels sont les grands défis à relever par ce gouvernement pendant ces huit mois ?
Le premier défi à relever est la tenue des élections générales. En 2018, nous aurons à organiser trois élections à savoir les élections régionales, locales et partielles ; les élections présidentielles et les élections législatives.
Un autre grand défi est la paix et la réconciliation nationale. Il faut que Soumeylou Boubeye Maiga et son gouvernement fassent quelque chose par rapport à l’application de l’accord d’Alger. Il faut que ça soit concret, pratique et visible et que tout le monde constate l’avancée dans l’application de l’accord.
Nous pensons que ces deux grands défis doivent constituer l’essentiel de la vision du gouvernement durant ces huit mois restants. Nous voulons la mise en œuvre des instruments de l’avancée de l’accord comme le MOC, le DDR …Pour nous, ces deux grands défis doivent être relevés par le gouvernement. Moi, je suis personnellement satisfait de ce gouvernement. S’il y’a des insuffisances dans le futur, on le dira. Chaque fois qu’il y’a des insuffisances, le RPM dit au président de la république que ça ne va pas.
Si cette équipe va pécher d’une manière ou d’une autre, nous le dirons au président de la république. J’ai toujours dit que dans une situation de crise, il est très difficile d’observer les principes et les valeurs ; on doit se réunir autour d’un consensus. On aurait pu démarcher les opposants et autres de venir composer le gouvernement mais ils vont dire qu’à huit mois des élections, qu’ils n’entreront pas. Ils vont préférer rester dans leur position en critiquant et en pointant de doigt les insuffisances. C’est leur position et cela est normal dans un Etat démocratique.
Un mot à l’endroit du Peuple
Quant au peuple malien, nous l’invitons à croire que le Mali va avancer. S’il y a des insuffisances, c’est le devoir de tout un chacun de les corriger. Je crois que l’équipe qui est là, sera solidaire envers le premier ministre.
Je souligne aussi un autre acte à saluer dans la composition du gouvernement, c’est l’augmentation du nombre de femmes.
Réalisée par Boureima Guindo
Le Pays