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#MaliSansEsclaves-Kayes : à Kremiss, humiliés pour avoir refusé d’être soumis

A Kremiss, dans le cercle de Yélimané, un habitant a été ligoté et humilié pour avoir refusé d’assumer son statut d’esclave. Son cas est loin d’être isolé.

Ils sont environ une trentaine de personnes, dont certaines du troisième âge, et des enfants, à être sommées de quitter leur village, Kremiss, à 26 km de Yélimané, dans la région de Kayes. Leurs maisons, après leur départ, ont été occupées par les esclavagistes.

Leur seul tort est d’avoir refusé de se soumettre aux exigences des pratiques esclavagistes courantes en milieu soninké, dans la région de Kayes. Fuyant les persécutions et les humiliations, elles ont trouvé refuge à Yélimané, chef-lieu de cercle. Parmi elles, un nommé Mahamadou Sidibé.

Ligoté comme un criminel

Sur Facebook et Twitter, des images d’un homme ligoté comme un criminel, entouré d’une dizaine de personnes, ont circulé et provoqué une onde de choc. Très vite, Benbere a contacté plusieurs militants contre la pratique, dont le président de l’association antiesclavagiste Rassemblement malien pour la fraternité et le progrès (RMFP) de Kayes, Djaguili Maro Kanouté. Ce dernier a précisé que l’homme s’appelait Mahamadou Sidibé.

Il lui est reproché d’avoir refusé d’assumer son statut d’esclave. « Je ne suis l’esclave de personne à part Allah (Dieu) », aurait-il protesté. Des propos que ses prétendus maîtres n’ont pas digéré, clamant le non-respect de la tradition. Après avoir été ligoté devant sa femme et ses enfants, il a été traîné jusque chez le chef du village afin de rendre des comptes.

Le cas de Mahamadou Sidibé n’est pas isolé. Celui de Lassana Coulibaly, son voisin, également membre du RMFP, est symptomatique de l’allure inquiétante que prend ce phénomène dans la région de Kayes. Rentré de France pour l’enterrement de sa femme à Kremiss, il s’est vu refuser l’accès au village à la condition qu’il renonce à sa lutte contre les pratiques esclavagistes. Après plusieurs tractations, il a finalement pu conduire sa femme à sa dernière demeure, avec ses proches. Après, il a été sommé, lui aussi, de quitter Kremiss sous la menace persistante des prétendus maîtres, à la tête de la chefferie traditionnelle.

Criminalisation

« Nous avons informé toutes les autorités de Yélimané sur ce qui se passe à Kremiss concernant les pratiques esclavagistes et les humiliations que nous font subir les Traoré, explique M. Baba Assa Diarra, représentant du RMFP dans le cercle de Yélimané. Le préfet est lui-même allé rendre visite aux victimes (celles qui ont été chassées du village), qui sont logées à Yélimané en attendant la suite. »

Dans la matinée du vendredi 20 septembre, 26 personnes, dont le maire et le chef du village ont été arrêtées et conduites à la brigade territoriale de la gendarmerie de Kayes. « Nous suivrons de près l’évolution de cette affaire », renchérit M. Diarra.

De l’avis de nombreux militants antiesclavagistes, ces dérives doivent interpeller au plus haut point l’État, qui semble en reste dans la lutte contre la pratique. A ce jour, selon Maro Kanouté, du RMFP, il y a eu plus de 300 plaintes, « mais les condamnations restent minimes ».

Son association, créée en 2017, lutte contre la pratique avec comme slogan « Gambana » (« Soyons tous égaux »). A l’allure où vont les choses, l’État malien a tout avantage à prendre les devants en criminalisant la pratique de l’esclavage, abolie depuis 1905 dans la région de Kayes et partout dans le pays.

Source : benbere

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