Gamou et Moussa Ag AcharatoumaneNous sommes dans un contexte sécuritaire extrêmement tendu où affrontements communautaires et attaques terroristes djihadistes se succèdent. Pendant que certains se contentent de s’indigner de la crise en tombant sur le premier bouc émissaire venu, d’autres, par des actions sur le terrain, s’engagent aux côtés des communautés victimes afin de remédier aux problèmes ethniques qui nous meurtrissent tous.
Ce sont les démarches entreprises dans le Gourma par le GATIA du général Gamou et dans le Liptako du MSA-D de Moussa Ag Acharatoumane. Tous deux tentent de réconcilier les différentes communautés, seule manière de contenir les violences et d’éviter l’aggravation de conflits intercommunautaires. Combien de temps faudra-t-il encore attendre pour qu’ils soient soutenus, encouragés et suivis?
Il est vrai qu’un tel engagement ne plait pas à tout le monde. La semaine dernière dans le Liptako, l’assassinat à Ménaka du leader du MSA-D de Telataï, Mohammed ag Kassoum, avait pour but d’intimider Moussa ag Acharatoumane dans sa lutte contre le terrorisme et contre l’amalgame « peul = terroriste ». Ce meurtre illustre les pressions qui s’exercent sur les chefs locaux en général, qu’ils soient peul, daoussak ou imghad. Depuis qu’il s’oppose aux terroristes djihadistes dans le Nord, le MSA-D est directement attaqué par Ansar Dine et paie un lourd tribut sans que personne n’en parle et sans aucun soutien.
Le leader daoussak n’a plus beaucoup de choix : soit il cesse sa lutte pour sauver sa communauté d’un massacre, soit il choisit la riposte, avec le risque de voir encore beaucoup de morts. Dans les deux cas, c’est une défaite humaine. C’est pourquoi, en choisissant de rencontrer ses frères peuls, Moussa ag Acharatoumane souhaite convaincre par la raison et par le cœur sa communauté afin de lutter ensemble contre les querelles séculaires qu’Ansar Dine met à profit pour alimenter les rangs de ses combattants.
Dans le Gourma, un autre leader très populaire, se bat pour le rétablissement de la paix. Multipliant ses déplacements (dernièrement : à Adiora, à Gossi…), le général Gamou dialogue avec les représentants imghads sur la problématique de la présence djihadiste dans la région. Comme Moussa ag Acharatoumane, il cherche à fédérer sa communauté contre les terroristes du Gourma (l’EIGS).
Pour y arriver il se bat contre les idées reçues comme celle que les peuls sont tous des djihadistes. Sa tournée dans la province consiste à sensibiliser les populations à la sécurité et à la cohésion pour apaiser les querelles intercommunautaires en permettant une meilleure intégration de la communauté Peule. Pourquoi ne pas créer une commission d’entente qui pourrait envoyer une délégation d’autorités morales rencontrer la communauté peule localement afin de résoudre un conflits inter-ethnique ?
Tout reste à faire. Toutes nos initiatives seront bonnes. Ces échanges intercommunautaires entre imghads et daoussaks d’un côté et peuls de l’autre méritent d’être encouragés, promus et médiatisés. Gamou et Moussa ag Acharatoumane ne règleront pas nos soucis sans nous. Si nous le voulons, nous pouvons tous ouvrir les yeux et suivre leur exemple en parlant autour de nous, comme eux l’on fait, sur les réseaux sociaux aussi. Lutter contre les fausses idées, qui font le jeu de la propagande des groupes terroristes comme le JNIM, est l’affaire de chacun de nous.
Khalilou Coulibaly