Giuseppe Raffa, coordinateur de la mission au Mali, a fait état vendredi auprès de l’AFP d’une sérieuse dégradation de la sécurité dans ces secteurs où opèrent des groupes armés, jihadistes ou crapuleux. Cette détérioration, qui n’est pas nouvelle, “touche les populations, mais ces derniers mois ça a commencé aussi à toucher plus directement les humanitaires”, a-t-il dit au téléphone. En 2021, Médecins du Monde (MDM) a connu un braquage contre des locaux et un autre contre une équipe de clinique mobile dans le secteur de Ménaka, et début janvier l’enlèvement d’un collaborateur dans la région de Gao, a-t-il dit. Le collaborateur a recouvré la liberté et va bien, a-t-il dit en déclinant de fournir plus de précisions. MDM croit à des actes crapuleux, et non pas idéologiques, a-t-il dit.
Il a invoqué une “réorganisation” des forces en place, surtout à Gao, qu’il s’agisse de forces armées nationale ou étrangères ou des groupes armés. Cela “a créé un vide de pouvoir dans lequel les brigands s’inscrivent”, dit-il. “MDM est particulièrement exposée en tant qu’ONG très présente sur le terrain, tout le monde nous voit”, a-t-il dit. L’ONG compte sur place une centaine de collaborateurs, des médecins, des infirmiers, des personnels de soutien logistique. Elle revendique d’être l’une des rares à travailler dans les deux régions et d’avoir apporté, depuis le début de ses opérations en 2012, des soins à des centaines de milliers de patients, plus de 179.000 personnes en 2021. “On cherche vraiment à protéger notre staff”, a dit Giuseppe Raffa.
Il a souligné que la suspension était “temporaire”, le temps de délivrer “le signal” aux partenaires et aux populations et de revoir les modes d’intervention. Les activités devraient reprendre rapidement. “On a des financements, des bailleurs derrière nous, et surtout il y a les populations. On ne peut pas les abandonner”, a-t-il dit. Le Mali, l’un des pays les plus pauvres du monde, est livré depuis 2012 aux violences de toutes sortes, jihadistes, intercommunautaires et criminelles.