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Maliens, ressaisissez-vous…

En Afrique nous avons l’habitude de designer par le terme démocratie les

régimes frauduleusement installés à la tête de nos pays.

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Au cours  des trente dernières années nos peuples ont chassé  à coup de sacrifices énormes les dictateurs et autres despotes autocrates, pour malheureusement mettre à leur place des intrigants et autres marionnettes aux programmes douteux et conçus selon les  instructions de leurs maitres occidentaux et des exigences des partis  auxquels ils se sont alliés pour enlever le trophée.

Au Mali et dans la sous-région ouest-africaine nos sociétés souffrent de la pauvreté, de la famine,  des épidémies, de l’émigration,  du manque d’emploi, d’une mauvaise éducation et de programmes inadaptés, des conflits inter ethniques, des crises religieuses , des graves atteintes aux droits de l’homme,  de trafic en tout genre et de  violence. Nos populations vivent dans la misère et l’abandon résultat de mauvaise ou de mal gouvernance. Le manque de justice sociale, l’aliénation de la jeunesse,  la marginalisation de certaines composantes sociales ont été aussi génératrices de tensions.

Le comble c’est que nous avons toujours cru et pensé que pour faire face a ce fléau il nous faudra  un  système électoral propre et de dirigeants éclairés aux coudées franches, qu’il nous fallait des hommes politiques capables de relever le défis,  d’assurer le développement socio économique,  d’ assurer la stabilité politique  la gestion rigoureuse des biens de l’Etat et des institutions.

Le Paradoxe est en réalité le suivant : c’est parce que nos dirigeants  ont été  élus  qu’ils ne seront jamais à la hauteur de nos attentes, car pour  accéder aux plus hautes fonctions, nos dirigeants ont « pactisé avec le diable ». Ils ont  fait des concessions Ils ont pris des engagements pour préserver des intérêts  de quelques puissances étrangères installées de l’autre coté de l’atlantique, mais aussi du soutien interne de groupes politiques  puissants en incluant dans leurs programmes leurs revendications, et leurs hommes au sein du Gouvernement.

Un autre paradoxe de taille c’est que  malgré les multiples alternances politiques, les nouveaux dirigeants reproduisent toujours  les mêmes « erreurs » que leurs prédécesseurs et oublient totalement les attentes de leurs  électeurs.  Ils plongent,  la tête la première dans le « Piège » tendu par l’Occident  et ne pourront  plus jamais apporter le moindre changement au « Système »  qui les a  propulsés à la tête du Pays.

Les puissances étrangères n’accepteront jamais un homme politique quelque soit son degré de popularité, quelque soit sa notoriété, sa probité de perturber ou de mettre un grain de sable dans leur machine déjà huilée et qui fonctionne depuis les indépendances.  L’occident n’acceptera que le dirigeant qui  contribuera au maintien de ses intérêts  stratégiques et qui protégera ceux de ses  alliés politiques « nationaux ».

En Afrique nous ne sommes pas gouvernés par nos élus. Nous sommes gouvernés  par des hommes et des femmes au service de la  France  à laquelle ils doivent obéissance. Les puissances financières sont plus fortes que nos roitelets. C’est elles qui dictent nos lois, les tordent selon leur bon vouloir,  les suppriment et nous en dictent d’autres plus contraignantes. Il reviendra alors à nos dirigeants de nous faire avaler la couleuvre, accroissant ainsi notre vulnérabilité, mais aussi nos déceptions.

En contrepartie, l’Occident et particulièrement la  France  assurera à nos dictateurs la protection de leurs régimes  contre les menaces   intérieures notamment les grèves, les soulèvements populaires, les  fortes mobilisations syndicales ou estudiantines, les mutineries de l’armée ou les scandales politico financiers. Les mêmes  armes seront utilisées plus tard contre eux lorsqu’ils seront vidés de leur substance, ou essayent de dresser l’échine. Selon le bon vouloir de la  France, nos  dirigeants sont soit des héros nationaux, des exemples,  ou tout simplement des dictateurs sanguinaires, des voleurs, des corrompus, des conspirateurs contre le peuple et des incapables face aux agressions créées de toutes pièces depuis le quai d’Orsay. Dommage que certains partis politiques africains obsédés par le pouvoir  multiplient les prouesses diaboliques pour renverser le Président en le  diabolisant, en le diffamant, en le  roulant  dans la poussière, et lorsqu’ils arrivent enfin au Pouvoir ils découvrent à leur tour les réalités du Pouvoir.  Ils se plieront alors honteusement et piteusement aux exigences du Système oubliant du coup,  leurs programmes pompeux, leurs slogans creux et leurs promesses de campagne  ne devenant plus que de minables courtisans incolores inodores et sans saveur.

