Le ton est encore donné. L’imam Mahmoud Dicko s’adressera aux hommes de médias le dimanche 28 novembre 2021 sur le terrain de football de Baco-Djikoroni. L’ancienne autorité morale du M5-RFP, qui avait signé son retour à la mosquée juste après le coup d’Etat du 18 août 2020, va une fois de plus se prononcer sur la situation sociopolitique du pays.

 

C’est un retour sur la scène politique qui s’annonce pour celui qui avait promis de retourner à la mosquée après avoir travaillé à déchoir le régime d’Ibrahim Boubacar Kéita. Ce dimanche 28 novembre 2021, l’imam Mahmoud Dicko va donc faire une nouvelle sortie médiatique. Une sortie très attendue par l’ensemble des populations, vu la situation sociopolitique actuelle du pays. Au même moment, les autorités de la transition qui risquent d’être dans le viseur, retiennent leur souffle.

Le contexte, les sujets et surtout le choix des mots marqueront cette sortie qui pourrait retenir longtemps l’attention du peuple malien. L’insécurité grandissante, la vie chère, le non-respect de la Charte de la transition, la sanction de la CEDEAO…, bref la matière ne manquera certainement pas. Mieux, toutes ces défaillances rendent encore les autorités de la transition plus vulnérables aux critiques de l’Imam.

Déjà, Mahmoud Dicko a eu à interpeler les autorités de la transition à maintes reprises. L’interpellation la plus chaude reste encore le manifeste qu’il a fait à l’attention du peuple et des autorités en février 2021. Dans ce document, l’imam avait déploré le manque d’engagement des nouvelles autorités face au défi de l’heure, mais aussi le risque d’un nouvel échec qui plane autour du ‘’Malikoura’’. « C’est avec gravité que j’observe les risques d’échec du combat de ce noble peuple épris de paix et de justice pour une gouvernance vertueuse. Les gouvernants doivent vivre avec l’obsession de l’intérêt général de la lutte contre l’impunité et l’intolérance, en faveur de l’égalité face à la loi et dans l’accès des services publics », peut-on lire dans ledit document.

« Un vice-président, je ne sais quoi…»

Oui, l’Imam Dicko a une fois lancé une pique au président de la transition alors que ce dernier était encore vice-président. Seulement à quelques semaines après la publication de son manifeste, Mohamed Dicko a tenu des propos visant directement l’ancien président de la transition, Bah N’Daw ; son vice-président, Col. Assimi Goïta et son Premier ministre, Moctar Ouane. «On ne va pas s’asseoir que les autres règlent nos problèmes. Les autorités de la transition doivent sortir du repli dans lequel elles se sont mises. On ne peut pas avoir un président distant du peuple, un Premier ministre froid, un vice-président je ne sais pas quoi… Ecoutez, j’ai plusieurs fois dit qu’on ne peut pas gérer un pays comme ça. Tu ne peux pas gérer le peuple sans le peuple », a-t-il déclaré le 07 mars 2021, au Palais de la Culture à l’occasion de la rentrée politique de la Plateforme Espérance nouvelle Jigiya Kura.

Après cette sortie qui avait été largement commentée et relayée par les médias, Mahmoud Dicko avait pris un peu sa distance avec la scène politique. Sauf que ces derniers jours, il commence à sortir de l’ombre et s’affiche de plus en plus. Ainsi tout récemment, il a appelé à une prière pour le pays qui sera suivie de la conférence de presse annoncée pour le 28 novembre prochain. Cette sortie de l’imam en cette période n’est pas un fruit du hasard. Elle intervient au moment où des agitations se multiplient contre une transition jugée opaque et inerte par certains acteurs politiques et de la société civile. D’autre part, c’est la communauté internationale et la CEDEAO qui durcissent le ton et commencent à brandir des sanctions.

Amadou Kodio

Source : Ziré