L’armée de Guinée-Bissau a lancé mercredi 2 février une vaste opération, y compris au siège du gouvernement selon un responsable militaire, pour retrouver les commanditaires et les protagonistes de la tentative de coup d’État qui a tué onze personnes mardi, sur laquelle subsistent de nombreuses zones d’ombre.
Mardi 1er février, le président Umaro Sissoco Embalo et les membres du gouvernement sont restés coincés pendant plusieurs heures dans le palais du gouvernement tandis que résonnaient des tirs nourris entre forces loyales et assaillants, figeant Bissau dans l’attente. Le président et les ministres ont fini par pouvoir sortir indemnes.
Mais les combats ont fait 11 morts, selon le porte-parole du gouvernement Fernando Vaz, également ministre du Tourisme. « Le gouvernement déplore (…) la perte de 11 vaillants hommes au cours de l’attaque. 11 victimes, des militaires et paramilitaires, quatre civils dont le chauffeur et un haut cadre du ministère de l’Agriculture », a déclaré M. Vaz au cours d’une conférence de presse à Bissau ce mercredi soir.
Il a également dénoncé, une « attaque violente et barbare visant à décapiter l’État bissau-guinéen ». Contrairement à ce qui était espéré, il n’a pas donné de détails supplémentaires. Il a parlé d’un acte « perpétré par des gens animés par des intentions inavouées », avec l’appui de « personnes ayant des capacités financières ».
Les premiers éléments de l’enquête indiquent en effet que les auteurs de ce coup d’État encore « tapis » dans l’ombre avaient mobilisé des moyens financiers conséquents, une grande quantité d’armes et de munitions qu’ils ont mis à la disposition d’un groupe de militaires pour prendre d’assaut le siège du gouvernement, selon Fernando Vaz. « Les armes et munitions trouvées sur place indiquent que cet atteinte à l’ordre constitutionnel a été préparé avec rigueur. »
Les enquêteurs du renseignement militaire ont commencé leurs investigations ce mardi. Une commission d’enquête a été créée. Un responsable militaire, proche de cette commission, a indiqué qu’une vaste opération de recherche était en cours et que des éléments des renseignements militaires s’étaient rendus au siège du gouvernement pour collecter des informations. Ces investigations permettront peut-être de répondre à certaines questions, comme l’identité et les motivations des assaillants.
Le chef de l’État a assuré dès mardi soir que des arrestations avaient eu lieu. Mais on ne sait pas combien et qui est concerné. Il n’a pas désigné précisément les auteurs de cette opération, mais il les a liés au combat qu’il dit mener, depuis son accession au pouvoir en 2020, contre le trafic de drogue et la corruption.
La vie a prudemment repris son cours dans la capitale. Les commerces et les banques ont rouvert, mais les militaires patrouillaient dans les environs du palais du gouvernement et en interdisaient l’accès.
Le gouvernement assure que la situation est sous contrôle et demande aux agents de l’administration publique de reprendre le travail. Il garantit qu’il n’hésitera pas à employer tous les moyens légaux à sa disposition pour assurer la sécurité des institutions et la tranquillité de son peuple, rapporte notre correspondant à Bissau, Allen Yero Embalo.
Côté politique, les partis qui composent la coalition gouvernementale ont condamné une tentative de coup de force. De même que la communauté internationale. En revanche, le PAIGC, principale formation du pays, mais qui se trouve dans l’opposition, a qualifié les explications d’Umaro Sissoco Embalo de « simplistes » et demandé une enquête crédible pour établir les faits et les responsabilités dans cette affaire.
J’alerte l’opinion publique nationale et internationale, et lui dit de ne pas accepter les explications simplistes dans une affaire si grave. Il y a la nécessité d’une enquête crédible, compétente, afin de faire la lumière sur ce qu’il s’est passé, et établir les responsabilités
Source : RFI