C’est à l’appel du M5-RFP, que des milliers de maliens ont répondu, ce vendredi 21 août 2020 à la Place de l’indépendance, pour, disent-ils « célébrer la victoire du peuple sur le régime d’Ibrahim Boubacar Kéita », que les mutins de la ville garnison de Kati ont poussé à la démission, le soir du mardi 18 août.
Beaucoup estiment que les crises sont des occasions de rebondissement, de redressement pour un pays comme le Mali, où tout espoir de sortir du bout du tunnel de la mauvaise gouvernance et de l’insécurité était presque hors de portée.
En s’invitant pour la énième fois dans la gestion du pouvoir politique, l’armée délivre tout un peuple, qui l’a célébrée à la hauteur de l’exploit militaire inédit, qui s’est déroulé sans incident grave comme le pays en a connu par le passé.
Ruptures démocratiques
C’est vrai, un coup d’Etat, quel que soit l’adhésion qu’il recueille, n’est pas un bon exemple pour une démocratie fragile. Et on pensait à tort ou à raison avoir tourné le chapitre des ruptures démocratiques. Mais les déficits de gouvernance, l’injustice criarde, la corruption rappellent combien ces certitudes étaient fragiles. Les mots pleins d’orgueil sont demeurés des fétiches sans magie.
Et Kati, cette pépinière de meneurs de coup d’Etat a de nouveau fait parler d’elle. Même cette-fois-ci l’écho est allé au-delà des frontières maliennes. Dans les pays limitrophes, la crainte d’un effet de contagion est prise très au sérieux notamment en Guinée Conakry ou en Côte d’Ivoire, où se prépare un cocktail électoral explosif.
Néanmoins au Mali, la situation se vit comme un ouf de soulagement avant l’amorce d’une transition civile (ou militaire ?) annoncée par les putschistes. Ce qui n’empêche, toutefois, pas de mettre les nouvelles autorités en garde : « le peuple malien vous observe », lance avec défi l’imam Mahmoud Dicko, l’instigateur de la contestation qui a ébranlé le pouvoir d’IBK.
Un tournant
Quoi que les premiers pas des militaires soient jusque-là rassurants, la vigilance doit être de mise. Ce moment est un tournant dans l’existence du Mali, c’est une grosse opportunité pour redorer le blason du pays et l’aligner dans le concert des nations respectées.
La situation actuelle est inespérée d’où l’importance de tirer pleinement profit des avantages qu’elle porte pour sortir le pays de sa longue et ennuyeuse crise, avec son lot de victimes civiles et militaires qui endeuillent presque chaque jour le pays.
La junte n’a pas droit à l’erreur ou de reproduire le scenario de 2012 qui a précipité le Mali dans l’abîme. Le pays ne doit plus rester un fardeau et un cauchemar pour ses voisins de la sous-région.
Aly BOCOUM