Pour préserver  ses intérêts économiques et financiers en Afrique la  France intervient militairement dans les conflits internes. Ses officiers encadrent entrainent et équipent les armées nationales, forment les officiers et sous-officiers africains, et les gardes présidentiels chargés d’assurer la protection du Dirigeant corrompu  qu’ils ont pris soin de placer  à la tête du Pays afin de veiller aux  intérêts français. En contrepartie le Dictateur règnera sans partage. Les rares dirigeants qui ont tenté de s’opposer ou de s’affranchir de la domination, ont été traités de tous les maux avant de le payer au prix fort: Kadhafi, Hussein Habré, Gbagbo et plus près de nous ATT.

D’abord officier exemplaire ayant précipité la chute de Moussa Traoré, décrétée au  Sommet de la Baule, puis chantre de la démocratie, ensuite colombe de la Paix, il est soudainement transformé en dirigeant corrompu, faible et incapable d’arrêter la rébellion,  et freiner la menace terroriste dont les tentacules et les ramifications sont alimentées  depuis l’Elysée. Att avait prononcé un jour la phrase fatidique : « Pour contrer l’avancée de l’ennemi, il faudra une force sous-régionale ». Il a payé le prix de son arrogance. ATT a été trop prévoyant. Il a été trop vite en  bésogne. Le dispositif militaire français n’était pas encore totalement installé au Sahel. Il a payé le prix de son arrogance tout comme Sankara  ou Kadhafi à la seule différence que pour lui, il a survécu. L’histoire lui donne raison aujourd’hui avec la création du G5 Sahel, après que la France eut rassemblé les prétextes  de sa  politique d’occupation.

Depuis que la France  a commencé à intervenir en Afrique quel conflit a-t-elle résolu ?  Quelle crise a-t-elle résolu ?  Quel terrorisme a-t-elle combattu ? Pourquoi n’intervient-elle pas en Tunisie au Maroc en Algérie ?

Depuis que la France  a commencé à intervenir au Mali qu’avons-nous  obtenu en termes de  sécurité, de stabilité, de liberté de déplacement, de démocratie, de développement économique. Même si nous reconnaissons que les français avaient « en partie » stoppé l’avancée des groupes djihadistes, il faut dire qu’entre temps l’eau a coulé sous le Pont, la situation a pris une autre tournure, une toute autre configuration. Nous avons assisté depuis, à une recrudescence de la crise, aux blocages, aux atermoiements à la grogne sociale, au repli identitaire, au communautarisme, aux  errements du Gouvernement, à la naissance de nouveaux blocs politiques et même  de nouveaux messies. Nous vivons tous les jours dans l’instabilité, la  multiplication des attaques au Nord au Centre du Pays et les menaces de plus en plus pressantes au Sud du Pays.

Avec le déclanchement de  l’Opération « Harmattan » en Libye, la France a sauté le verrou de l’apocalypse déversant sur l’Afrique subsaharienne un déluge de feu et de violence. C’est alors toute la sous région sahélienne  qui est fragilisée, morcelée, occupée  souillée. L’ingérence militaire  française en Libye a ouvert la voie aux actes de banditisme, aux  attaques au nord  du Mali, au centre  et depuis peu aux pays voisins, Burkina Faso,  Cote d’ivoire, Niger. Les dérives sécuritaires  se multiplient  et pourtant  le dispositif français est présent dans tous les pays dits sahéliens. Les drones survolent et occupent notre espace aérien et les colonnes militaires sillonnent nos déserts et nos savanes.

La politique française consiste à maintenir les pays africains dans le giron français, préserver les intérêts économiques de l’ancienne métropole et perpétuer la vieille  tradition coloniale de l’armée française par  une idéologie « protectrice » de ses anciennes colonies qu’elle a toujours su maintenir sous sa coupe à travers l’UEMOA, la France-Afrique, les ensembles sous régionaux –AOF- AEF – Maghreb –  francophonie  et les multiples accords bilatéraux et multilatéraux de « défense et de coopération. »

Au plan Militaire la France est présente aussi  en Afrique par ses nombreuses opérations et missions militaires anciennes et nouvelles dont l’Opération Épervier au TCHAD,  l’Opération Turquoise au RWANDA, l’opération  Licorne  en CÔTE D’IVOIRE, l’opération Sangaris  en Centre Afrique, l’opération Serval au Mali, et  l’Opération Barkhane depuis juillet 2014 dans tout le Sahel. Où est le résultat ?

