L’ambassadeur de France au Mali vient d’être expulsé par les autorités de transition, qui sont également engagées dans un bras de fer avec la Cédéao sur la durée de la prolongation de la période de transition. Le Mali indique rester ouvert au dialogue, tout en développant des mesures de riposte contre les sanctions décidées par l’organisation ouest-africaine. Une stratégie diplomatique soutenue par certains partis maliens, décriée par d’autres.
Bamako entend défendre les « intérêts vitaux » du pays, quitte à montrer les muscles à ses partenaires traditionnels. Drissa Traoré, le vice-président du MPR, le parti fondé par l’actuel Premier ministre de transition Choguel Maïga, applaudit la défense des intérêts nationaux par les autorités de transition.
« Nous soutenons les actions du gouvernement. Dans cette démarche là aussi avec l’ambassadeur de France, nous soutenons l’action du gouvernement. Depuis un certain temps, il y a des propos qui égratignent nos responsables, on ne peut pas accepter. Nous ne faisons pas de fermeté, nous voulons le dialogue, que ce soit avec la France ou les autres institutions, nous voulons simplement qu’on nous respecte en tant que tel. Nous attendons des responsables de la Cédéao qu’ils comprennent que les autorités restent ouvertes au dialogue, qu’ils comprennent que le contexte change et qu’il faut tenir compte de nos préoccupations. »
De l’autre côté du spectre politique malien, Dora Diarra est membre du bureau politique du Sadi, parti qui dénonce de longue date l’ingérence des pays étrangers au Mali. Mais pour lui, la diplomatie des autorités de transition est avant tout une tentative de diversion. « Les autorités de la transition sont en train de faire une manipulation avec la fibre patriotique, avec le désir des Maliens d’aller vers une véritable souveraineté, d’avoir une nation respectée à travers le monde. Les Maliens ont envie de cela et les autorités actuelles comprennent bien cela, c’est pourquoi ils évoluent en créant des événements pour distraire le peuple malien. D’abord c’est le représentant de la Cédéao au Mali expulsé en octobre dernier, aujourd’hui c’est au tour de l’ambassadeur de la France. Ce sont tout simplement des distractions pour que l’essentiel soit oublié et les Maliens seront tôt ou tard réveillés par la dure réalité. »
« Il y a beaucoup de militants que nous respectons qui croient qu’une véritable révolution est en cours au Mali, poursuit le responsable du Sadi. Je dis que ce n’est pas une révolution mais de la manipulation. Notre diplomatie est une diplomatie de provocation pour attirer la foudre sur notre pays et faire passer leur agenda personnel cacher pour se maintenir au pouvoir. »
Un sommet des chefs d’Etat de la Cédéao se tient ce jeudi à Accra. Y seront évoqués les cas des trois pays où des militaires ont pris le pouvoir après un Coup d’Etat : le Burkina, la Guinée et bien sûr le Mali.
Source : RFI