Au Mali, la magistrature ne reprendra pas le chemin des tribunaux, pas avant que leurs revendications ne soient entendues par les autorités. Le bras de fer entre gouvernement et magistrats dure pourtant depuis 11 semaines. Les juges réclament une sécurisation des tribunaux et une augmentation de salaire. Décidée en assemblée générale ce mercredi, la grève illimitée se poursuit. Malgré le récent décret du gouvernement imposant la réquisition des magistrats.
Dans une salle annexe de la cour d’appel de Bamako, les magistrats présents et grévistes fustigent le gouvernement. « Le décret de réquisition des juges est illégal et inapplicable. Il ne brisera pas notre grève », lance un syndicaliste.
Pour son collègue, le terme même de « réquisition » date d’un autre temps. La loi sur laquelle s’appuie le décret du gouvernement, lu mardi soir à la télévision nationale, date de 1987. « C’est un recul pour notre démocratie » déplore un substitut du procureur de Bamako. Car 1987, c’est la période régie par le militaire Moussa Traoré. La loi est donc antérieure à l’adoption de la Constitution de 1992, qui consacre l’avènement de la démocratie.
Les grévistes balayent donc d’un revers de la main la décision du gouvernement et votent la poursuite de la grève illimitée. Le bras de fer avec le gouvernement et le Premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga se durcit encore. Sa démission a même été demandée par les magistrats qui maintiennent dépendre du conseil supérieur de la magistrature, présidé par le chef de l’État.
Source: RFI