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Mali, les ingérences françaises

A Bamako, la cour constitutionnelle vient de valider la liste définitive des 24 candidats à l’élection présidentielle du 29 juillet prochain.

En fait d’alliances électorales, il n’en existe presque pas, à la seule exception de celle faite autour de la candidature de Cheick Modibo Diarra qui a vu les candidats Moussa Mara et Konimba Sidibé renoncer à son profit. La seconde coalition, celle des bâtisseurs, a vu ses différentes composantes faire cavalier seul. Pour les autres, la logique individualiste a prévalu. C’est dire donc que le vote risque fortement d’être éparpillé. Cela donnerait-il plus de chance aux candidats pressentis plus lourds que les autres ? Cela ne risque-t-il pas de leur être au contraire fatal et faire le bonheur du candidat du pouvoir ? Ce qui sûr, c’est que la multiplicité des candidatures et l’éparpillement du vote amoindrissent les chances de l’opposition.

Modibo Diarra crée la surprise

Dans le lot des surprises, il faudrait observer le score de la coalition bâtie autour de la candidature de Cheick Modibo Diarra. En cas de second tour, elle risque d’avoir la clé de la victoire si elle n’y est pas elle-même. Les chances du pouvoir de remporter en définitive restent importantes, malgré tout le tintamarre dans la presse locale et étrangère et sur les réseaux sociaux.

En fait, c’est dans les villes surtout que l’opposition est visible même si on sent un faible engouement des couches populaires talonnées par les problèmes de survie quotidienne. L’émiettement des candidatures risque aussi d’avoir un impact négatif quant à la capacité des challengers du pouvoir de tisser un réseau dense de couvertures des nombreux bureaux de vote sur tout le territoire national. Or, c’est à l’intérieur du pays que se décidera le sort des élections. Il ne faut pas non plus sous-estimer la capacité du pouvoir à racheter les votes les plus importants au second tour. En la matière, il a une bonne longueur d’avance.

Les jeux déjà faits ?

Dans certains médias français, transparait une sympathie en faveur de l’opposition. Les campagnes sournoises tendant à discréditer le pouvoir à tout bout de champ, y sont de monnaie courante. La température est montée d’un cran avec la déclaration du président de la commission défense du parlement français, Mr Jean-Jacques Bridey, membre du parti présidentiel, la République en Marche. Il a dénoncé en des termes vifs, dans une interview à RFI, l’absence d’une «véritable volonté de tenir l’élection présidentielle de la part du pouvoir malien». Ce qui lui a valu une réplique toute aussi cinglante de certains journaux de la place et une mise au point au niveau ministériel et parlementaire malien.

Ces propos peu diplomatiques tenus à un échelon aussi élevé des institutions françaises est-il le signe d’une prise de position du pouvoir français ou s’agit-il d’un simple dérapage à un niveau individuel ? Il est permis d’en douter quand des rumeurs courent par ailleurs, sur les visites inopinées de l’ambassadrice de France au Mali dans certains Etats-Majors politiques appelant à voter pour le chef de file de l’opposition, lors du second tour.

Il ne faut pas, non plus, oublier les nombreux leviers de pression dont dispose la France au niveau du dispositif électoral malien. La confection du fichier électoral, des cartes d’électeurs, le traitement informatique des résultats électoraux sont assurés par une société française. La France a aussi à sa disposition de formidables moyens de pression économiques, financiers, politiques et militaires sur l’Etat malien dont elle assure la survie. Il est clair, aux yeux de nombreux maliens, que le sort des élections maliennes dépend largement des préférences et intérêts français, tout comme dans l’espace francophone africain.

Pourtant on se fait fort de dénoncer les prétendus ingérences russes dans les élections françaises et ailleurs. On ne se gêne guère quand il s’agit d’Etats africains et surtout aussi fragiles et dépendants que celui du Mali.

Les électeurs maliens déjoueront-ils, à terme, les calculs français ? Rien n’est moins sûr. Dans un mois, on sera fixé !

MondAfrique

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