A l’heure où chacun est préoccupé par les demandes de reports de scrutins et la lutte contre le coronavirus, « l’actualité » des groupes terroristes serait presque passée inaperçue… Et pourtant Iyad ag Ghali, leader du JNIM met la pression au gouvernement afin de lui imposer des négociations tandis que l’EIGS accuse de lourdes pertes depuis 3 mois. Peut-on parler de la fin de l’EIGS ou de la chronique d’une mort programmée ?
L’organe central de DAECH ne s’est jamais intéressé à l’EIGS voire à méprisé la katiba sahélienne. Toutefois, la fin du califat autoproclamé en Syrie a rendu nécessaire la reconnaissance puis l’évocation de l’EIGS à fin de propagande en vue de continuer à préserver l’idée d’un Etat islamique. Néanmoins, ces « allégeances » enfin reconnues n’ont jamais eu de sens : des groupes éloignés géographiquement, une absence d’idéologie religieuse commune, aucun apport financier, aucune reconnaissance d’un leader régional.
En fin d’année 2019, après l’attaque « coûteuse » menée contre le camp d’Arbinda, l’EIGS a dû faire face à la perte et au départ de nombreux combattants. Cette hémorragie, accentuée par la montée en puissance des milices d’autodéfense et la concurrence du RVIM est un coup dur porté au groupe terroriste. Dans la région des « trois frontières », les combattants qui demeurent ont dû faire face à des opérations plus audacieuses des troupes du G5 Sahel et des efforts concentrés de Barkhane.
Le mois de février a aussi été marqué par la récupération et parfois la destruction de matériels détenus par le groupe armé. Abandonnés par leurs chefs, plus d’une cinquantaine de combattants sont morts dans une guerre inutile car perdue d’avance. La coalition des soldats des pays sahéliens porte ses fruits. D’autres ont été arrêtés et se demandent qui a pu les dénoncer. Certainement le résultat des tensions croissantes entre les groupes terroristes eux-mêmes qui doivent s’affronter pour maintenir leurs trafics et divers moyens de subsistance.
Dernièrement, des affrontements entre les groupes terroristes ont fait plusieurs morts. Ces combats sont rapportés dans les régions de Nampala, N’Daki et Lelehoye où ceux de l’EIGS se sont affrontés avec ceux du RVIM. Le chef de l’état-major de l’EIGS, le Nigérien Moussa Moumouni y aurait perdu la vie. Sa mort ainsi que celles d’autres bandits sont autant de coups portés à l’EIGS.
Face à ces revers, le recours aux mines devient leur dernière option, contraignant de pauvres gens à prendre tous les risques en disposant ces engins de mort sur les axes routiers. Malgré plusieurs échecs, ces criminels ont réussi à infliger quelques pertes à la MINUSMa et aux FAMa. Pour autant, l’EIGS ne peut pas combattre Iyad au Nord, Kouffa dans le Centre, les milices d’autodéfense au Burkina et les forces armées du G5 dans le secteur des trois frontières, tous en même temps… Pris en étau, les combattants encore actifs n’ont qu’une seule issue s’ils veulent survivre : déposer les armes avant de reprendre une activité traditionnelle. C’est d’ailleurs tout l’intérêt des dispositifs de Désarmement, Démobilisation et Réintégration mis en œuvre au profit des groupes armés non terroristes mais également pour toute la jeunesse, qui souhaite se libérer de l’EIGS ou du RVIM.
Mamadou Bare
Malivox