En novembre 2019, après une série d’attaques terroristes ayant causé la mort de plusieurs dizaines de militaires et des pertes importantes en matériel, les Forces armées maliennes avaient procédé à une réorganisation stratégique, en abandonnant  les postes les plus éloignés et les plus exposés pour se regrouper sur des places plus fortes. Près de six mois après, cette tactique semble moins  payante que prévue.

« Dans un souci de reconsidérer notre posture opérationnelle sur le terrain, les unités isolées vont être regroupées en points d’appui et centres de résistance », justifiait le Chef d’état-major général des armées, le général de division Abdoulaye Coulibaly, en précisant que cette décision s’inscrivait dans l’exécution d’un nouveau concept d’opération qui visait à mieux adapter la stratégie à la menace des terroristes et autres narcotrafiquants.

Ainsi, le 9 novembre 2019,  les postes d’Anderaboukane et d’Indelimane avaient replié sur Ménaka et celui de Labbezanga sur Ansongo. D’autres unités avaient suivi.

Libre champ pour les djihadistes ?

Tout au long de ces derniers mois, les bilans des attaques n’ont pas toujours été en faveur des FAMa qui, tout en neutralisant certains groupes armés terroristes, continuent de perdre des hommes sur les différents fronts.

Dans les tout premiers jours après le repli stratégique, des attaques meurtrières avaient été perpétrées. Le 18 novembre 2019, une patrouille avait été attaquée à Tabankort, dans la région de Gao, occasionnant la mort de 24 militaires. 29 autres furent blessés et il y eut des dégâts matériels. 17 terroristes avaient été tués.

Deux jours plus tôt, les FAMa avaient  mené une offensive à Mondoro. Elle avait permis de neutraliser 9 terroristes sans aucune perte dans les rangs des militaires.

« Le repli tactique des FAMa ne devait pas durer plus de deux mois. Malheureusement, il a pris beaucoup de temps et les djihadistes ont également changé de stratégie, en perpétrant des attaques de gauche à droite, vers Kayes et Koulikoro », relève Mohamed Abdellahi El Khalil, spécialiste des questions de sécurité sociale et sécuritaire au Sahel.

« À Gao, il y avait un nouveau camp qui était sur la route des narcotrafiquants. Mais, quand l’armée s’est repliée, les terroristes ont eu le champ libre et ils se sont implantés. Ils ont eu l’opportunité de ramener les moyens nécessaires en hommes et en armements pour perpétrer des attaques », fait-il remarquer.

Pour lui, les résultats du réajustement stratégique des FAMa ne sont pas à hauteur de souhait.

Germain KENOUVI