Le reporter français a été capturé par un groupe lié à Al Qaida le 8 avril dernier dans la région de Gao. Plusieurs groupes d’information, dont Radio France, vont diffuser des messages de soutien ce mardi.
Olivier Dubois est, officiellement en tout cas, le seul français retenu en otage dans le monde. Notre confrère, âgé de 47 ans, travaille pour Libération, Le Point et Jeune Afrique. Il a été enlevé il y a 10 mois alors qu’il s’apprêtait à interviewer un chef jihadiste, dans la zone de Gao au Nord Mali.
Son enlèvement a été revendiqué un mois plus tard, dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, par le GSIM, ce groupe lié à Al Qaida. On y voyait Olivier Dubois confirmer son enlèvement. Et depuis plus rien : aucune nouvelle. Ni par les ravisseurs, ni par les pouvoirs publics. La zone, on le sait, est dangereuse. Les reporters de Radio France qui s’y rendent, comme Omar Ouahmane, le savent. Et Olivier Dubois le savait aussi. Mais aller sur le terrain, c’est la seule solution pour informer correctement. Et dans cette région dite des trois frontières entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger, le risque est toujours présent. On se souvient de la mort de nos deux confrères de Radio France Internationale Ghislaine Dupont et Claude Verlon en 2013, à Kidal, un peu plus au Nord. Les conditions de travail des journalistes maliens sont également très compliquées.
Une pétition pour dénoncer le silence
Mardi 8 février, à l’initiative de l’association Reporters sans Frontières, les grands médias audiovisuels français vont donc tous diffuser des messages de soutien : les chaînes de Radio France (franceinfo, France Inter, France Culture) et aussi France Télévisions, France 24, Radio France Internationale, TF1, M6, Arte. Et puis il y a aussi la mobilisation de la société civile. Avec des banderoles de soutien désormais dans 16 mairies de grandes villes, comme Marseille, Paris, Lyon, Lille ou Bordeaux.
Mobilisation toute particulière également à Avignon où notre confrère a fait ses études secondaires. Le mois dernier, 200 personnes s’étaient déjà réunies devant le lycée Mistral où Olivier Dubois a obtenu son bac. De son côté, la famille du journaliste a lancé le mois dernier une pétition qui approche des 50 000 signatures. Pour réclamer évidemment sa libération et aussi pour demander plus de transparence et de mobilisation de la part des autorités françaises et maliennes. La famille d’Olivier Dubois a dénoncé “un silence insupportable” du gouvernement français. Emmanuel Macron a répondu quelques jours plus tard en se déclarant “pleinement mobilisé” sur le sujet.
Inquiétude accrue par la tension entre Paris et Bamako
Le souci, c’est que le contexte politique de forte tension entre Paris et Bamako n’aide pas. Les relations sont à couteaux tirés depuis le coup d’État au Mali et la décision de la junte militaire d’expulser l’ambassadeur de France. L’avenir de l’opération Barkhane est même posé, un arbitrage devrait être rendu d’ici une dizaine de jours. Un redéploiement vers le Niger voisin est envisagé. Il est donc évident que l’ambiance n’est pas à la coopération entre les deux capitales pour faire avancer ce dossier.
En même temps, on le sait, dans les dossiers d’otage, les pouvoirs publics sont toujours très discrets. “La loi principale, c’est le silence”, rappelait le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian le mois dernier.
Source: francetvinfo