Décidément le dossier judiciaire du général Amadou Haya Sanogo s’épaissit de jour en jour. Et le glaive de la justice se rapproche chaque jour davantage du béret du général à grande vitesse.
Depuis son arrestation pour le massacre présumé des bérets rouges accusés d’avoir voulu faire un contrecoup d’Etat, l’ex-petit capitaine ne finit pas de crouler sous les charges de la justice. La dernière en date : l’enquête du Bureau fédéral d’investigation américain (FBI) établissant de façon formelle des tortures sur les militaires dont certains ont été enterrés vivants.
En effet, d’un document de 14 pages, produit par l’équipe américaine, il ressort que les 21 corps découverts dans un charnier en décembre 2013 non loin de Bamako sont effectivement ceux d’éléments du régiment des commandos parachutistes maliens (bérets rouges) disparus après une tentative de putsch contre la junte dirigée par le maître d’alors du camp de Kati.
Alors, quand ce sont les fins limiers du FBI qui aboutissent à de telles conclusions, c’est presque parole d’Evangile surtout qu’ils ont une expertise éprouvée en matière de police scientifique.
Autant dire que la situation devient de plus en plus inconfortable pour celui qui était sorti du néant, pour ne pas dire des rangs, pour monter sur la colline de Koulouba en vue de réclamer de l’occupant du Palais des moyens conséquents pour arrêter la marche des Touaregs et des djihadistes. Ce qui devrait être une revendication corporatiste s’est transformée en pustch qui a mis fin au pouvoir d’Amadou Toumani Touré.
En peu de temps, le jeune officier a été gagné par les vertiges du trône ou par le syndrome d’hubris (1) dont souffrent tant de dirigeants surtout sous nos tropiques. Reclus dans la prison de Sélingué, le général Sanogo doit être en train de méditer sur son sort qui n’aurait jamais dû le conduire hors du camp de Kati.
En créant des problèmes institutionnels dont le Mali n’avait pas besoin, il a contribué à l’effondrement de l’Etat. Avec ces nouveaux développements, le juge Yaya Karambé dispose de suffisamment d’éléments pour boucler l’affaire afin qu’un procès, forcément attendu, soit ouvert.
Adama Ouédraogo Damiss — L’Observateur Paalga
(1) Ou maladie du pouvoir. Elle se manifeste, entre autres, par une perte du sens des réalités, une obsession de sa propre image, un abus du pouvoir.