Aujourd’hui, le  Mali traverse l’étape la plus périlleuse de son histoire.  Au conflit latent, aux crises et rivalités inter ethniques, au sous-développement, à l’insécurité et la présence,  de plus en plus imposante de forces étrangères, viennent se greffer les  luttes politiques inconscientes et irresponsables,  les discours dangereux  pour la cohésion sociale, pour l’unité nationale, les appels aux soulèvements,  les tentatives de déstabilisation et de renversement du régime comme si ce régime est seul responsable de ce que subissent les maliens.

Est-ce vraiment le moment de vouloir achever un Pays chancelant tenu à bout de bras par une puissance étrangère qui l’occupe, dilapide ses trésors,  humilie ses responsables, lui impose des lois, et dont les forces armées se déplacent librement sur son sol prétextant combattre un ennemi dont ils suivent les moindres mouvements  et  connaissent toutes les bases.

Est-ce vraiment le moment de vouloir  mettre à terre un Pays à moitié occupé et dont les deux tiers, sans aucune administration, échappent totalement au contrôle de son armée  (qu’on le veuille ou non) ?

Est-ce vraiment le moment de  diviser les maliens  de semer la zizanie  de diffamer de dénigrer, de calomnier de décrier un Pouvoir  pour la seul soif de Pouvoir ?

Que feront ces diombars de l’areine politique, lorsqu’à force de lutter, de faire des compromis, d’accepter tout,  ils arrivent enfin au pouvoir ?

Seront-ils seulement capables en ce moment, de résoudre la crise politique et sécuritaire du Pays,  de restaurer l’autorité de l’Etat, de redresser et de relancer l’économie, d’obtenir la réconciliation nationale ?

Pourront-ils en ce moment et avec quels moyens sortir le Pays de la léthargie, de la torpeur  dans laquelle ils ont contribué à le précipiter inconsciemment par leur irresponsabilité et leur manque  de vision politique ?

Pourront-ils résoudre les difficultés qu’ils ont contribué à créer en jetant les jeunes manifestants dans les rues, en manipulant les organisations de la société civile, en poussant à la grève les travailleurs, les enseignants, le personnel médical  provoquant du coup la mort de plusieurs malades alités dans les centres de santé ?  Le défi est énorme.

Pire, que  feront-ils  face aux dures réalités qu’ils découvriront une fois au Pouvoir, et dont ils ignoraient l’existence. Que feront-ils faces aux exigences des puissances financières plus fortes  et qui sont en réalité, les autorités auxquelles ils devaient désormais obéissance et soumission?

Alors seulement le voile tombera et ils sauront mais un peu tard qu’ils n’étaient que les misérables victimes d’un « Système » qui va les manipuler avant de les jeter à leur tour dans les dépotoirs de l’histoire.

 

Ce Pays est embarqué dans un solide engrenage sécuritaire et politico militaire. Le pays est engagé dans un conflit asymétrique  meurtrier contre un ennemi invisible. Il est  embourbé,  enlisé  dans une situation aux lourdes conséquences. Les perspectives sont  ténébreuses. Malgré tout cela  les responsables politiques aveuglés par leur lutte pour le Pouvoir, emportés par leur soif du Pouvoir, sont frappés d’autisme et de cécité dans leur paranoïa,   en déphasage total avec le peuple et ses préoccupations.

Maliens, ressaisissez-vous…

Soyons réalistes. Aucun changement à la tête du Pays ou des institutions n’apportera la moindre solution  à cette crise multiforme et multidimensionnelle aux ramifications éparses. Ne versons pas de l’huile sur le feu. Le Mali brule déjà. Eteignons le feu, éteignons nos haines. Les maliens doivent se donner la main et unir leurs forces face  au danger face aux perfidies. Il y va de notre survie à tous.

Seul un débat national engagé et patriotique de toute la sphère politique religieuse, sociale et une couverture médiatique nationale consciente et engagée,  peut aider à dégager des pistes de réflexion permettant de mieux cerner les contours de cette crise aux multiples facettes.

Seul un engagement civique réel dénué de toute autre forme d’opportunisme, de calcul politicien de spéculation peut aider à évaluer l’ampleur du danger.

Il s’agit de la survie du  Pays, de l’équilibre social, culturel politique et de la souveraineté du  Pays.

Il ne s’agit plus d’une confrontation de la rhétorique et  de l’opinion. Il s’agit d’une situation catastrophique réelle que vit le Mali et qui doit interpeler tous les maliens. Il  s’agit de mettre le Mali au centre du Débat et d’élaborer ensemble des mesures structurelles visant à renforcer les règles de conduite, interpeler et réveiller les consciences, engager le dialogue national constructif et inclusif,  au service de la paix entre maliens d’abord avant de penser à un pouvoir illusoire et factice.

Maliens, ressaisissez-vous…

Mohamed Ould Sidi Mohamed

jekaniya@yahoo.fr

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