Depuis un mois, des attaques terroristes ont lieu sur l’axe routier entre Bamako et la frontière sénégalaise. Des groupes djihadistes profitent de l’instabilité pour étendre leur influence.
L’homme qui filme s’exprime en anglais. Ceci est un message pour le gouvernement malien, […] contre la France, les États-Unis et tous ceux qui viendront au Mali, nous les combattrons jusqu’à la mort. Sur l’écran, une multitude d’armes et de munitions, ainsi qu’une moto flambant neuve et un pick-up. Ce butin a été capturé lors d’une embuscade contre un convoi pourtant protégé par la gendarmerie malienne le 28 septembre. Bilan : cinq morts et quatre blessés. Le convoi se rendait à la mine d’or de Morila qui appartient à Firefinch, une société australienne.
Dans un Mali tourmenté par la guerre depuis 2012, la scène est loin d’être inhabituelle. La localisation de l’assaut, Sébabougou, à moins de 200 km au nord de Bamako, la capitale malienne, l’est davantage.
Une influence qui s’étend à l’Ouest et au Sud
Ce qui demeurait l’une des routes les plus sûres du Mali bascule à son tour dans l’insécurité. Depuis un mois, l’axe reliant Kayes, ville de l’ouest du pays proche de la frontière avec le Sénégal, à Bamako, est le théâtre d’attaques contre les camionneurs et les forces de l’ordre.
Samedi 11 septembre, deux transporteurs marocains ont trouvé la mort sur cette même route. L’attaque n’a pas été revendiquée. Mais ces actes sont imputables aux hommes de la Katiba Macina, groupe djihadiste affilié à Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), assure un haut gradé de l’armée malienne sous couvert d’anonymat.
Les préoccupations ne se concentrent plus au nord et au centre du pays où la présence terroriste est avérée depuis des années, détaille-t-il. Elles glissent vers l’ouest et le sud du pays et les djihadistes profitent de l’instabilité pour étendre leur influence.
Risque d’asphyxie
Jusqu’alors épargnée, la région de Kayes, connue pour son aridité et comme le berceau de la diaspora malienne en France, est aujourd’hui petit à petit grignotée par l’influence des moudjahidines dont la présence méridionale épousait la frontière du sud-est mauritanien jusqu’en 2019. Désormais, ces groupes sont présents plus à l’ouest, autour de Kayes, et au nord, autour de Nioro comme en témoigne cette vidéo :
Problème, cette région est également la porte d’entrée depuis le Sénégal, d’où près de 70 % des produits importés dans le pays proviennent, note Ousmane Babalaye Ndao, président du Conseil malien des chargeurs (CMC). Une multiplication des attaques entre Kayes et Bamako mènerait à l’asphyxie économique de la capitale malienne.
Mais l’armée nationale se veut rassurante : Une opération est en cours dans cette zone, explique l’état-major. La situation sur la RN1 demande un réajustement, que nous ne pouvons pas dévoiler pour le moment pour ne pas mettre en jeu la vie de nos hommes.
Source : Ouest-France