Bamako, 09 Déc (AMAP) Le conflit, l’insécurité, la pandémie de Covid-19 et la détérioration des conditions socio-économiques entraînent une augmentation de la traite des enfants, du travail forcé et du recrutement forcé par des groupes armés au Mali, a mis en garde, mardi dernier, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).
« Les enfants sont forcés à combattre par des groupes armés. Ils sont victimes de la traite des êtres humains, de viols, de vente, ils sont forcés à la servitude sexuelle ou domestique ou au mariage précoce », a déclaré Gillian Triggs, Haut-Commissaire assistante du HCR chargée de la protection internationale.
Encore davantage d’enfants sont « en danger au Sahel, une région en passe de devenir la crise humanitaire qui connaît la croissance la plus rapide au monde », a-t-elle ajouté.
Au cours du premier semestre de cette année, 230 cas de recrutement d’enfants ont été recensés. Il s’agit de quinze cas de plus par rapport à toute l’année 2019 (215 cas), selon un rapport récemment publié par le Groupe mondial de la protection (GPC), un réseau dirigé par le HCR qui regroupe des agences onusiennes et des ONG de protection de personnes affectées par les crises humanitaires.
Selon l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, des groupes armés se livrent, également, au trafic d’enfants destinés au travail dans les mines d’or, utilisant les profits pour enrichir les combattants des groupes armés. Ce trafic permet d’alimenter le commerce des armes et financer la violence. « Des [taxes] exorbitantes sont également imposées aux adultes qui travaillent dans ces mines d’or », relève le rapport.
Par ailleurs, dans la Région de Mopti (dans le Centre du Mali), des femmes et des jeunes filles sont « enlevées, agressées sexuellement et violées ». Plus de 1.000 cas y ont déjà été enregistrés, depuis le début de cette année.
Le HCR craint, également, que les mariages d’enfants n’augmentent de façon exponentielle au Mali où, selon les estimations, plus de la moitié des filles sont mariées avant l’âge de 18 ans.
De plus, de nombreux enfants sont également poussés vers les mines d’or informelles, notamment à Gao et Kidal où de nombreuses zones sont contrôlées par des groupes armés. Selon le HCR, quelque 6.000 enfants, en grande majorité des garçons, travaillent dans huit sites miniers du pays.
Les écoles restent fermées en raison du conflit, de l’insécurité, de la pandémie de Covid-19 ou des grèves d’enseignants, laissant ces enfants à la merci des groupes armés. Ils sont exposés dans ces mines « aux pires formes de travail des enfants, à l’exploitation économique, à la violence sexuelle, physique et psychologique ».
SS/MD (AMAP)