Méconnus par les populations, inadéquats avec les réalités socioculturelles, au Mali, les textes juridiques figurent parmi les insuffisances liées à l’ancrage de l’État. C’est ce qui ressort d’une note de l’Observatoire citoyen sur la gouvernance et la sécurité (OCGS).
C’est l’une des failles du processus de domestication de l’État au Mali : les textes juridiques, en plus d’être inconnus des citoyens, ne sont pas en adéquation avec les réalités socioculturelles. C’est ce que révèle le rapport de synthèse de l’OCGS sur les débats autour du « renforcement de la démocratie ».
L’inadaptation des textes alimente la défiance vis-à-vis de l’État. Elle impacte également la participation politique de nombreux maliens. Ces derniers s’intéressent peu à la gestion du pays, à cause du décalage qu’il y a entre les textes en vigueur et ce qu’ils vivent tous les jours.
Fossé
Le fossé entre les élites et les populations découle de la même incohérence. Il y a d’un côté une minorité lettrée, qui s’accommode des textes et des lois en vigueur. De l’autre, l’écrasante majorité de Maliens, pour qui les textes juridiques importent peu voire sont incompatibles avec leur desiderata.
La prise en compte des réalités socioculturelles dans le processus de reconstruction de l’État en cours revient en permanence dans les débats sur la refondation du Mali. Même si les contours d’une telle démarche ne sont pas encore bien lisibles. Aussi, la question suscite-t-elle plus de passion que d’objectivité sur le modus operandi d’une telle entreprise.
Nouvel État
En effet, il y a un préalable à respecter avant d’enclencher un tel processus. Il faut d’abord procéder à un inventaire dépassionné de notre histoire politique traditionnelle et après l’indépendance, afin d’en filtrer des pratiques endogènes de gestion de la cité, adaptées aux aspirations des Maliens et au contexte socioculturel actuel.
Les Assises nationales de la refondation (ANR), dont les travaux de synthèse ont pris fin le 30 décembre dernier, à Bamako, devraient à priori dessiner les contours d’un nouvel État, proche des populations et plus utile. Ce qui augure une meilleure appropriation de l’État par les citoyens.
Mais, ce n’est pas une mince affaire. Cela nécessite un travail pédagogique et un suivi constant quant à l’harmonisation des textes juridiques avec l’environnement socioculturel. Les populations doivent être au cœur du processus de reconstruction de l’État pour éviter de reproduire un modèle inopérant, parachuté du haut vers le bas.
Source : Benbere