Le « Quiz » de l’année 2019 qui vient de s’achever, tourne entre l’insécurité qui a fait plusieurs milliers de morts, de disparus et de blessés dont certains handicapés à vie et le Dialogue National Inclusif ( DNI) qui était censé guérir les maux du pays. C’est du moins ce que l’on retient du dernier discours du chef de l’État. Le président IBK lui- même n’en a- t – il pas donné, en effet, le ton dans son adresse à la nation à l’occasion de la St Sylvestre ?
Paix et sécurité ont été effectivement au centre d’un discours, fait nouveau, plus amène, sans écorchure des adversaires, et sans pique aux opposants, concurrencées simplement par sa nouvelle trouvaille, le DNI. IBK a vite reconnu que le Mali » n’est pas, il faut l’admettre au mieux de sa forme » et ajouté que 2019 sans le niveau remarquable de son économie, avec une croissance soutenue et une inflation maîtrisée ( ndlr : qui, hélas, ne se reflète pas sur le panier de la ménagère, encore moins sur les salaires et les pensions) et sans le DNI « aurait été une année noire, un véritable annus horribilis » (ndlr : année horrible, expression latine consacrée par la reine Elizabeth II quelques mois après le 40 e anniversaire de son accession au trône d’Angleterre).
Nous irons donc chercher le « Quiz » 2019 sur ce chapitre unanimement désigné comme le point sombre de notre vécu récent. A première vue l’insécurité s’impose, marquée par les attaques terroristes et intercommunautaires qui ont émaillé l’année 2019. Ce, d’autant que notre pays, vieux socle du vivre ensemble, terre de tolérance des différentes religions révélées, qui ont prospéré et cohabité pendant des siècles, semblait être à l’abri de l’intolérance sous toutes ses formes. Koulogo, Ogossagou, Moundoro mais aussi le lourd tribut payé par les FAMas à Guiré, Dioura, Boulkessi, Indelimane, Tabankort, entre autres, sont venus nous rappeler qu’il n’en était rien et que des centaines de jihadistes, » ces fous de Dieu « , mal organisés et en guenilles, mais déterminés, ont fait face et font mieux que tenir tête à près de 30 000 hommes, selon nos estimations, répartis entre la force française Barkhane, la MINUSMA, la force du G5 Sahel, les FAMas et leurs supplétifs supposés parmi les Don ces sos au sud, le Gatia et la plateforme au Nord.
– Comment expliquer cette résilience des forces du mal ?
A l’analyse, le manque de coordination des forces qui font face tout d’abord, ajouté à la nature de la guerre asymétrique imposée par l’ennemi, la dichotomie des objectifs recherchés par les différentes forces, la formation inadaptée de certaines troupes et le manque de vision des politiques concernés, l’éternel problème de gouvernance y sont pour beaucoup. En outre, le terrorisme est transfrontalier et les terroristes des apatrides qui n’ont aucune conscience apparente de leur propre mission qui est résumée dans le djihad supposé lutter contre les mécréants, mais qui s’attaque indifféremment aux musulmans, aux chrétiens et aux animistes, créant ainsi la psychose. Le but recherché étant de réveiller ou de susciter la zizanie entre les communautés pastorales et sédentaires. Lesquelles se regardaient depuis longtemps en chien de faïence, jusqu’ici à propos du partage des terres et des pistes pastorales, sans jamais verser dans les tueries de masse, comme c’est le cas de nos jours.
– Que peut- on attendre de 2020 ?
D’abord des discours structurés de nos politiques évitant les psychoses de l’ennemi tapi derrière chaque mot, chaque suggestion, chaque désaccord. La prise de conscience d’une » certaine presse et des réseaux sociaux » à éviter de s’emparer de certaines informations déstabilisantes pour le moral de l’armée et des forces partenaire, la dénonciation par l’autorité de l’insouciance et de l’inconscience de certains acteurs y compris sur les réseaux car nous sommes en temps de guerre. Il faut aussi réaliser le consensus autour des sujets brûlants (dépasser le clivage pouvoir / opposition), quand il correspond aux véritables attentes des populations, effectuer une refondation réelle basée sur des diagnostics et l’application des décisions fortes issues des diagnostics, comme ceux du DNI, puisqu’il a vécu malgré certaines insuffisances. Le pays étant en guerre, il faut arrêter les flagorneries, les vols, la gabegie, l’impunité, procéder à un assainissement économique axé en premier lieu sur la lutte contre la corruption, considérée comme le plus grand mal, » la mère des maux » par les Maliens (tel qu’il ressort d’un récent sondage de Sidiki Guindo, statisticien très réputé dans les sondages de qualité) qui n’épargnera aucun dossier épinglé par les structures de contrôles de l’Etat. Donc, mettre rapidement au goût du jour un gouvernement resserré de 14 à 24 membres, constitué de techniciens qui connaissent le pays, de patriotes capables d’appliquer les remèdes appropriés aux maux connus de tous.
Il faut aller vers les élections législatives dans les délais légaux, comme recommandé par le DNI et vers la révision de certaines disposition de l’ accord dit d’ Alger à l’aune de l’article 65 sans rien céder de ce qui fâche la majorité des Maliens, mais remettre la révision constitutionnelle à un moment plus approprié en l’expliquant à la communauté internationale, visiblement en manque de repères sur le Nord du Mali, afin d’épargner des mouvements sociaux violents dont le pays n’a que faire.
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Source: L’Indépendant