Dans un numéro de l’émission « Mali kura Taasira », diffusé dimanche soir sur la télévision nationale malienne, le Premier ministre Choguel Maïga s’est exprimé sur l’an 1 du gouvernement de transition. Nous revenons sur certains points abordés.
« Nous avons décidé de publier ce décret [de prolongation de la transition à 24 mois] pour mettre en confiance le peuple malien, les Chefs d’État de la Cédéao et la communauté internationale… », a répondu à un journaliste le Premier ministre Choguel Maïga. C’était lors de l’émission Mali-Kura Taasira, une tribune d’expression des membres du gouvernement de la transition sur les actions qu’ils ont menées dans leur ministère respectif.
Son passage dans cette émission a été diffusée, dimanche 12 juin, sur les antennes de la télévision nationale. Le chef du gouvernement s’est exprimé sur les actions gouvernementales, suivant cinq thématiques : les réformes politiques et institutionnelles, la relation du Mali avec la communauté Internationale, la Défense et la Sécurité ; la gouvernance, l’économie et les questions sociales.
Révision constitutionnelle
Pour le premier ministre, « le besoin d’une nouvelle constitutionnelle est l’aspiration populaire du peuple malien… ». Il se justifie en retraçant l’historique des tentatives de modification de la constitution du 25 février 1992 : « En 2001, le président de l’époque [Alpha Oumar Konaré] a voulu réviser la Constitution, mais il n’a pas pu aux derniers moments. Le président élu en 2002 [Amadou Toumani Touré] avait voulu changer la même Constitution dix ans après [en 2012], mais cela n’a pas pu avoir lieu. En 2017, tout le monde sait ce qui s’est passé : […] le président de la République d’alors [Ibrahim Boubacar Kéïta] a officiellement retiré sa demande de réviser la constitution… »
« Nous allons mettre en place une constitution qui prend en charge les aspirations du peuple. Nous avons une constitution qui n’a pas pu empêché trois coups d’Etat […] et cette révision de la constitution est une recommandation des ANR [Assises nationales de la refondation]. Nous ne pouvons pas parler de la refondation sans passer par l’adoption d’une nouvelle constitution », a-t-il poursuivi.
Organe unique des élections
Dans ce même volet des réformes politiques et institutionnelles, le locataire de la primature est revenu sur la mise en place de l’organe unique et indépendant de gestion des élections.
« Je pense que nous avons trois ou quatre institutions qui s’occupent des élections au Mali. Il a été décidé de les regrouper en un seul organe, qui va conduire le processus électoral [et] proclamer les résultats des élections. La Cour Constitutionnelle se chargera de valider ces résultats et de s’occuper de contentieux électoral… », a-t-il expliqué.
Pour lui, la mise en place d’un organe unique et indépendant de gestion des élections « est une demande forte des Maliens ». Le texte instituant cet organe unique, à en croire le Premier ministre Maïga, est au niveau du Conseil National de Transition [CNT], « qui continue d’écouter l’ensemble des forces vives du pays afin de trouver l’unanimité autour de cet organe ».
Relations diplomatiques
« La Diplomatie, La Défense, par définition et la Justice, ce sont les secteurs qui incarnent la permanence de l’Etat. Les ruptures dans ces domaines doivent se faire de façon ordonnée, réfléchie et avec beaucoup de discernement… », a souligné Choguel qui fait croire qu’il n’y a aucune difficulté entre le Mali et ses partenaires de la communauté internationale. S’agissant du cas de la France, il a encore pointé du doigt ce qu’il appelle « abandon en plein vol ».
Toujours concernant la France, il a tenu à faire un tour horizon de la relation franco-malienne. Il a également parlé de l’apport de la diaspora malienne résidant en France sur l’économie nationale. « L’apport de cette diaspora à l’économie nationale est vitale. Ce qui est même plus élevé que l’aide budgétaire qu’on nous donne », a-t-il déclaré.
S’agissant du renouvellement du mandat de la Minusma [la mission onusienne au Mali], il a indiqué qu’ « aucune rupture avec [celle-ci] n’est à l’ordre du jour [pour le moment]… ». A ce sujet, il dit laisser la primauté au chef de la diplomatie malienne qui lira une déclaration lors de la réunion du Conseil de Sécurité de l’ONU sur le renouvellement du mandat de la Minusma.
Quant à la Cédéao, il affirme être optimiste pour la suite : « Entre le Mali et la Cédéao les relations sont bonnes. Le Président de la transition [Assimi Goïta] est au travail avec ses homologues afin de trouver une solution. Je suis optimiste pour le sommet du 03 juillet [prochain] à Accra », a-t-il voulu rassuré.
Armée malienne
A la question comment le gouvernement parvient à financer l’équipement de l’armée, le Premier ministre a répondu en ces mots : « Nous les achetons avec nos richesses propres. Et c’est notre gouvernement qui décide… »
Selon ses propos, l’armée malienne est aujourd’hui bien équipée et fait peur à l’ennemi. Ce qui concrétise « la montée en puissance ». Mais il n’a pas voulu donner le montant injecté dans les équipements militaires et les opérations de l’armée malienne.
Mohamed Camara
Source: Sahel Tribune