Alors qu’on se bat dans le Sahel pour combattre le terrorisme, certains policiers se livrent à toute sorte de racket aux frontières maliennes, burkinabè et nigérienne.
Pour éviter les braquages ou toute autre forme d’insécurité sur l’axe Gao-Sévaré, les voyageurs qui optent pour le tronçon Gao-Bobo Dioulasso Bamako, en passant par Niamey, se retrouvent finalement animés par le sentiment d’être encore plus en insécurité, en raison des multiples rackets dont ils font l’objet au niveau des différents postes de contrôle entre le Niger, le Burkina et Mali.
Gao et Bamako sont toutes des villes du même pays. La première est la capitale de 7è région administrative du Mali, la seconde est la capitale. Pourtant, pour quitter Gao et se rendre à Bamako, et vice versa, il faut traverser deux pays : le Niger et le Burkina Faso. Voyager d’une ville à une autre est désormais devenu un voyage pour gens riches. Il faut débourser près de 50000 FCFA pour arriver à l’autre bout, alors que sur la route Gao – Sevaré, 20000 francs suffisent pour arriver à Bamako.
Agents racketteurs
Seulement, sur ce dernier tronçon, les passagers risquent de se faire braquer et même violenter. Kagha Alassane est étudiant à Bamako. Comme lui, beaucoup d’étudiants ont du mal à faire l’aller-retour : « Ce n’est pas tout le monde qui peut voyager sur ce tronçon. Etudiants, nous sommes obligés de courir de gauche à droite pour réunir la somme suffisante afin de regagner la capitale. Imaginez un instant la situation de ceux qui n’ont pas de bourse. Il faut vraiment une solution à ce problème » se lamente-t-il.
De Gao à Bamako en passant par Labezanga, Bobo Dioulasso au Burkina, la corruption et le racket ont désormais droit de cité. Sur ce tronçon, les documents de voyage comptent peu, même s’ils sont contrôlés. La seule chose qui prime, ce sont les 1000 à 2000 FCFA que vous payez à chaque poste. Ce montant est également fixé en fonction de ton profil. Les seules personnes qui sont épargnées sont celles qui disposent d’un ordre de mission.
Un transit en enfer
En juillet dernier, alors que nous quittions Gao pour Bamako, j’ai vu une étudiante dans une discussion très houleuse avec un policier burkinabé, qui voulait l’obliger à payer une somme sans avoir commis la moindre infraction : « J’ai juste demandé au policier pourquoi je dois payer une somme sans infraction de ma part. C’était comme si j’avais insulté toute sa famille. En refusant de payer, il m’a menacé de me garder là-bas jusqu’à ce que je règle la somme exigée », témoigne-t-elle.
Transiter par le Niger et le Burkina Faso devient un véritable enfer. On n’oublie tout le plaisir du voyage, qui laisse place à la mésaventure. Pire, même aux postes de contrôle maliens, nous ne sommes pas épargnés.
Silence coupable des autorités
Traverser le territoire burkinabé pour une durée de moins de 24 heures est un véritable calvaire. Pendant ce temps, nos maigres économies sont épuisées avant même d’arriver à destination. Payer 2000 francs à chaque poste devient insupportables pour nous étudiants. Le pire, c’est le silence coupable des autorités des deux pays, qui semblent cautionner cette situation.
Certains passagers vont jusqu’à dire que les autorités sont au courant, mais ne veulent rien faire : « Les postes de contrôle ne sont pas loin les uns des autres. Imaginez, si on doit payer de l’argent à chaque poste. C’est une véritable arnaque à laquelle nos autorités participent. Je dis qu’elles y participent, parce qu’elles ne font rien pour l’empêcher. »
Payer sans reçu
Le contrôle doit seulement tenir compte des passagers qui sont en règle : carte d’identité, carte NINA, passeport, ou encore la carte de vaccination.
Autrement, le payement d’une pénalité est normal et même nécessaire. Mais j’ai l’impression que ces postes sont comme des grins (groupe informel de discussion) de gendarmes ou policiers qui cherchent des gens qui les aident à assurer le pain quotidien.
Payer 2000 FCFA à chaque poste (7 au moins) mérite au moins des reçus. Pourtant, tel n’est pas le cas. L’argent versé va ailleurs. Et malheur à quiconque ose réclamer.
Source: benbere